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Март
2016

La lutte contre Daech: une mission pour les Musulmans

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D'emblée certains diront que lutter contre Daech n'est pas uniquement l'affaire des Musulmans, mais celle du monde, car il s'agit là d'un combat mortel qui oppose la liberté à la soumission. En effet c'est un combat universel pour défendre les droits fondamentaux, mais quand l'endoctrinement l'emporte sur la connaissance, quand la barbarie l'emporte sur l'humanisme le discours bienpensant ne fait plus recette. Avant que cette responsabilité soit universelle, elle est d'abord celle des Musulmans, de certains pays Musulmans en particulier, qui ont enfanté, nourrit ce monstre nommé Daech.

Dans cet article j'essaie de comprendre pourquoi le monde Arabo-Musulman reste immobile face à la barbarie de Daech, une barbarie commise pourtant au nom de sa religion. Pourquoi les rue du Caire, de Jeddah, ou de Rabat n'ont pas vu défiler des musulmans condamnant les atrocités de Daech comme cela fut le cas à maintes reprises pour condamner les crimes de l'armée israélienne commis contre les Palestiniens? Les symboles religieux et politiques auraient-ils remplacé les principes humains et humanitaires dans les pays Arabo-Musulmans? L'être social est-il définitivement remplacé par l'être religieux dans ces pays?

Je rappelle que les premières victimes du terrorisme en général et de Daech en particulier sont les Musulmans: d'après les chiffres de la Global Terrorism Data Base entre 2000 et 2013 60% des attentats ont eu lieu dans des pays dont la population est à majorité musulmane.


Source http://3millions7.cfjlab.fr


 La civilisation Arabo-Musulmane qui a bâti l'Andalousie, qui a donné au monde: Avicenne, Averroès, Ibn Khaldoun, qui a partagé l'algèbre, et les Mille et Une Nuits serait-elle en train d'abdiquer devant d'anciens délinquants convertis en djihadistes? Le monde Arabo-Musulman est est-il devenu assez impuissant au point de renoncer à ce qu'il a de plus précieux: les principes humains, son Histoire et sa religion. L'historien et philosophe Egyptien Mohammed Houcine Haykel expliquait dans ses nombreux ouvrages les causes de cet immobilisme par des causes historiques, colonialistes et géopolitiques, mais expliquer n'est pas excuser: le silence, la peur, l'indifférence règnent actuellement dans plusieurs de ces pays et privent des millions de musulmans de la possibilité d'écrire leur Histoire et cette situation conforte les terroristes dans leur idéologie qui consiste à dominer par la peur et la force.

Les solutions demandent des sacrifices, certes mais elles peuvent voir le jour par la voie de deux réformes structurelles:

1-Sur le plan Théologique


La connaissance doit obligatoirement l'emporter sur la croyance
Tout d'abord, dire que l'Islam est une religion de paix est bien court; c'est une religion monothéiste qui prône la paix, comme philosophie de vie, et l'exemple le plus usuel est le salut d'un musulman, envers un musulman, ou un non musulman "Salam Alikoum" traduction de " que la paix soit sur toi!"

Une explication aussi simple peut être considérée comme un blasphème dans certains pays Wahabites , par le fait qu'on ne peut pas y débattre de ce qui est sacré, la lecture linéaire du texte sacré a efface toute lecture complexe et contradictoire, celle-ci a résisté jusqu'au 14e siècle à travers l'école Mutazilite, qui a développé sa philosophie sur la logique et le rationalisme, ce courant a fait vivre la langue arabe, mais malgré tous ses efforts il a disparu face à un courant radicale: le Hanbalisme, qui prônait une lecture littérale et rigoriste du Coran. Les circonstances historiques, et l'affaiblissement du Califa Abbaside vont conforter les Hanbalites. En conséquence les Mutazilites sont pourchassés, leurs précieuses productions littéraires, scientifiques et théologiques sont brulées. Faut-il rappeler que c'est le Habalisme, qui va donner naissance à la doctrine Whahabite et Salafiste qui sèment le chaos dans le monde Arabo-Musulman.

