Ce que l'affaire burkini nous dit de l'état de notre société
En Normandie chaque jour depuis la fin du mois de juillet, nous célébrons et commémorons la Libération de notre territoire grâce, notamment, aux Gars de Leclerc, cette division Leclerc, la deuxième division blindée (2e DB), glorieuse armée dont nous entonnons respectueusement l'hymne devant chaque stèle et de quelques vétérans tenaces et soucieux de témoigner encore et encore de leur engagement pour une France libre, fraternelle et victorieuse.
L'affaire du burkini
Cette année ces manifestations prennent une tonalité particulière alors que le débat fait rage autour du "burkini de la discorde" et qu'une partie de notre société, en pleine crise d'identité, recherche vers "l'étranger" et, disons-le, le musulman, la cause de ses maux.
Des candidats à la plus haute fonction, celle de Président de la République, et leurs soutiens, s'alignent sur un discours d'exclusion et de suspicion sans chercher à élever le débat et se contentent de commenter les effets sans jamais débattre des causes. L'islam est devenu une variable d'ajustement de l'applaudimètre des meetings et des Like des comptes Facebook. La pensée est réduite à sa plus simple expression en 140 signes. Twitter est la nouvelle arène avec ses règles, ses censeurs labellisant les bons et les méchants, et des petits groupes qui attribuent bons points et insultes.
Je l'ai répété à plusieurs reprises, avoir un discours rationnel sur l'islam est aujourd'hui impossible. La vox populi vox dei ne veut pas l'entendre. L'affaire du burkini de la discorde est le dernier exemple de cet avatar terrifiant, de cette réduction du débat public et du nivellement par le bas du raisonnement. Le raccourci, l'amalgame et la confusion attisent les haines.
J'ai eu l'occasion de rappeler qu'en France c'est l'Etat qui est laïc, pas les citoyens, pas les maillots de bain. Le burkini n'est pas interdit par la loi. S'il peut l'être, c'est pour des raisons sanitaires dans les piscines par exemple, ou par un arrêté municipal si les maires le juge inapproprié ou s'il présente un risque au maintien l'ordre public sur les plages des leurs communes. On pourra rappeler au passage, pour ceux et celles qui y voient la main du wahhabisme de l'Arabie Saoudite et des salafistes, que le burkini a été inventé en 2004 en Australie par une Australienne d'origine libanaise, Aheda Zanetti. Fin du fantasme!
Revenons au discours de haine et de tous les excès qui entoure ce burkini de la discorde.
Une fois que le droit est rappelé, on peut toujours engager un autre débat, celui de l'opportunité et de la compatibilité avec la laïcité, et rouvrir par la même occasion le débat autour du voile. Tous les débats sont légitimes en démocratie, mais cela ne veut pas dire qu'ils soient tous bien fondés: et c'est ici que le bât blesse.
Le nivellement par le bas du débat public par les élites politiques usant elles-mêmes de raccourcis et d'amalgames, conduit chacun à considérer sa position comme vérité excluant par là-même tout débat ou/et confondant les débats de fond avec les débats sur l'opportunité. Comme le disait Jean Gabin dans Un singe en hiver, "les choses entraînent les choses, le bidule crée le bidule, y'a pas de hasard".
La cause des femmes et le port du burkini.
Le port du burkini et la laïcité.
Le port du burkini avec le terrorisme islamique.
Le terrorisme islamique avec l'Arabie Saoudite.
L'Arabie Saoudite avec les droits de l'homme.
Les droits de l'homme avec notre politique étrangère et de vente d'armes.
Le burkini serait au terme de cet inventaire à la Prévert une démission de la France face aux monarchies du Golfe et à nos contrats d'armements. Les débats sont légitimes pour ceux et celles qui considèrent que le voile est un asservissement de la femme. Le burkini leur procure une occasion de s'exprimer et de donner des leçons de modernité et de vertus laïques oubliant, au passage, que la loi autorise le port du voile dans l'espace public et interdit la burqua. Le débat récurrent sur les ventes d'armes et les relations avec des pays non-démocratiques ne l'est pas moins, mais avouez que nous nous éloignons sacrément du burkini. Quant aux pétro-monarchies du Golfe, elles sont comme toujours l'objet de toutes les polémiques et responsables de tous les maux.
