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Les InRocks
Сентябрь
2024

“Quand vient l’automne”, la nouvelle chronique familiale nimbée de mystère signée François Ozon

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Michelle (Hélène Vincent), fervente catholique, est une mamie gâteau. Elle vit, tranquille, dans une belle maison de la campagne bourguignonne, toute proche de celle de sa meilleure amie, sa “sœur” Marie-Claude (Josiane Balasko), dont le grand fils, Vincent (Pierre Lottin), est en prison.

Quand le film commence, Michelle attend avec impatience la venue de son petit-fils, Lucas – les deux s’adorent –, qui doit passer ses vacances d’automne avec elle. Elle entretient en revanche de mauvais rapports avec sa fille Valérie (Ludivine Sagnier), qui débarque comme une furie. Et quand, par “inadvertance” (acte manqué ? Michelle elle-même pose la question à son médecin), Valérie doit être hospitalisée en urgence après avoir dégusté les champignons que Michelle et Marie-Claude avaient ramassés le matin même, elle explose, persuadée que sa mère a voulu la tuer, et rentre à Paris avec Lucas. Michelle est dévastée, culpabilise, déprime. Mais tout ne va pas s’arrêter là. Les événements vont faire que Lucas, bientôt, va venir vivre chez sa grand-mère chérie et chérissante, Michelle, légèrement touchée par le syndrome Archibald de la Cruz cher à Luis Buñuel.

François Ozon instille chez nous un malaise : cette vieille dame adorable qu’est Michelle n’est pas si nette que ça, non à cause de son passé (même si aux yeux des “braves gens”, comme les appelait Brassens, mais aussi pour Valérie, il est honteux), mais parce qu’une certaine complicité s’instaure entre Vincent et elle, et qu’on se posera toujours la question d’un potentiel complot fomenté par le duo. Sans possibilité de répondre à cette question, comme finira par le reconnaître une gendarme obstinée (Sophie Guillemin, avec son regard qui semble voir à travers les êtres).

Grâce à un sens des ellipses savamment calculé, comme dans Sous le sable (2001), à des tabous non levés (qu’a commis Vincent pour aller en prison ?), à la maladie et la mort qui font disparaître les témoins d’événements potentiellement criminels, Michelle, au final, pourra se réconcilier avec sa fille d’une manière singulière, plantée au milieu des fougères comme un champignon. Ajoutons qu’une fois de plus, François Ozon fait preuve d’un talent dans la direction d’acteur·rices (tous et toutes bon·nes) qui force l’admiration. Hélène Vincent et Josiane Balasko, géniales, forment un duo de vieilles amies totalement déchirant.

 

Quand vient l’automne de François Ozon, avec Hélène Vincent, Josiane Balasko, Ludivine Sagnier (Fr., 2024, 1 h 42). En salle le 2 octobre.