Aujourd'hui cette doctrine demeure majoritaire. En 2015, Kamel Daoud journaliste Algérien, auteur de "Merceau contre-enquête", a fait l'objet d'une fatwa lancée par un salafiste algérien, qui appelait à son exécution pour "apostasie et hérésie" après ses propos sur son rapport à l'islam. "Je persiste à le croire: si on ne tranche pas dans le monde dit arabe la question de Dieu, on ne va pas réhabiliter l'homme, on ne va pas avancer" réplique Kamel Daoud, qui fait l'objet d'attaques permanentes par certains médias privés algériens proches des milieux salafistes. Aux dernières nouvelles, il dit vouloir arrêter le journalisme, et ce après des années de combats à travers des tribunes courageuses et osées dans le Quotidien d'Oran (deuxième plus grand journal francophone algérien)

C'est dire que la religion musulmane est prisonnière des mouvances extrémistes, religieuses, et armés. Dans ce décor chaotique des musulmans se placent en spectateurs, d'autres sont en état de confrontation, d'autres encore se consolent avec les histoires d'un passé glorieux, et se projettent dans un avenir incertain, mais qu'advient-il du présent?

L'hypocrisie Saoudienne

L'Etat pompier pyromane de la péninsule Arabique, veut faire croire qu'il lutte contre le terrorisme, hors la lutte contre Daech et toutes les mouvances radicales passe inéluctablement par une lutte contre la doctrine Wahabite qui propage une idéologie violente sectaire et belliqueuse depuis des décennies dans le but d'imposer une vision manichéenne et singulière du monde.

Pour avoir vécu le basculement d'un pays vers l'Islamisme radical dans les années 1990 (l'Algérie) je peux affirmer que le danger de la doctrine Wahhabite est sous-évalué: pour preuve en espace de quelques années l'Algérie avait basculé dans une violence d'une rare cruauté, au nom d'une vérité unique, et irréfutable.

Aujourd'hui en France, et dans d'autres pays, il ne convient pas de pointer du doigt les amis Saoudiens et Qataris alors que les preuves existent. Il est possible de mettre en évidence plusieurs points communs entre l'Arabie Saoudite et Daech:

La barbarie exercée "légalement" en Arabie Saoudite n'est pas très loin de celle exercée par Daech: l'Etat Wahabite coupe des mains et Daech aussi, l'état Wahabite pratique la lapidation contre les femmes accusées d'adultères, Daech aussi, l'état Wahabite voile les femmes et leur retire leurs droits, Daech aussi, l'État Wahabite applique la peine de mort et Daech aussi, à une exception près: en Arabie saoudite les condamnés à mort ont droit à un procès.

On pourrait dire que cette comparaison est trop osée, mais la violence ne véhicule que la violence, sinon comment expliquer que sur Twitter l'Arabie Saoudite arrive en tête des pays dans lesquels le soutien à Daech est le plus fort? C'est ce qu'on peut constater dans cette infographie de Mars 2015, réalisée par le blog d'high-tech übergizmo a rappelé qu'une étude du Brooking Institute a analysé plus de 20.000 comptes Twitters supportant Daech, en mars 2015. Les utilisateurs du réseau social ont été répartis selon les pays, dans une infographie publiée par le site Statista et le quotidien The Independent.


Une infographie datant de mars 2015 montre dans quel pays le soutien au groupe État Islamique est le plus fort sur Twitter. Source: http://indy100.independent.co.uk/article/where-isis-supporters-tweet-from-mapped--lJVRG3x4dg


Avant de lancer une coalition internationale contre le terrorisme, l'Arabie Saoudite ferait mieux de s'occuper de sa jeunesse et d'épargner au monde Arabo-Musulmans son idiologie mortifère et moyenâgeuse.

