Ces commerçants qui lèsent leurs clients : Des congés et des... désagréments
Fermé pour congé». Ce message unique fleurit sur les devantures des magasins en ce mois d’août. Des commerçants, mais aussi que des prestataires de services préfèrent prendre leur «congé annuel» à cette période de l’année.
Leurs clients se retrouvent ainsi dans le désarroi. «Les quatre boulangeries de mon quartier sont inactives depuis quelques jours. Leurs gérants se sont donné le mot pour fermer carrément ou n’ouvrir que deux heures par jour, le temps d’écouler leur produit. On est obligé d’aller hors du quartier pour acheter du pain», s’offusque un résidant du quartier Belle-Vue à El Harrach (Alger), affirmant que ses enfants doivent «s’enchaîner» dans une file devant des boulangeries de Bab Ezzouar.
La situation est encore plus délicate les fins de semaine, où les rares boulangeries restent ouvertes le matin. «J’ai dû prendre le tram à partir de Brossette pour El Magharia (ex-
Leveilley) pour trouver une boulangerie ouverte. Moi, je peux rester sans pain, mais les petits enfants de ma fille ne peuvent pas s’en passer», se désole un sexagénaire, les bras encombrés d’un sachet en plastique rempli d’une dizaine baguettes ramollies par la chaleur.
Le président de l’Association des commerçants et artisans algériens (ANCC) considère que le «phénomène des fermetures pour congés n’est pas généralisé». Ils seraient 21 000 boulangers à travers le territoire national, mais un tiers «seulement» préfèrent fermer à cette période de l’année. «Les boulangers qui partent en congé nous expliquent qu’ils ont beaucoup travaillé pendant le Ramadhan et durant l’Aïd, pour ceux soumis à la permanence. Ils préfèrent libérer leurs employés et en embaucher d’autres pour la courte période des congés. D’autres préfèrent aussi fermer l’été vu qu’ils sont concernés par les permanences de l’Aïd El Kébir, qui coïncidera avec la rentrée de septembre», détaille El Hadj Tahar Boulenouar, faisant remarquer que les boulangers font face à une pénurie de main-d’œuvre et à la baisse de la demande sur leur produit.
Des réunions dans les daïras ?
Aucun texte n’interdit aux commerçants et autres prestataires de fermer boutique et d’aller faire bronzette. Les commerçants justifient ces départs par le caractère «libéral» du métier. «Il s’agit d’activités libérales. Et puis, un congé annuel est nécessaire pour faire des réparations, mais aussi pour libérer des travailleurs qui souvent viennent de l’intérieur du pays. Il y a un accord tacite entre les commerçants pour assurer un service minimum dans les quartiers. Les magasins d’alimentation générale ne sont pas fermés pour la plupart en raison des produits qu’ils proposent. Il y a surtout les boulangers et des bouchers qui ont pu se permettre quelques jours de repos pour des raisons qui les concernent», explique Dahmane K., gérant d’un magasin d’alimentation générale à Alger-Centre, affirmant que lui-même serait parti s’il avait trouvé un parent qui aurait pu le remplacer au le magasin.
Comment préserver les droits des commerçants sans affecter les clients ? Une solution «locale» est préconisée par l’ANCC, avec l’implication des pouvoirs publics avant les départs en congés. «Les solutions existent pour ne pas perturber la distribution des produits. Il faudrait organiser des réunions dans les daïras pour informer les commerçants des départs à la veille des congés. Des listes seront alors confectionnées et rendues publiques», indique El Hadj Tahar Boulenouar, qui n’est pas chaud pour la promulgation d’un texte réglementaire pour décider des départs en congés.
Qu’en pensent les autorités du Commerce ? Malgré d’incessantes tentatives, il nous a été impossible d’avoir la version du ministère du Commerce ou d’une quelconque direction de wilaya sur les congés des commerçants, les désagréments causés aux clients et la nécessaire régulation de ces métiers. «Les directions du commerce sont occupées par les cas d’intoxication», s’est contenté de répondre à El Watan un agent d’une direction du Centre.