« Faut-il attendre un mort ? » : le syndicat des coureurs réclame un bilan sur la sécurité
« Faut-il attendre qu’il y ait un énième mort ? » Pascal Chanteur, président du syndicat français des coureurs, a réclamé vendredi auprès de l’AFP des « Etats généraux sur la sécurité » au lendemain d’une nouvelle chute violente sur le Tour du Pays Basque.
« On ne peut pas continuer comme ça », a insisté l’ancien coureur professionnel qui dénonce notamment l’utilisation des freins à disque et « le lobby » des fabricants de cycles. « Faut-il attendre qu’il y ait un énième mort ? Qu’un coureur ait les deux jambes tranchées et perde la vie sur une course pour que les gens prennent conscience ? Si c’est ça l’idée, On n’en est pas très loin », s’est-il ému. Jeudi, une dizaine de coureurs ont fini à l’hôpital après une chute terrifiante sur le Tour du Pays basque, dont Jonas Vingegaard, double vainqueur du Tour de France, et Remco Evenepoel, tous deux victimes de fractures.
« Je demande et je vais le faire officiellement des Etats généraux sur la sécurité pour faire des propositions claires », a déclaré Pascal Chanteur. « Je vais y associer les équipes qui sont les employeurs et qui ont la responsabilité de leur salariés. Visma a perdu Vingegaard pour quelques semaines. Imaginons que ça se passe quinze jours avant le Tour de France. C’est un drame pour eux. Et ça aurait pu être encore plus grave encore. » Pour le représentant des coureurs, « le frein à disque n’est pas un matériel adéquat pour la course sur route » car il permet un « freinage d’urgence, brutal, instinctif » qui fait « partir à la faute immédiatement ». « Pareil pour les braquets utilisés. Aujourd’hui, on met du 56×10. Ils roulent à 80 km/h dans les faux-plat descendants. Quand ça tombe, vous n’avez aucun moyen de vous en sortir. »
Devant un « matériel de plus en plus avant-gardiste », il « pointe du doigt » les fabricants de cycles. « Quand on a mis en place les freins à disque, on leur a demandé d’arrondir les arêtes tranchantes du disque car ils sont aussi très coupants. Ca a été une guerre. On nous a opposé que ça coûtait un dollar du disque et qu’ils en vendaient dix millions. Mais ce n’est pas mon problème. Mon problème c’est qu’une jambe, qu’un doigt, qu’une main ne soit pas tranchée. C’est à nous de savoir si on veut rester immobile et à la merci des industriels, a-t-il encore dit. Et c’est à eux de savoir s’ils veulent continuer à avoir des accidents sur la conscience, voire des morts, ou s’ils veulent se mettre au boulot. Plutôt que de nous opposer des pseudo-études pour démontrer qu’on est dans le faux, alors qu’on sait pertinemment qu’on est dans le vrai. »