Paralogisme : selon le chef du renseignement britannique MI6, Daesh profite des bombardements russes
«A l'heure où je parle, les structures de planification d'attentats hautement organisées de Daesh, malgré la pression militaire [qu'elles subissent] sont en train de travailler à projeter leurs capacités contre le Royaume-Uni et nos alliés, et ce sans avoir à quitter la Syrie», a analysé Alex Younger, chef du MI6. Prenant la parole publiquement pour la première fois depuis sa nomination en 2014, le directeur du renseignement a mis la Russie directement en cause. Selon lui, la Russie, fait obstacle à la défaite des «militants» en transformant la Syrie en «désert».
Le raisonnement peut paraître pour le moins tortueux. Par définition, en reculant, les combattants islamistes de Daesh, d'al-Nosra (alias Fatah al-Cham) libèrent immanquablement des territoires. Par définition, certains des mercenaires venus d'Europe pour combattre en Syrie dans les rangs de Daesh, chercheront soit à fuir les zones de combat perdues, soit à porter leur capacité de nuisance ailleurs.
Peut-être le Qatar et l'Arabie saoudite auraient-ils dû s'abstenir de les soutenir et les financer en premier lieu. Peut-être les Occidentaux n'auraient-ils pas dû livrer des armes à des «rebelles» soi-disant modérés, lesquels sont ensuite passés à l'Etat islamique. «La Russie et le régime syrien cherchent à créer un désert et appellent ça la paix», conclut le chef du renseignement britannique.
Précisément, depuis l'intervention de la Russie le 30 septembre 2015, la libération de Palmyre et celle, en cours, d'Alep, Daesh se retrouve confiné aux périphéries du territoire syrien, dans des zones de désert humain. La Syrie «utile», celle des agglomérations, du littoral et des ports, est sous contrôle du gouvernement de Damas, seul reconnu par le droit international.