“Alone” : que peut-on attendre du retour de The Cure ?
Déjà en 2019, pour la toute première venue de The Cure à Rock en Seine, des rumeurs bruissaient sur la parution d’un nouvel album. Les années ont filé, le neverending tour de la bande à Robert Smith aussi, mais toujours rien sur le front discographique. Seize ans après 4:13 Dream (2008), treizième album guère mémorable sinon terriblement anecdotique, The Cure comble enfin l’attente de ses thuriféraires fidèles et autres curistes invétéré·es dans un come-back savamment orchestré depuis des jours.
Un nouveau logo, des cartes postales noires écrites en braille, des mystérieuses affiches dans les rues, un nom de code, Songs of A Lost World, en forme de titre potentiel d’album, un site dédié, un groupe WhatsApp, une date du 1er novembre 2024 écrite en chiffres romains I-XI-MMXXIV… il n’en fallait pas plus, après autant d’années d’attente vaine digne d’une célèbre formule de Samuel Beckett, pour que la Toile s’affole.
6 minutes avec The Cure
Déjà, pendant sa tournée européenne en 2022, The Cure jouait plusieurs titres inédits (Alone, And Nothing Is Forever, A Fragile Thing, I Can Never Say Goodbye, Endsong), laissant supposer de la sortie d’un quatorzième album sine die. “This is the end of every song we sing”, chante opportunément Robert Smith en ouverture du single Alone, qui fait office de cadeau de Noël avant l’heure.
En six minutes et quelques, on y retrouve tout l’ADN du groupe mythique de Crawley : une atmosphère sombre, une longue introduction filandreuse, des entrelacs de guitare, de la réverbération partout, et cette voix reconnaissable entre mille de son leader échevelé, qui ne sort jamais sans son rouge à lèvres.
Un retour définitif ?
Impossible de ne pas songer immédiatement à la noirceur pénétrante de Disintegration (1989) et de Bloodflowers (2000), mâtinée d’un son massif et d’une production panoramique. Si Alone n’est pas un tube immédiat, c’est une chanson haletante, à la manière de Plainsong, le morceau qui ouvrait l’immense Disintegration.
Cette première missive de Songs of A Lost World ne fait qu’accentuer la fébrilité ambiante autour d’un quatorzième album trop longtemps attendu, qui paraîtra exactement dans cinq semaines, le jour de la… Toussaint. Son beau titre, à la fois fataliste et programmatique, fait figure de baseline pour continuer à broyer du noir en écoutant The Cure. D’aucun·es se demandent déjà si, après seize ans de vide discographique, d’autres disques suivront dans la foulée ? Sans parler de l’album solo de Robert Smith, une autre arlésienne toujours d’actualité.