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Август
2016

Les héros Marvel revisités par Jeph Loeb et Tim Sale: trois réussites et un échec

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Le dessinateur Tim Sale et le scénariste Jeph Loeb sont généralement adulés des amateurs de comics, souvent célébrés pour leur travail en commun chez DC Comics sur Batman. Leurs albums Un Long Halloween et Amère Victoire sont ainsi invariablement conseillés aux nouveaux lecteurs curieux de pénétrer l'univers du Chevalier Noir, aux côtés de ceux de Frank Miller. C'est mérité: ces albums sont parfaits (ainsi que l'anthologie de leurs histoires courtes éditée par Urban Comics sous le titre Des Ombres Dans la Nuit, très recommandable également).

Il est en revanche moins connu que Jeph Loeb et Tim Sale ont aussi travaillé, juste après, sur les plus grands personnages de Marvel: Spider-Man, Daredevil, Hulk et Captain America. Tous ces travaux viennent d'être édités en français par Panini Comics.



Le premier album est une réédition intégrale de tous les travaux anciens, soit dix-huit épisodes formant trois histoires complètes: Daredevil Yellow, Spider-Man Blue et Hulk Grey. Il est amusant que les titres des histoires soient tous liés à des couleurs, lorsque l'on sait que Tim Sale est un dessinateur daltonien (il ne colorise pas ses albums, mais c'est presque toujours le cas des dessinateurs de comics).

Ces trois mini-séries sont réunies dans un énorme volume. Initialement publiées entre 2001 et 2004, ce sont des variations brillantes sur les origines des trois héros. Le jaune est en effet la couleur du premier costume de Daredevil, de même que Hulk fut d'abord gris avant de devenir le monstre vert que l'on connaît. Avec ces histoires, Sale et Loeb rendent un hommage subtil aux travaux de Ditko, Kirby, Everett et Lee, tout en incorporant de nombreux éléments apportés par des auteurs plus tardifs dans l'histoire de ces personnages, comme ceux de Miller par exemple sur Daredevil. Il paraît même qu'il existe un mot geek pour désigner ces relectures modernes de récits originels: le retcon (qui associe les mots anglais "retroactive" et "continuity" pour désigner les ajouts insérés rétrospectivement dans les histoires classiques).

Les trois séries compilées tournent autour d'une même idée: le tourment du héros après la mort de la femme qu'il a aimée: Karen Page pour Daredevil, Gwen Stacy pour Spider-Man et Betty Ross pour Hulk. Les scénarios de Loeb sont mélancoliques et amers, articulés autour d'un concept malin : chacune des trois mini-séries s'entremêle à un récitatif du héros (ces textes semblent être une méditation contemporaine liée aux souvenirs que sont les histoires ici racontées), rongé par la culpabilité. L'idée est belle, et offre une cohérence et une symétrie à ces récits disjoints. Le monologue devient même dialogue dans l'histoire de Hulk, amenant une rupture bienvenue dans cette continuité, d'autant qu'il s'agit d'un héros par essence schizophrène (mais le dialogue ne se fait pas entre ses deux incarnations: c'est plus subtil).

Comme les Batman de Sale et Loeb, ce gros album est autant une excellente introduction aux trois personnages pour les novices, qu'un achat incontournable pour les fans. Les premiers s'intéresseront sans doute surtout à l'histoire de Spider-Man, qui est une formidable galerie de super vilains (le Bouffon Vert, Rhino, le Vautour, le Lézard, Kraven). Les seconds seront sans doute plus sensible à l'histoire de Hulk, qui croise et combat la première incarnation d'Iron Man (avec son scaphandre jaune). Cette histoire qui est sans doute la mieux écrite des trois est aussi la plus triste.

A chaque page de l'album, le dessin si reconnaissable de Tim Sale est à son sommet: le trait est vif, le style expressionniste comme jamais, et l'impact visuel décuplé par des compositions splendides, visant souvent l'épure dans les décors pour attirer l'oeil sur les expressions des personnages toujours très justes. Les pleines pages sont nombreuses dans ce volume, et c'est toujours un plaisir d'y laisser traîner ses yeux.



Le second album est une nouveauté. A la suite des trois séries précédentes, Loeb et Sale avaient envisagé de s'attaquer au personnage de Captain America, et avaient développé en 2008 un premier épisode : Captain America White, resté sans suite. Dommage : le récit des origines d'un personnage aussi mal compris que Captain America (souvent perçu à tort comme patriote et conservateur) revu à l'époque de l'enlisement des Etats-Unis en Irak était prometteur. A la surprise générale, la suite directe fut écrite en 2015, avec une histoire à nouveau bouclée en six épisodes.

Captain America est le plus ancien personnage de la galaxie Marvel : à la différence de tous les autres, nés dans les années 1960, il a été créé en 1940 par Joe Simon et Jack Kirby avant de disparaître et d'être ressuscité en 1963 par Kirby et Stan Lee chez Marvel. Ce récit des origines se déroule donc plus tôt, pendant la Seconde Guerre Mondiale. Un choix cohérent puisque Captain America fut à l'époque de sa création un outil de propagande anti-nazi auprès des masses américaines.

Captain America White est pourtant une déception : l'histoire développée par Loeb est assez banale et n'apporte pas grand-chose au mythe. Elle démarre quand Bucky découvre que Steve Rogers et Captain America ne sont qu'un, et accepte de le seconder. Suivent des combats en Europe contre les nazis et une courte confrontation avec Crâne Rouge à Paris. Le dessin de Sale est en deçà de ce que l'auteur a pu faire ailleurs, inférieur au travail présenté dans l'autre volume de Panini Comics.

Ce Captain America Blanc sera donc plutôt à conseiller aux fans complétistes, tandis que Daredevil Spider-Man Hulk pourra rejoindre toutes les bonnes bibliothèques d'amateurs de comics, ou être offert aux réfractaires à l'idée qu'aux Etats-Unis aussi, on sait faire de la bonne bande dessinée.

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