L'«effet Werther», ou quand les médias poussent au suicide
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Dans la foulée des attentats terroristes de Nice et de Saint-Étienne-en-Rouvray, Le Monde a annoncé qu’il ne publierait plus de photos de terroristes «pour éviter leur glorification posthume» et risquer de susciter des vocations. Une démarche à laquelle se sont associés d’autres médias comme Europe 1, La Croix ou encore BFM alors qu'à l'inverse, d'autres médias, comme Libération, ont affirmé qu'ils continueraient à publier des photos des terroristes. Les médias sont-ils «l’oxygène du terrorisme», selon l’expression de Margaret Thatcher parlant de l’IRA ?
Il existe un «terrorisme publicitaire», selon la formule de Gérard Chaliand: l’acte terroriste vise alors plus à réveiller l’opinion publique qu’à causer des dommages à l’ennemi, et les médias ont alors un rôle essentiel. Existe-t-il un «terrorisme mimétique» dont le relais serait aussi médiatique?
Des voitures brûlées en banlieue aux tueries de masses aux Etats-Unis, cela fait longtemps que les journalistes s’interrogent sur les imitations qu’ils peuvent susciter. Mais il y a un phénomène pour lequel leur impact est prouvé: le suicide. Et c’est ce qu’on a appelé l’effet Werther.
L'effet Werther
En 1974, David Philipps, un sociologue américain, met en évidence que les suicides fortement médiatisés peuvent entraîner un rebond des suicides dans la population générale. Il s’agit le plus souvent de suicide de stars, mais ... Lire la suite