Le débat se dégrade chaque jour davantage avec ses nouveaux excès et ses polémiques, et personne ne prend le temps de la réflexion.
Ce que cette polémique autour du burkini révèle de l'état de la société française est terrifiant. Intransigeance et perversion de nos valeurs. Intolérance et fantasmes nourris par des peurs respectables attisées par des médias plus à la recherche d'émotionnel et de compassionnel que d'information. Vous rappelez le droit et vous êtes immédiatement collabo-islamique payé par les lobbies saoudiens. Vous vous opposez au burkini et vous êtes islamophobe et raciste.
Et la encore, "les choses entraînent les choses, le bidule crée le bidule".
Absence de la parole publique et de la voix de la raison
Où est la parole publique? Quel candidat à l'élection présidentielle va-t-il faire entendre la voix de la raison dans ce climat de tension extrême pour rappeler quelques fondamentaux du vivre ensemble et les valeurs républicaines telles qu'elles figurent aux frontons de nos mairies et qui forgent notre bloc de légalité? Qui va crier haut et fort que les Français de confession musulmane ont toute leur place dans la République, que leurs droits sont garantis comme pour tout autre citoyen et qu'ils sont soumis aux mêmes lois? Qui va rappeler que la loi de 1905 interdit à l'Etat de s'immiscer dans la gestion des organisations des cultes et que son tropisme récurrent à s'immiscer dans la gestion du culte musulman en France entretient ce climat de suspicion réciproque?
Qui va rappeler que l'organisation et le fonctionnement de l'islam est totalement compatible avec la loi de 1905 comme nous l'avons fait avec mon collègue André Reichardt, co-rapporteur de la mission d'information sur l'islam en France publié le 7 juillet dernier?
Qui va rappeler que vingt mosquées en France, soit 1%, sont financées par des fonds étrangers tout à fait identifiés et que TRACFIN ("Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins") veille sur toutes les transactions sur le sol national des comptes des personnes physiques comme des associations? Pourquoi entretenir un fantasme à ce sujet? Pourquoi avoir lié le financement étranger des lieux de culte musulman au terrorisme après les odieux attentats de Nice et l'assassinat monstrueux du Père Hamel?
Qui va enfin rappeler que le CFCM (conseil français du culte musulman), création utile, n'a aucun moyen financier pour fonctionner et que la tâche de son Président est immense? Pourquoi au plus haut niveau de l'Etat utilise-t-on aussi l'islam de France pour attester de la lutte contre le terrorisme, renforçant au passage les thèses les plus extrêmes?
Je ne comprends pas ce désir incessant de renforcer ce qui nous divise et non ce qui nous rassemble et je reviens au début de mon propos sur les commémorations de la Libération de la France, grâce notamment aux valeureux hommes et femmes de la division Leclerc et du premier régiment des SPAHIS marocains, Croix de Guerre et Compagnon de la Libération, ce magnifique Dug étendard avec une queue de cheval qui porte l'étoile chérifienne et arbore fièrement les décorations tant méritées.
Et je pense à ces soldats marocains de cette division, mais aussi aux soldats algériens qui dorment en terre de France à la nécropole de Gateys dans l'Orne ou dans d'autres nécropoles en Terre de France où ils sont morts pour notre liberté avec cet idéal de paix et de vivre ensemble contre le totalitarisme.
Aujourd'hui nous devons faire face au terrorisme. Oui c'est une évidence et cette guerre nous la gagnerons d'abord avec les idéaux qui sont les nôtres et que nous devons d'abord porter et défendre puis transmettre. Il ne faut pas oublier que les jeunes radicalisés sont des enfants de la République. Ce sont des jeunes gens et jeunes filles nés en France. C'est d'abord cela la lutte contre le terrorisme: éviter qu'il ne se développe chez nous et que des jeunes toujours plus nombreux ne se radicalisent comme c'est le cas aujourd'hui. Le manque d'idéologie porteuse les conduit vers Daech qui doit observer je présume avec délectation nos polémiques sur ce burkini.
Chaque polémique qui peut de près ou de loin concerner l'islam et les musulmans sert sa cause. Les recruteurs de Daech jouent sur ce registre: "voyez, ce pays n'est pas le vôtre, vos femmes sont stigmatisées, leur pudeur n'est pas respectée, le droit n'est jamais en faveur des musulmans, rejoignez-nous..."
