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Октябрь
2015

Négociations climatiques: l'hésitation de l'Union Européenne

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CLIMAT - Plus que 43 jours avant la COP21, la conférence internationale décisive sur le climat, qui se tiendra à Paris en décembre prochain. Cette semaine, les diplomates du monde entier sont une nouvelle fois réunis à Bonn pour poser les galons d'un accord mondial sur le climat. Les conditions pour la signature d'un tel accord ont rarement été si favorables, mais en cas d'échec, la situation est très risquée. Si les réductions prévues par l'accord négocié à Paris ne permettaient pas de limiter le réchauffement global en-deçà des 2°C, le dérèglement climatique pourrait gravement menacer les sociétés humaines.

Les Etats-Unis et la Chine ont finalement cessé de bloquer l'avancement des négociations. Leur accord scellé en novembre dernier a donné un nouveau souffle aux discussions. Les énergies renouvelables se développent à un rythme plus rapide que prévu, et pour la première fois, 150 pays ont annoncé des mesures (contributions nationales volontaires / INDC) en faveur du climat en amont de la conférence.

Néanmoins, alors que leurs négociateurs préparent cette semaine à Bonn le texte de l'accord dans ses dimensions techniques, l'enjeu est énorme pour les pays. Entrer dans la phase d'élaboration d'une ébauche d'accord est un travail particulièrement sensible pour les délégations, même celle-ci garde différentes options ouvertes qui seront négociées lors de la COP21.

Selon Martin Kaiser de Greenpeace International, "il y a un risque important que les pays qui ont construit leur modèle économique sur l'exploitation des ressources fossiles tentent de saper le processus dans le but de n'obtenir qu'un accord faible, voire pas d'accord du tout ".

Alors que l'Allemagne et la France prennent le leadership des négociations climatiques, le Royaume-Uni et les autres pays Européens restent à la traine. De nombreux observateurs tels que Greenpeace attendent des pays Européens un rôle plus actif dans les négociations. "Le Royaume-Uni n'a pas été très visible. Les décisions prises au niveau national à l'encontre de la législation environnementale sont très décevantes. Nous avons besoin de savoir si David Cameron et les autres chefs d'Etats Européens vont vraiment être moteurs dans l'obtention de l'accord. Nous ne l'avons pas vu jusqu'alors", dit Martin Kaiser.

En tant que présidente du G7 la chancelière Angela Merkel est parvenue à fédérer les principaux pays industrialisés autour de l'idée d'une décarbonisation de leur économie comme objectif de long terme. Un petit pas, mais qui reste hautement symbolique.

Le futur président de la conférence climatique de Paris a également joué un rôle très actif dans les négociations cette année. Le président François Hollande et son ministre des affaires étrangères Laurent Fabius ont mis sur pied un important dispositif diplomatique pour préparer la COP21. Tout au long de l'année, la France a mis tout son poids pour influencer les ministres et chefs d'Etat étrangers, et des progrès substantiels ont été accomplis, mais qui ne se sont malheureusement pas encore traduits dans le project d'accord.

Malgré la pro-activité du couple franco-allemand, la délégation européenne semble quelque peu effacée lors des négociations en cours à Bonn. La Commission se félicite d'avoir les objectifs de réduction des émissions les plus ambitieux au monde, mais un rapport de plusieurs ONG (Fair shares a civil society equity review of INDC) paru lundi montre qu'en prenant en compte les émissions historiques, l'Europe est encore loin du compte. De plus, selon Martin Kaiser, "les Européens se trouvent aujourd'hui confrontés au fait que leur "paquet énergie-climat" verrouille les futures législations pour 10 ans en la matière, alors qu'il est clair que le système EU-ETS (marché européen de crédit carbone) n'est pas en mesure d'apporter la transition requise.

Cela ne suffira pas à nous sortir du charbon et du pétrole, c'est donc largement insuffisant. Verrouiller une telle politique de la sorte n'est pas seulement dommageable pour les Européens; cela envoie également un très mauvais signal aux autres pays comme l'Inde ou la Chine, leur signifiant que l'accord pourrait se contenter de faibles ambitions telles que celles qui ont été mises sur la tables jusqu'à ce jour".

Autre exemple significatif: le terme audacieux de décarbonisation utilisé dans le communiqué du G7 n'a pas été conservé dans le texte, la délégation européenne lui préférant le terme plus consensuel de "neutralité climatique durable" au prétexte qu'il engloberait le concept de résilience climatique.

Enfin, les Européens se sont fait discrets sur les droits de l'Homme et sur l'implication de la société civile aux négociations, qui constituent pourtant leur cheval de bataille habituel. Sur ce dernier point, il semble que le groupe des pays en développement, le G77, ait pris le relai, réclamant l'ouverture des sessions aux observateurs.

Faut-il y voir un syndrome post-traumatique après l'échec de Copenhague, ou une matérialisation d'un changement dans les rapports de forces internationaux au profit des pays en voie de développement ? La question n'est pas là. L'Union Européenne doit trouver sa place dans le nouvel ordre climatique mondial.

Cet article a été co-rédigé par Andreas Sieber et Gwenaël Podesta. Gwenaël est chercheur au sein de CliMates, un laboratoire d'idées et d'actions de jeunes à la recherche de solutions innovantes pour le changement climatique. CliMates participe en tant qu'observateur aux négociations climatiques dans le groupe des YOUNGO.

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