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Октябрь
2015

La débidonvillisation est-elle réellement en marche ?

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Appréhendée par les pouvoirs publics, l’opération d’éradication du méga-bidonville d’Erramli, dans la commune de Gué de Constantine, s’est terminée. Ou presque. 2501 familles ont été relogées et presque autant exclues de l’opération.
Les forces de l’ordre les ont empêchées de construire de nouvelles baraques sur le site protégé de quelque 50 hectares. Quadragénaire et père de famille, Benkouider Mustapha, chauffeur de son état dans la commune de Kouba, jure la main sur le cœur s’être construit une habitation en parpaings depuis 1998. «J’ai construit la baraque l’année de mon mariage. Après mon service national, je n’avais pas où aller.

C’est à Erramli que j’ai eu mes cinq enfants. Je payais toutes les charges, j’ai mes factures d’électricité et j’ai été recensé plusieurs fois avant 2007. Le comité a tripatouillé les listes.

Des gens du marché de gros de Semmar, qui ont des biens, ont pu avoir un logement, mais pas nous qui habitons ici depuis 20 ans», s’emporte Benkouider, la mine hagarde et les mains tenant des papiers jaunis. La famille s’est abritée dans un vieux tacot pour se protéger contre les trombes d’eau de ces derniers jours. «J’ai pleuré. Je voyais les images des juifs qui tabassaient des Palestiniens.

Chez nous c’est pire. Les gens qui nous portent des coups sont nos frères. Personne ne te reçoit, ni le maire ni le wali délégué. Quoi faire ?» s’interroge, l’air abattu, cet homme qui affirme n’avoir pas reçu l’appel des services des recours. Jusqu’à dimanche après-midi, la commission, qui s’est installée dans une salle omnisports, a reçu 1667 recours, a précisé à l’APS M. Smaïl, coordinateur de la cellule de wilaya de contrôle et de suivi des opérations de recasement des familles issues des sites précaires. L’éradication du bidonville tentaculaire d’Erramli devrait permettre la relance de deux projets : le viaduc devant relier Oued Ouchayah et les bassins de décantation d’une future zone humide sur les berges de oued El Harrach.

Il resterait une dizaine de grands bidonvilles dans tout l’Algérois. «La wilaya aura dans les prochains jours à éradiquer au moins huit grands bidonvilles, toujours à Gué de Constantine, mais aussi à Bologhine, Dar El Beïda, Bachdjarrah et des sites éparpillés à Rouiba et Réghaïa», explique un cadre de la wilaya, engagé dans les opérations, mais qui a préféré requérir l’anonymat.

Encore de grands bidonvilles à raser !

Le chiffre de près de 50 000 bidonvilles, avancé par l’administration de la wilaya en 2007, a littéralement bondi après la relance des opérations de relogement. «L’actualisation des dossiers», engagée après la prise de fonctions du nouveau wali, a permis de recenser 72 000 familles.

Plus de 20 000 d’entre elles  ont été relogées et autant le seront avant la fin de l’année, d’après des chiffres avancés par le wali et ses collaborateurs. Le ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, reprenant les déclarations du wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, a annoncé l’éradication des bidonvilles à Alger à fin décembre ou au plus tard le premier trimestre 2016.

Engagée par le prédécesseur de Zoukh, l’opération de résorption de l’habitat précaire (RHP) a concerné, dans un premier temps, des sites situés au centre de la capitale, dans la proximité ou sur le tracé d’équipements publics.

L’administration, à laquelle il est reproché de privilégier les bidonvilles pour des raisons politique et de rente facile (quotas réservés), a fait sienne une nouvelle rhétorique. «Le discours de l’administration a changé avec les nouvelles mesures.

Auparavant, elle parlait de contenir les bidonvilles, et actuellement elle s’est engagée à les éradiquer complètement. Un effort a été déployé pour en finir avec l’habitat précaire et insalubre.

Il resterait certains sites dans des haouchs, mais ces derniers seront requalifiés et les occupants devront habiter des logements décents. Les études sont en cours», précise notre source.