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Октябрь
2015

La tentation autoritaire se précise 

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La nature de l’Etat civil miroité par les tenants du pouvoir prend l’allure d’un nouvel autoritarisme.
Dans les faits et dans les discours, les représentants du régime commettent des actes prouvant qu’ils n’ont aucune intention d’instaurer la démocratie en Algérie.

De l’interdiction des marches à la fermeture des espaces publics devant l’opposition et les acteurs de la société civile authentique, ils passent désormais à la menace.

Autant de dérives autoritaires qui n’augurent pas de lendemains meilleurs pour tous les Algériens sommés par le chef de cabinet de la présidence de la République et secrétaire général du RND de «se taire et de cesser toute critique du pouvoir». En contradiction avec les dispositions de la Constitution garantissant la liberté d’expression et d’opinion, Ahmed Ouyahia veut réinstaurer la censure de la parole.

Une censure déjà mise en application à travers la fermeture ou l’exercice de pressions sur des titres de presse. En effet, après l’interdiction d’accès des acteurs de l’opposition aux médias lourds publics, le pouvoir affiche une volonté d’étouffer leur parole même dans les médias privés qui acceptent de leur ouvrir leurs colonnes et leurs portes.

Quatre ans après les émeutes du mois de janvier 2011, intervenant dans la foulée de révoltes en Tunisie et en Egypte contre les dictatures en place, le pouvoir algérien semble vouloir reprendre sa nature. A l’époque, le président Bouteflika, de crainte de voir le Printemps arabe se propager en Algérie, avait prononcé un discours dans lequel il avait plaidé pour «plus d’ouverture».

Dans son fameux discours du 15 avril 2011, le chef de l’Etat avait décidé d’appliquer les dispositions constitutionnelles en demandant l’ouverture des médias et des salles publics à tous les acteurs politiques. Même les marches devaient être autorisées en dehors de la capitale, Alger. Mais la parenthèse a été vite fermée.

Agacés par la multiplication des voix discordantes en cette période de crise économique, qui va en s’aggravant, les représentants du pouvoir dévoilent leur vraie nature. Ils déploient toutes leurs forces pour tenter de réinstaurer le système de la pensée unique, où la contradiction et la critique n’ont pas droit de cité.


Rétrécissement des espaces de liberté

Parmi ces actes liberticides, il y a eu d’abord cette interdiction de création de partis politiques pour certaines figures connues sur la scène nationale. Après avoir servi toute sa clientèle, le pouvoir déclare close la saison des agréments des nouvelles formations politiques. Surtout si les chefs de file sont classés dans la case des personnes «subversives».

Depuis le début de l’année 2014, les acteurs de l’opposition buttent sur un véritable verrouillage du champ politique.

Après avoir expérimenté la fermeture des salles publiques devant les partis qui ne prêtent pas allégeance au clan présidentiel, à Alger, le pouvoir tente désormais de l’élargir à d’autres wilayas.

Et curieusement, c’est la Kabylie qui a été choisie pour mettre en œuvre cette nouvelle expérience tendant à bâillonner toutes les voix critiques.

Par une instruction, le nouveau wali de Béjaïa montre déjà ses muscles en décidant de fermer toutes les Maisons de la culture de la wilaya, seuls endroits qui accueillaient habituellement des activités politiques, devant les partis. Une grave décision qui a des similitudes avec celle de la wilaya d’Alger qui a invoqué, à maintes reprises, des subterfuges pour empêcher toute expression de l’opposition. La décision du wali de Béjaïa est déjà entrée en application.

Et le premier à en faire les frais est le Parti socialiste des travailleurs (PST), qui a dénoncé l’interdiction de sa conférence devant avoir lieu au centre culturel d’Aokas.

«Nous tenons à dénoncer vigoureusement ces restrictions antidémocratiques qui visent à évincer les larges masses populaires de tout débat constructif permettant une prise de conscience sur la gravité de la situation socioéconomique et politique du pays. Alors que, paradoxalement, des cérémonies de mariage se tiennent régulièrement dans ce lieu, présenté comme un lieu de culture et de savoir», affirme le PST dans ce communiqué. Il semblerait ainsi que les tenants du pouvoir veulent gérer la prochaine étape à huis clos…