Je suis consternée par la violence des réseaux sociaux, l'absence de voix raisonnables devant tant d'amalgames dangereux. Au milieu de cet été de tous les dangers, ne pourrait-on pas penser aux héros qui nous ont libéré du joug nazi et qui étaient de toutes confessions? Ne pourrait-on pas simplement réfléchir à l'image que nous renvoyons de nous-même et celle que nous projetons à nos enfants et à l'étranger? Réfléchir sans excès devrait pouvoir se faire dans la France des Lumières.
La mission sénatoriale
Nous avons, avec la mission sénatoriale sur l'organisation et le fonctionnement de l'islam établi un état des lieux qui démontre clairement et sans parti-pris que l'islam est compatible en France avec notre bloc de légalité et avec la loi de 1905. Ce travail prémonitoire, sérieux et pédagogique voté à l'unanimité gauche et droite devrait être utile à tous pour mieux comprendre les complexités de la situation et trouver des solutions techniques pour que nos concitoyens de confession musulmane puissent exercer leur culte dans la dignité.
Mais qui s'intéresse au travail de fond quand nous surfons sur les peurs et l'à-peu-près pour servir une campagne politicienne qui s'annonce médiocre? A titre personnel, je déplore ce climat qui refoule la raison au profit de l'émotion. Je comprends l'émotion, la peur, la compassion et les réactions en chaîne mais, j'admets plus difficilement que des responsables politiques de premiers rangs soufflent sur les braises ou plus grave, restent silencieux...
La loi de la République et l'ordre républicain doivent être appliqués partout et par tous, les discours de haine doivent être poursuivis avec une tolérance zéro. C'est au prix d'un Etat fort et fier de ses valeurs républicaines de liberté, d'égalité, de fraternité et de laïcité que nous pourrons peut être retrouver un peu de sérénité... Je suis pour ma part très pessimiste pour les mois qui viennent, ponctués de campagnes électorales.
Également sur Le HuffPost:
L'affaire du burkini
Cette année ces manifestations prennent une tonalité particulière alors que le débat fait rage autour du "burkini de la discorde" et qu'une partie de notre société, en pleine crise d'identité, recherche vers "l'étranger" et, disons-le, le musulman, la cause de ses maux.
Des candidats à la plus haute fonction, celle de Président de la République, et leurs soutiens, s'alignent sur un discours d'exclusion et de suspicion sans chercher à élever le débat et se contentent de commenter les effets sans jamais débattre des causes. L'islam est devenu une variable d'ajustement de l'applaudimètre des meetings et des Like des comptes Facebook. La pensée est réduite à sa plus simple expression en 140 signes. Twitter est la nouvelle arène avec ses règles, ses censeurs labellisant les bons et les méchants, et des petits groupes qui attribuent bons points et insultes.
"En France c'est l'Etat qui est laïc, pas les citoyens, pas les maillots de bain. Le burkini n'est pas interdit par la loi."
Je l'ai répété à plusieurs reprises, avoir un discours rationnel sur l'islam est aujourd'hui impossible. La vox populi vox dei ne veut pas l'entendre. L'affaire du burkini de la discorde est le dernier exemple de cet avatar terrifiant, de cette réduction du débat public et du nivellement par le bas du raisonnement. Le raccourci, l'amalgame et la confusion attisent les haines.
J'ai eu l'occasion de rappeler qu'en France c'est l'Etat qui est laïc, pas les citoyens, pas les maillots de bain. Le burkini n'est pas interdit par la loi. S'il peut l'être, c'est pour des raisons sanitaires dans les piscines par exemple, ou par un arrêté municipal si les maires le juge inapproprié ou s'il présente un risque au maintien l'ordre public sur les plages des leurs communes. On pourra rappeler au passage, pour ceux et celles qui y voient la main du wahhabisme de l'Arabie Saoudite et des salafistes, que le burkini a été inventé en 2004 en Australie par une Australienne d'origine libanaise, Aheda Zanetti. Fin du fantasme!
Revenons au discours de haine et de tous les excès qui entoure ce burkini de la discorde.