2-Sur le plan historique et culturel: Rétablir la vérité


Les bases de l'islamisme actuel ont été posées entre les deux guerres, d'une part en Egypte par le fondateur des frères musulmans, Hassan El Banna, et d'autre part dans le sous-continent Indien par le Pakistanais Abul Ala Maududi. Ce mouvement est né à la fin des années 20 en réaction à l'abolition du Califat par Attaturk en 1924, c'est à dire à la fin de la vision d'un Etat commun à tous les Musulmans, et au début des Etats nationaux.

L'originalité d'Hassan el Banna (Grand père de Tariq Ramadan) est d'avoir proclamé sans aucune ambiguïté la fusion entre le religieux et le politique. Il s'agissait d'un débat très ancien en Islam mais jusque-là réservé aux philosophes et aux docteurs de la loi.

Et pourtant le Caire en ce premier quart du 20e siècle est le théâtre d'une prodigieuse effervescence intellectuelle. La pénétration des idées européennes comme la prise de conscience de la supériorité technologique de l'Occident face à un monde musulman figé et colonisé provoquent des réactions ambiguës chez les penseurs égyptiens. L'idée d'une renaissance de la grandeur perdue de l'Islam se fait jour. Le mouvement se scinde alors en deux courants: d'un côté les partisans d'une modernisation radicale, sur le modèle occidental, seule façon de restituer une dynamique à des sociétés bloquées et de l'autre, les tenants d'une réorganisation islamiste, avec le retour à certaines traditions du 7e siècle. Depuis, l'Histoire n'a fait que reproduire à grande échelle ce laboratoire des passions religieuses et laïques que fut le Caire des années 1920.

A la lumière de ces évènements historiques une première leçon peut être tirée: les idées extrêmes ne réussissent pas à faire une révolution, la lutte contre Daech passe donc par opposer d'abord la raison à l'irraisonnables, car agir sous le coup de l'émotion ne fera qu'empirer la situation.

Pour asseoir la popularité de son mouvement Al-Banna va disposer de deux puissants facteurs; L'un est intérieur: c'est la colonisation britannique qui générait un vif sentiment de frustration et alimentait une colère devant "l'abaissement de l'Islam"; L'autre est extérieur: c'est l'immigration juive en Palestine. Un commando des frères musulmans participe même en 1936 à la grande révolte arabe en Palestine. Daech reprend la même stratégie basée sur des faits réels et historiques: l'élément intérieur est la présence des bases américaines dans les pays du golfe depuis les années 1990 (la première guerre d'Irak), l'élément extérieur comprend les interventions menées pas certains pays occidentaux dans des pays musulmans, des guerres qui font des millions de morts. Daech se présente alors comme le sauveur et le protecteur des régimes arabes corrompus et contre l'Occident agresseur et colonisateur.

Poursuivre des guerres contre Daech ne sert qu'à alimenter la propagande des terroristes, car l'Histoire a démontré que les bombardements sans une stratégie post guerre sur le terrain sont inefficaces.

La plupart des musulmans qui vivent dans les pays Wahabites ont été privés d'une vision plurielle du monde: ils ont subi pendant des années la propagande de leurs dirigeants, mais Internet leur a fait découvrir un monde aux facettes multiples. Et dans ce monde virtuel Daech avait déjà une place confortable pour crier à la théorie du complot, et promettre le paradis à celles et à ceux qui acceptent de rejoindre ses djihadistes.

Cependant, la meilleure arme contre Daech serait la réaction des musulmans, eux qui demeurent les premières victimes de sa barbarie. Seuls les musulmans pourront détruire ce monstre de l'intérieur, seuls les musulmans pourront sauver le monde libre d'une tragédie qui risque de dévaster plusieurs générations. Ce n'est qu'en éliminant Daech que les Musulmans pourront retrouver la paix.

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