Le grand jeu de dupes des accords d’entreprise
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Pour une fois, droite et gauche sont unanimes. «Il faut simplifier et donner à l’accord d’entreprise la primauté sur le reste», assurait Pierre Gattaz, le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), dans une interview pour Challenges publiée le 22 avril. Le Premier ministre socialiste Manuel Valls est entièrement d’accord: «Cette idée que l’accord d’entreprise prime est essentielle.»
Ce qui fait consensus, c’est la généralisation de la possibilité de négocier en entreprise d’accords moins favorables aux salariés que les dispositions prévues par les conventions collectives ou par la loi. Par exemple, le prix des heures supplémentaires pourra être décidé par la négociation dans l’entreprise, avec un garde-fou sous lequel il est impossible de descendre. Ce processus, qui donne plus de poids aux négociations d’entreprise au détriment de la branche et du niveau interprofessionnel, porte le doux nom de «décentralisation de la négociation».
Et si tout le monde pousse dans la même direction, les objectifs affichés par les uns et les autres se révèlent paradoxalement totalement opposés.
Renforcer ou affaiblir le syndicalisme
De façon générale, la décentralisation est défendue par la gauche réformiste, qui pense qu’elle devrait affermir le syndicalisme et la négociation. «Je soutiens la loi El Khomri, affirme Martin Richer, coordinateur du pôle des affaires sociales du think tank Terra ... Lire la suite