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Октябрь
2015

Expo: un Picasso, des picassos...

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Picasso, 2000 par Chéri Samba© Jérome Stern

Le plus grand artiste du siècle dernier a inspiré nombre de ses confrères. L'occasion de confronter ces oeuvres à celles du maître. C'est le thème d'une exposition parisienne. Avec, comme souvent, un arrière goût commercial: le seul nom de Picasso fait vendre...



Statue de Cattelan, peinture de Pei-Ming Yan © Jérome Stern

En matière culturelle, le grand, l'immense, artiste du XXème siècle est bien Pablo Picasso: il a (ré)inventé les formes, la couleur, la représentation, le style, en variant les périodes, les formats, les expressions, en s'inspirant un peu de l'art africain, beaucoup des grands maîtres, énormément de sa propre existence. Un mythe aux oeuvres emblématiques qui ont marqué, forcément marqué, la génération suivante d'artistes. A la fois chronologique et thématique, voici une exposition de plus (il y en a eu une en France presque tous les deux ans depuis les années 1970 sans compter la réouverture récente du joli Musée qui lui est dédié à Paris), avec cette fois comme fil rouge la réception artistique de son travail transcrite par d'autres peintres et sculpteurs: "Picasso.mania" au Grand Palais de Paris jusqu'au 29 février 2016 (www.grandpalais.fr).



Still live de Roy Lichtenstein © Jérome Stern

Hommages personnels

D'emblée, après l'inévitable Autoportrait bleu de 1901, le visiteur est accueilli par une très grande statue de fibre de verre représentant Picasso bras ouverts dans sa marinière, oeuvre de Cattelan de 1998. Un clin d'oeil de bienvenue tournant le dos à un portrait de Picasso de 2009 tout en noir, gris et blanc du chinois Yan Pei-Ming. Le ton est donné, ne serait-ce que par l'intitulé de la salle: "Salut l'artiste !". On y découvre nombre de portraits, plus ou moins réussis, de Picasso, par Erro en bande dessinée, par Chéri Samba en héros du quotidien, par Paul Mc Carthy en tête érotisée. Des hommages très personnels. Suit une salle cubiste avec 18 dessins et peintures de Picasso dans l'obscurité que le travail de David Hockney au Polaroïd vient compléter en pleine lumière, démontrant ainsi la dimension cognitive autant qu'esthétique de ce mouvement créateur du début du XXème siècle.

Suivent d'autres salles thématiques, consacrées aux Demoiselles d'Avignon, notamment un acrylique de Faith Ringgold et une peinture métallique de Sigmar Polke, ainsi que le travail "bidon" sur des récipients en plastique de l'artiste Yoruba Romulad Hazouné, répondant ainsi au travail de Picasso s'inspirant des masques africains (exposés ici aussi avec des dessins et huiles du maître de Malaga). Passons vite sur la salle Guernica pour, au rez de chaussée, s'attarder sur un mur entier de portraits de femmes "c'est du Picasso" et de gravures érotiques de l'artiste pour être dans une ambiance pop avec Roy Lichtenstein, et Andy Warhol. Et aussi, après de nouveau des oeuvres variées de Picasso, sur un mur immense, Mousquetaire, Baigneur, Femme assise, pour terminer la visite dans une salle justement intitulée "Bad Painting" où dominent une immense toile de Georg Baseelitz, un étonnant plâtre de Thomas Houseago et un discret (et dernier) hommage à Picasso par Jean Michel Basquiat de 1984.



Head after Picasso d'Andy Warhol ©Jérome Stern

L'attrait du public

Picasso lui même s'est beaucoup inspiré d'autres artistes : une très belle exposition en 2008/09 dans le même Grand Palais de Paris était à l'affiche, et avait battu le record de fréquentation d'une expo alors, avec 783.352 visiteurs générant même un bénéfice de plus d'un million d'euros. Picasso attire et fait vendre. Le peintre a notamment décliné à sa manière les Ménines de Velazquez, l'Olympia de Manet, Madame Moitessier de Ingres, les Femmes d'Alger de Delacroix ou la Maya nue de Goya. Et ce, avec un art tout personnel, riche d'émotions. Donc pas étonnant que les organisateurs, soutenus par la très regardante Fondation Picasso, aient à nouveau tablé sur l'attrait du public pour le natif de Malaga afin de remplir le Grand Palais et ses caisses. Et donc pas étonnant que d'autres artistes à leur tour aient joué la carte de l'inspiration, car si certaines de leurs oeuvres sont originales, beaucoup sont davantage des pastiches plus parfois, ou moins souvent, réussis. A noter que les artistes n'ont élaboré des inspirations de Picasso que tardivement, jusque dans les années 1970, il était impensable de s'attarder sur ses oeuvres, tant elles se situaient au dessus du lot . On le voit encore ici: les toiles du maître de Malaga sont celles qui retiennent l'attention des visiteurs, notamment sur les murs géants et dans la salle cubiste, bien plus que les copies, satires ou déclinaisons signées par d'autres, avec quelques exceptions tout de même. En cela, cette exposition remet Picasso à sa vraie place, hors compétition, il n'est plus un peintre de talent mais une statue tutélaire respectée. Un seul Picasso, et quelques picassos donc.



Untitled (Pablo Picasso) de Jean Michel Basquiat © Jérome Stern

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