Neuf mois avant l'attaque de Berlin, la police avait mis en garde les autorités contre son auteur
L'attentat de Berlin du 19 décembre dernier a-t-il pu survenir à cause de la négligence des autorités allemandes ? Dans une lettre confidentielle consultée par le Bild am Sonntag, dont le contenu a été révélé le 26 mars, la police criminelle (Landeskriminalamt, ou LKA) du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie a prévenu ainsi la division du ministère de l'Intérieur allemand à Dusseldorf : «Selon les données disponibles, il peut être envisagé qu'[Anis] Amri représente une menace terroriste, sous la forme d'une attaque [suicide]». Le message a été transmis en mars 2016, soit moins d'un an avant la tuerie berlinoise.
Dans des conversions cryptées interceptées par la LKA, Anis Amri avait employé le mot «Dougma», qui aurait signifié «attentat suicide». Par conséquent, la police criminelle avait recommandé au ministère de l'Intérieur l'expulsion du jeune Tunisien – ce qui n'a pas été fait.
La crédibilité des autorités fragilisée par ces révélations
Ces révélations vont à l'encontre des affirmations des autorités après l'attaque. «A ce moment [en hiver dernier], les autorités n'étaient pas conscientes qu'Anis Amri passerait à l'acte», avait ainsi assuré à la presse Dieter Schuermann, le chef de la LKA de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, début mars 2017. De plus, le ministère de l'Intérieur du Land avait fait savoir que l'expulsion du jeune Tunisien n'avait pas été légalement possible.
La crédibilité des autorités locales avait déjà été mise à mal, après l'attentat, lorsque les Allemands avaient appris qu'Anis Amri avait été interpellé par la police en possession de faux papiers d'identité, avant son passage à l'acte.
Le 19 décembre 2016, le jeune homme a tué 12 personnes et en a blessé 56 autres, en fonçant avec un camion dans la foule d'un marché de Noël de la capitale allemande – une attaque revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique (EI). Parvenant à s'enfuir, le ressortissant tunisien a traversé la frontière française puis italienne, avant d'être abattu à Milan.