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Февраль
2024

Lucie Hautière, pépite du para tennis de table : « Saint-Quentin-en-Yvelines me permet de rencontrer un réseau que je n’aurais jamais eu »

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Née en 2000, Lucie Hautière représente l’avenir du para-tennis de table français. Soutenue par Saint-Quentin-en-Yvelines, l’athlète tricolore, hémiplégique depuis sa naissance (le côté droit de son corps est paralysé, NDLR), compte bien grimper les échelons et pourquoi pas décrocher l’or olympique, l’été prochain à Paris. Entretien. PROPOS RECUEILLIS PAR VANESSA MAUREL. Extrait du Women Sports N°31.

WOMEN SPORTS : LE SPORT A-T-IL TOUJOURS FAIT PARTIE DE VOTRE VIE ?

LUCIE HAUTIÈRE : Toujours. J’ai fait beaucoup d’activités, sportives ou non, dès ma plus tendre enfance. J’ai donc fait du tennis de table, mais avant ça, j’ai essayé la natation, l’équitation, mais aussi le ski ou encore, dans un autre registre, le chant et le dessin. Je suis passée par plein d’activités pour voir ce que j’aimais mais aussi pour me booster, être avec des personnes de mon âge, etc.

Pour parler davantage du tennis de table, j’ai commencé avec ma soeur. Elle en faisait déjà avant moi, et j’ai attaqué car je voulais faire comme elle, mais aus- si la battre (rires) ! Après, j’ai rapidement voulu m’inscrire dans un club valide et c’était assez compliqué parce que les personnes ne savaient pas forcément comment s’y prendre avec moi. Ma mère a donc contacté la fédération handisport, une fédération multisports dont le para-tennis de table. Ils nous ont conviés au Championnat de France, et c’est là- bas que j’ai pu rencontrer des personnes dans le monde du handisport.

Même si aujourd’hui je ne m’entraîne qu’avec des valides et que je trouve ça très bien à un certain niveau de s’entraîner avec eux, au début, je pense qu’il est important d’être dans un club handisport, pour être mieux accompagné. Par exemple, en raison de mon handicap, je ne sers que d’une main, et ce n’est pas un détail anodin. Quelqu’un de valide ne va pas forcément avoir de technique pour servir d’une main, alors qu’en club spécialisé, si.

QUAND AVEZ-VOUS COMMENCÉ À PENSER AU HAUT NIVEAU ?

En 2017. J’avais 17 ans, et le DTN de l’époque avait parlé de Paris 2024, et c’est à cette époque qu’ils ont commencé à voir les jeunes qui pourraient potentiellement y participer. Depuis, beau- coup de choses se sont mises en place. J’ai été sportive de haut niveau en 2018. À partir de fin 2021, après le Covid, je me suis investie plus encore dans cet objectif.

Aujourd’hui, je vise donc Paris 2024, qui fait partie de l’un de mes grands objectifs. Je m’entraîne pour, tout en conciliant mes stages, mon alternance, et mon BTS.

POUVEZ-VOUS VIVRE DU TENNIS DE TABLE ?

On ne peut pas être professionnel en para tennis de table, mais on a des contrats avec des entreprises pour pouvoir subventionner nos activités. Mais on a quand-même un travail ou des études à côté. Parce qu’on n’est pas professionnel.

EN QUOI SAINT-QUENTIN-EN- YVELINES VOUS SOUTIENT ?

Tout d’abord, Saint-Quentin-en-Yvelines me soutient financièrement. Forcément, c’est un aspect très important. Sans les sponsors, je ne pourrais pas faire tout ce que je fais dans le tennis de table. J’ai de nombreuses compétitions à subvention- ner, parce qu’elles sont à la charge de l’athlète, mais aussi tous les entraînements, les voyages, les hôtels, les entraîneurs, la préparatrice mentale, la nutrition…

Par ailleurs, Saint-Quentin me permet de faire des missions, dans les écoles par exemple. Ça me permet d’aller parler du handicap, des sports de haut niveau, de mon parcours… C’est très important car, à travers de mon parcours, je peux leur montrer que, malgré la différence, on peut faire des choses extraordinaires. S’ils comprennent ça, je pense que les enfants seront davantage bienveillants entre eux ? Qu’importe la différence, ils essayeront d’aller au bout de ce qu’ils veulent faire.

Grâce à tout ça, Saint-Quentin me permet de rencontrer un réseau que je n’aurais jamais eu.


Rencontre avec Laurent Mazaury, vice-président de SQY en charge des JOP et des sports

Vous soutenez de nombreux et nombreuses athlètes, dont Lucie Hautière (para tennis de table), Cécile Saboureau (para triathlon) ou Pauline Déroulède (tennis fauteuil), de quelle manière ?

On les soutient de plusieurs manières, d’abord financièrement. Cela fait partie des critères que nous avons automatisés depuis un moment maintenant dans notre soutien au sport. C’est-à-dire que nous avons dans nos critères d’attribution des différentes subventions où nous accompagnons les champions, des critères automatiques qui font qu’en fonction des résultats qu’elles obtiennent, nous les accompagnons concrètement et financièrement. Par ailleurs, on les accompagne sur tout ce qui touche à leur visibilité. Ce qui est compliqué pour un champion et encore plus pour une championne, c’est bien souvent d’être dans un milieu qui est trop fermé. Et par conséquent, ça vous ferme les portes pour obtenir d’autres soutiens. Nous, nous les mettons sur le devant de la scène.

Concernant le handisport, il fait lui aussi entièrement partie des critères automatiques énoncés précédemment. Il faut le savoir : au-delà des athlètes, nous aidons également énormément les clubs locaux. Et dans les critères d’attribution des aides que nous apportons aux associations et aux clubs locaux, il y a un certain nombre de critères indéfectibles qui leur permettent de récupérer des moyens en matériel, en visibilité ou en argent.

Et parmi ces critères, il y a le sport féminin, et, évidemment, le parasport et le handicap. Parce que notre objectif est de ramener les publics vers les valeurs du sport qui pourraient en être éloignés. Notre job est de faire en sorte que tout le monde puisse, à travers le sport, être libre en société et appartenir à la nation française. C’est pour ça qu’on a cet engagement fort.