Une fois que le droit est rappelé, on peut toujours engager un autre débat, celui de l'opportunité et de la compatibilité avec la laïcité, et rouvrir par la même occasion le débat autour du voile. Tous les débats sont légitimes en démocratie, mais cela ne veut pas dire qu'ils soient tous bien fondés: et c'est ici que le bât blesse.
Le nivellement par le bas du débat public par les élites politiques usant elles-mêmes de raccourcis et d'amalgames, conduit chacun à considérer sa position comme vérité excluant par là-même tout débat ou/et confondant les débats de fond avec les débats sur l'opportunité. Comme le disait Jean Gabin dans Un singe en hiver, "les choses entraînent les choses, le bidule crée le bidule, y'a pas de hasard".
La cause des femmes et le port du burkini.
Le port du burkini et la laïcité.
Le port du burkini avec le terrorisme islamique.
Le terrorisme islamique avec l'Arabie Saoudite.
L'Arabie Saoudite avec les droits de l'homme.
Les droits de l'homme avec notre politique étrangère et de vente d'armes.
Le burkini serait au terme de cet inventaire à la Prévert une démission de la France face aux monarchies du Golfe et à nos contrats d'armements. Les débats sont légitimes pour ceux et celles qui considèrent que le voile est un asservissement de la femme. Le burkini leur procure une occasion de s'exprimer et de donner des leçons de modernité et de vertus laïques oubliant, au passage, que la loi autorise le port du voile dans l'espace public et interdit la burqua. Le débat récurrent sur les ventes d'armes et les relations avec des pays non-démocratiques ne l'est pas moins, mais avouez que nous nous éloignons sacrément du burkini. Quant aux pétro-monarchies du Golfe, elles sont comme toujours l'objet de toutes les polémiques et responsables de tous les maux.
Le débat se dégrade chaque jour davantage avec ses nouveaux excès et ses polémiques, et personne ne prend le temps de la réflexion.
Ce que cette polémique autour du burkini révèle de l'état de la société française est terrifiant. Intransigeance et perversion de nos valeurs. Intolérance et fantasmes nourris par des peurs respectables attisées par des médias plus à la recherche d'émotionnel et de compassionnel que d'information. Vous rappelez le droit et vous êtes immédiatement collabo-islamique payé par les lobbies saoudiens. Vous vous opposez au burkini et vous êtes islamophobe et raciste.
Et la encore, "les choses entraînent les choses, le bidule crée le bidule".
Absence de la parole publique et de la voix de la raison
Où est la parole publique? Quel candidat à l'élection présidentielle va-t-il faire entendre la voix de la raison dans ce climat de tension extrême pour rappeler quelques fondamentaux du vivre ensemble et les valeurs républicaines telles qu'elles figurent aux frontons de nos mairies et qui forgent notre bloc de légalité? Qui va crier haut et fort que les Français de confession musulmane ont toute leur place dans la République, que leurs droits sont garantis comme pour tout autre citoyen et qu'ils sont soumis aux mêmes lois? Qui va rappeler que la loi de 1905 interdit à l'Etat de s'immiscer dans la gestion des organisations des cultes et que son tropisme récurrent à s'immiscer dans la gestion du culte musulman en France entretient ce climat de suspicion réciproque?
Qui va rappeler que l'organisation et le fonctionnement de l'islam est totalement compatible avec la loi de 1905 comme nous l'avons fait avec mon collègue André Reichardt, co-rapporteur de la mission d'information sur l'islam en France publié le 7 juillet dernier?
Qui va rappeler que vingt mosquées en France, soit 1%, sont financées par des fonds étrangers tout à fait identifiés et que TRACFIN ("Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins") veille sur toutes les transactions sur le sol national des comptes des personnes physiques comme des associations? Pourquoi entretenir un fantasme à ce sujet? Pourquoi avoir lié le financement étranger des lieux de culte musulman au terrorisme après les odieux attentats de Nice et l'assassinat monstrueux du Père Hamel?
Qui va enfin rappeler que le CFCM (conseil français du culte musulman), création utile, n'a aucun moyen financier pour fonctionner et que la tâche de son Président est immense? Pourquoi au plus haut niveau de l'Etat utilise-t-on aussi l'islam de France pour attester de la lutte contre le terrorisme, renforçant au passage les thèses les plus extrêmes?
