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Сентябрь
2015

Réfugiés : révisons notre politique des visas

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RÉFUGIÉS - Ces derniers jours, l'Union européenne a une fois de plus montré son impuissance à résoudre la problématique de l'accueil des réfugiés. La question des quotas par pays n'a pas été acceptée par tous les Etats membres et conduit de fait notre continent dans l'impasse. Si quelques avancées ont tout de même pu être mises en place, comme le renforcement des moyens pour Frontex, nous sommes loin d'une solution globale.

Pourtant, dans des périodes difficiles comme celle que vivent ces milliers de personnes qui espèrent trouver refuge chez nous, nous devons nous souvenir de notre Histoire. Cette Histoire qui est à l'origine de la constitution de notre Union. Notre continent a été traversé et déchiré par des siècles de guerres. Il a été ravagé par la mort et des conflits absurdes qui ont mené sur les routes des millions de personnes.

C'est aussi une histoire de l'accueil. Souvenons-nous du passeport Nansen, créé après la première guerre mondiale, qui a permis aux réfugiés politiques d'alors de pouvoir fuir leur pays, sauver leur vie, tout en bénéficiant d'une protection. Son créateur a reçu le prix Nobel de la Paix, et 450 000 personnes ont été protégées grâce à ce passeport. La France s'est souvent retrouvée à l'avant-garde lorsqu'il fallait accueillir ceux qui fuyaient leur pays par crainte de persécution. Russes, Arméniens, Espagnols ou Vietnamiens ont trouvé refuge dans notre pays. Ils ont malheureusement souvent subi le rejet et le racisme, mais ils ont aussi trouvé la solidarité, les enfants sont allés à l'école, les parents ont trouvé un travail, et aujourd'hui, leurs descendants sont Français à part entière.

Nous sommes face à notre propre Histoire, celle passée et celle à venir. Faire partie de l'Union Européenne ne peut pas consister à bénéficier des avantages financiers sans prendre part à l'impérieuse nécessité de solidarité. Bernard Cazeneuve l'a très justement dit "L'Europe n'est pas une Europe à la carte".

La question de l'accueil des réfugiés, si elle nous met face à nos propres contradictions et nos déchirures met également en avant une autre question, celle de notre politique européenne d'accueil. Aujourd'hui il ne s'agit plus de mettre en place une politique individuelle mais une politique à l'échelle de notre continent sans quoi les Cassandre qui espèrent la mort de l'espace Schengen auront, à terme, raison.

Actuellement nous traitons l'arrivée des réfugiés sans nous préoccuper de la façon dont ils arrivent. Nous devons lutter contre les passeurs et tous ceux qui font commerce de la détresse humaine. Pour cela il n'y a qu'une solution, celle de l'assouplissement des conditions d'attribution des visas pour les ressortissants des pays en guerre. C'est aussi pour cette raison qu'une liste exhaustive des pays concernés doit être très rapidement mise en place. Les réfugiés qui débarquent sur nos côtes sont prêts à payer des fortunes pour traverser la mer dans des conditions déplorables, au péril de leur vie. L'attribution de visa aux Syriens, aux Irakiens, aux Erythréens et à tous les ressortissants de pays où ils risquent la mort doit être facilitée. Le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies et l'Union Européenne doivent organiser ensemble la prise en charge de tous ceux qui émettent le souhait de venir en Europe, ce qui serait un préalable à la mise en place d'un statut européen des réfugiés, et non plus défini pays par pays. Une fois les visas accordés, il faut également organiser leur venue, mettre en place des moyens de transport sûrs pour tous ceux qui demandent asile et protection en Europe. Cela doit permettre d'assécher les réseaux de passeurs, de rendre sûre la venue des réfugiés en Europe et d'éviter la reproduction des drames sur les routes d'Europe et en mer Méditerranée, et enfin de désengorger les pays qui aujourd'hui sont débordés par l'afflux de réfugiés.

Se pose ensuite la question de l'accueil des réfugiés et de leur pays de destination. Aujourd'hui les procédures de demande d'asile ne sont pas toutes identiques et la question des déplacements des réfugiés n'est pas réglée. Selon les règles émises, la demande d'asile doit être effectuée dans le premier pays de la zone européenne où le réfugié arrive ors nous voyons bien les limites de cette disposition. Comment des pays comme la Grèce, l'Italie ou la Hongrie peuvent faire face au traitement de centaines de milliers de dossiers ? C'est un manque criant de solidarité que de laisser ces pays faire face, seuls, à l'accueil des réfugiés, au prétexte qu'étant aux frontières de l'Union, ils sont le premier point d'arrivée des réfugiés. Le protocole de Dublin doit être suspendu, et la solidarité européenne doit être la règle. Nous devons absolument centraliser les demandes afin, ensuite, d'orienter les réfugiés vers le pays qui les accueillera.

Il faut désormais faire vite car dans la situation actuelle le temps est un ennemi. Il est insupportable de voir que des milliers de personnes continuent à risquer leur vie pour venir en Europe alors que nous pouvons leur venir en aide grâce à une politique des visas plus ambitieuse et surtout plus humaine. Nous devons tous prendre conscience que ces réfugiés qui attendent une protection ont besoin de nous et ne pas y répondre constituerait un rendez-vous manqué dramatique pour l'Europe, ses fondements, ses idéaux et son avenir.

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