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Июнь
2016

Français ? Européens ? Citoyens !

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Il souffle sur les peuples d'Europe un vent dangereux. D'un côté, des extrêmes gauches plus ou moins nationalistes, qui appellent les peuples à réagir -à se soulever?- contre l'ordre "néolibéral" qui inspirerait les décisions de leur gouvernement ou de l'Union européenne. Après Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, la question de l'influence de ces partis se posera rapidement en France, tandis qu'elle se réveille en Allemagne, notamment.

De l'autre, les partisans d'un repli derrière les frontières, d'une sortie de l'Euro, d'un "chacun chez soi" qui sent sa xénophobie, et dont les migrants ou les réfugiés sont les premières cibles. Il faut bien de l'aveuglement, bien du renoncement et de la lâcheté pour ne pas voir que cette boîte de Pandore-là, personne n'a jamais su la refermer après qu'on l'eût imprudemment ouverte. Les extrêmes ont pour premier effet de fracturer les sociétés et non pas de les rassembler. Leurs instruments de gouvernement c'est l'autoritarisme, puis l'autocratie, puis la violence. Et on voit bien avec quel air gourmand les nationalistes de tout poil observent actuellement la campagne britannique menée par les partisans du "Brexit", qui n'ont pas lésiné sur les mensonges, ni fait dans la nuance.

Comme si ça n'était pas suffisant, on voit l'abstentionnisme électoral grossir dans plusieurs pays. En France, dans bien des scrutins, c'est devenu le premier parti. Suivent en effet les extrémistes, puis toutes les autres formations. Ce rapport de force en faveur des déserteurs des urnes appelle un sursaut que les partis classiques ne peuvent pas créer. Si l'on regarde en France, l'Etat jacobin qui a si bien reconstruit notre richesse après la seconde guerre mondiale, a raté sa mue que lui réclamait le pays. D'acteur qu'il était, il n'a pas su se transformer en décentralisateur chargé de contrôler l'action politique, et non pas de tout faire. Dans le monde de l'information et de l'expression digitale, bien ou mal informés, les citoyens veulent participer. De façon bien injuste parfois, les peuples -et le nôtre n'y échappe pas-, calment leur colère en mettant les élites, les médias, l'ensemble de la classe politique, dans le même sac. Et il règne dans notre pays une détestable odeur de "tous pourris, tous dehors" qui n'augure rien de bon.

Ce qu'on attend du système politique est pourtant simple: tout ce qui peut être décidé dans les ensembles communaux en voie de regroupement doit pouvoir l'être. Au-dessus, tout ce que les régions peuvent traiter doit pouvoir ressortir de l'autorité politique, économique et financière dont ces régions ont besoin. L'Etat doit y organiser les compétences, y déléguer les moyens financiers, et contrôler le tout. Seulement contrôler. Et enfin, l'Etat doit s'atteler aux grandes questions que notre pays n'a pas traitées et que lui seul peut régler. Le désordre social ambiant montre bien que nous avons changé d'époque.

Mais notre contrat social datant du textile, du charbon, de l'acier et des grandes activités industrielles enserrées dans nos frontières et non pas exposées au vent du monde, n'a pas évolué. Que vaut aujourd'hui un contrat social négocié par un Etat omniprésent mais incapable de s'appliquer à lui même les lois qu'il promeut, avec pour partenaires des centrales syndicales qui ne concernent qu'un salarié sur dix. Dans les pays d'Europe du nord, cette question est réglée, depuis plus de 15 ans, pour les derniers retardataires.

Devant l'impuissance d'un Etat dont nous avons pourtant besoin, devant la disqualification d'une partie de la classe politique qu'il faut renouveler, devant le mépris administratif qui rend l'ordre établi parfois injuste et incompréhensible, l'abstentionnisme des citoyens est la plus mauvaise réponse. Des mouvements se créent un peu partout chez nous comme dans le reste de l'Europe. Ils disent une chose simple: nous sommes experts de notre vie, discutons avec les pouvoirs publics un cadre qui l'organise dans un esprit de liberté et de responsabilité.

Pour ma part, j'appelle les citoyens de ce pays qui veulent jouer un rôle, modeste ou important dans l'avenir de la France, à venir se former dans un institut que nous mettrons en place au sein de Génération Citoyens à la rentrée. Il s'agit de développer les bases d'une connaissance de ce qu'est la gestion d'une commune, pour ceux qui veulent s'y investir, ou d'une région, ou du Parlement. Tenté par les extrémismes ou par la pêche à la ligne, personne ne peut s'asseoir au bord de la rivière pour voir passer au fil d'une eau qui gronde, les malheurs futurs de notre pays déjà affaibli.

Jean-Marie Cavada sera l'invité des Rencontres de la Fondation EDF le mercredi 29 juin à 19h, sur le thème "Français? Européens? Citoyens!"

Une fois par mois, une personnalité de la société vient rencontrer le public à la Fondation EDF pour évoquer un sujet qui lui est cher.


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