Je ne comprends pas ce désir incessant de renforcer ce qui nous divise et non ce qui nous rassemble et je reviens au début de mon propos sur les commémorations de la Libération de la France, grâce notamment aux valeureux hommes et femmes de la division Leclerc et du premier régiment des SPAHIS marocains, Croix de Guerre et Compagnon de la Libération, ce magnifique Dug étendard avec une queue de cheval qui porte l'étoile chérifienne et arbore fièrement les décorations tant méritées.
Et je pense à ces soldats marocains de cette division, mais aussi aux soldats algériens qui dorment en terre de France à la nécropole de Gateys dans l'Orne ou dans d'autres nécropoles en Terre de France où ils sont morts pour notre liberté avec cet idéal de paix et de vivre ensemble contre le totalitarisme.
"Au milieu de cet été de tous les dangers, ne pourrait-on pas penser aux héros qui nous ont libéré du joug nazi et qui étaient de toutes confessions?"
Aujourd'hui nous devons faire face au terrorisme. Oui c'est une évidence et cette guerre nous la gagnerons d'abord avec les idéaux qui sont les nôtres et que nous devons d'abord porter et défendre puis transmettre. Il ne faut pas oublier que les jeunes radicalisés sont des enfants de la République. Ce sont des jeunes gens et jeunes filles nés en France. C'est d'abord cela la lutte contre le terrorisme: éviter qu'il ne se développe chez nous et que des jeunes toujours plus nombreux ne se radicalisent comme c'est le cas aujourd'hui. Le manque d'idéologie porteuse les conduit vers Daech qui doit observer je présume avec délectation nos polémiques sur ce burkini.
Chaque polémique qui peut de près ou de loin concerner l'islam et les musulmans sert sa cause. Les recruteurs de Daech jouent sur ce registre: "voyez, ce pays n'est pas le vôtre, vos femmes sont stigmatisées, leur pudeur n'est pas respectée, le droit n'est jamais en faveur des musulmans, rejoignez-nous..."
Je suis consternée par la violence des réseaux sociaux, l'absence de voix raisonnables devant tant d'amalgames dangereux. Au milieu de cet été de tous les dangers, ne pourrait-on pas penser aux héros qui nous ont libéré du joug nazi et qui étaient de toutes confessions? Ne pourrait-on pas simplement réfléchir à l'image que nous renvoyons de nous-même et celle que nous projetons à nos enfants et à l'étranger? Réfléchir sans excès devrait pouvoir se faire dans la France des Lumières.
La mission sénatoriale
Nous avons, avec la mission sénatoriale sur l'organisation et le fonctionnement de l'islam établi un état des lieux qui démontre clairement et sans parti-pris que l'islam est compatible en France avec notre bloc de légalité et avec la loi de 1905. Ce travail prémonitoire, sérieux et pédagogique voté à l'unanimité gauche et droite devrait être utile à tous pour mieux comprendre les complexités de la situation et trouver des solutions techniques pour que nos concitoyens de confession musulmane puissent exercer leur culte dans la dignité.
Mais qui s'intéresse au travail de fond quand nous surfons sur les peurs et l'à-peu-près pour servir une campagne politicienne qui s'annonce médiocre? A titre personnel, je déplore ce climat qui refoule la raison au profit de l'émotion. Je comprends l'émotion, la peur, la compassion et les réactions en chaîne mais, j'admets plus difficilement que des responsables politiques de premiers rangs soufflent sur les braises ou plus grave, restent silencieux...
La loi de la République et l'ordre républicain doivent être appliqués partout et par tous, les discours de haine doivent être poursuivis avec une tolérance zéro. C'est au prix d'un Etat fort et fier de ses valeurs républicaines de liberté, d'égalité, de fraternité et de laïcité que nous pourrons peut être retrouver un peu de sérénité... Je suis pour ma part très pessimiste pour les mois qui viennent, ponctués de campagnes électorales.
Lire aussi :
• la question sur le burkini posée par Raphaël Enthoven
• À propos du burkini et du grotesque
• Quand l'État est défaillant, les sorcières apparaissent
• Tous les matins, recevez gratuitement la newsletter du HuffPost
• Retrouvez-nous sur notre page Facebook
Également sur Le HuffPost: