Comment un duo improbable a forgé le nationalisme russe post-soviétique
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Il serait très désagréable à Sir Halford Mackinder, un flegmatique universitaire édouardien à lunettes, de voir l’usage qu’il a été fait dans la Russie postcommuniste du travail de toute sa vie.
Connu surtout pour un cours titré «Le Pivot géographique de l’histoire», donné à la Royal Geographical Society en 1904, Mackinder soutenait que la Russie et non l’Allemagne, était le principal rival de la Grande-Bretagne sur le plan stratégique. Il illustrait cet argument par une théorie haute en couleurs qui s’est faite connaître sous le nom de «géopolitique». Le moment de sa prédiction, précédant deux guerres mondiales contre l’Allemagne, n’a été guère favorable à sa théorie. Cependant, la vision de Mackinder a finalement semblé se montrer juste lors de la dernière année de sa vie, à la faveur du début de la guerre froide, l’incarnation de ce qu’il avait professé.
Il voyait le monde prendre la forme dont il avait eu la vision en 1904: la Grande Bretagne et les États-Unis, dont les marines dominaient les océans du globe, face à l’Union soviétique, la principale puissance continentale sur la planète, avec sa vaste steppe et ses hivers rigoureux qui avaient vaincu Napoléon et Hitler, tout à fait imprenable dans la forteresse terrestre que Mackinder appelait le «Heartland», le cœur de l’Eurasie.
Dominer le monde
Mackinder considérait que malgré des siècles de progrès technologique et de développement ... Lire la suite