FKA Twigs exhorte le Congrès américain à légiférer sur l’intelligence artificielle
Sous le dôme du Capitole, entre les murs du Congrès américain, c’est bien la vraie FKA Twigs qui a témoigné. Avec le soutien du label Atlantic Records et du patron de Warner Music, assis à ses côtés lors de l’audition, l’artiste a témoigné en préambule d’une sous-commission judiciaire organisée ce mardi sur le thème de la propriété intellectuelle.
La chanteuse et compositrice britannique a profité de sa prise de parole pour annoncer qu’elle planche depuis un an sur la création de son propre deepfake.
Twigs twin
L’artiste envisage de déléguer ses “interactions en ligne” à AI Twigs pour se consacrer pleinement à sa musique et, surtout, prendre le contrôle de cette nouvelle technologie qui manque selon elle d’un cadre législatif. Selon la chanteuse, cette copie en version deepfake a été entraînée pour reproduire le même ton de sa voix, de façon à pouvoir parler plusieurs langues, et formée pour correspondre à sa personnalité.
C’est au cours du processus de création de sa jumelle numérique que FKA Twigs a réalisé toute la puissance de l’intelligence artificielle. Et du besoin, en tant qu’artiste, de protéger son identité.
De vraies lois contre les deepfakes
Voilà plus d’un an que l’intelligence artificielle s’impose dans les débats autour de la propriété intellectuelle, notamment dans la musique. En 2023, la chanteuse et DJ Grimes confiait voir d’un bon œil cette déferlante de faux morceaux, utilisant le deepfake pour créer de toutes pièces des featurings improbables – The Weeknd et Drake, ou Kanye interprétant Careless Whisper. “Je pense que c’est cool d’être fusionné avec une machine et j’aime l’idée d’ouvrir toutes les sources d’art et de supprimer les droits d’auteur”, assurait-elle sur son compte X.
Autant dire que son point de vue sur la question est très loin de faire l’unanimité. Récemment, pas moins de 200 artistes ont signé une lettre ouverte pointant du doigt les dérives de l’intelligence artificielle, susceptible de dévaloriser leur musique et faillir à leur juste rémunération. Un élan commun qui fait écho à la prise de parole de Tahliah Debrett Barnett, mardi 30 avril devant le Congrès.
“Mon art est la toile sur laquelle je peins mon identité et le fondement de ma subsistance, a déclaré FKA Twigs. C’est l’essence même de mon être. Pourtant, il est menacé. L’IA ne peut pas reproduire la profondeur de mon parcours, mais ceux qui la contrôlent ont le pouvoir d’imiter la ressemblance de mon art, de le reproduire et de revendiquer faussement mon identité et ma propriété intellectuelle.”
L’artiste conjure le gouvernement américain de mettre en place de vraies lois autour de la propriété intellectuelle des artistes et ainsi d’apporter “un contrôle législatif approprié”.