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Сентябрь
2015

12 choses qui montrent qu'on ne fera plus jamais de politique comme avant Internet

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Alors que la France était en vacances, en plein mois d'août, le député Christophe Léonard proposait "au ministère de l'éducation de réfléchir à la possibilité d'imposer aux réseaux sociaux qu'ils exigent la carte d'identité avant toute nouvelle inscription, pour éviter que des enfants ne puissent s'y connecter." Hier BlablaCar annonçait une levée de fonds spectaculaire, ce matin, on apprenait que le Sénat réfléchissait à fiscaliser les revenus supérieurs à 5000 euros sur AirBnb et Blablacar. Apparemment ces deux faits sont totalement dissociés. Pourtant ils participent de la même logique. Les politiques ont parfaitement compris que grâce à Internet, la société civile peut se rebeller, s'organiser et au final - qui sait - se passer d'eux. Aussi, ils sont en train d'organiser leur riposte. N'est-ce pas Jacques Attali lui-même qui affirmait : "L'internet représente une menace pour ceux qui savent et qui décident. Parce qu'il donne accès au savoir autrement que par le cursus hiérarchique." Cette phrase est chaque jour un peu plus vraie. Alors que la "révolution digitale" fait désormais partie des marronniers, on commence à peine à prendre conscience du sens profond que cela recouvre. Il s'agit à peu près toujours du même processus : on voit émerger de la société civile de nouvelles initiatives qui échappent au contrôle de l'establishment politique. Ce dernier court derrière pour se positionner et tenter désespérément de conserver son pouvoir. Certains régimes progressistes veulent accompagner la transformation, d'autres se rigidifient et font tout pour l'empêcher. Mais il semble évident que la "société civile" a entre les mains un outil de destruction massive pour changer notre manière de faire de la politique à tout jamais. Un sondage réalisé par Opinion Way montre que 74 % des Français estiment que "les idées doivent venir des citoyens pour aider les élus à agir et décider" aussi les sondés "ont la perception que les entreprises publiques ou privées ont évolué en bien sur Internet pour dialoguer avec leurs clients (31 et 30 %), par l'intermédiaire des hotlines ou de Facebook par exemple. Ce n'est pas le cas des élus nationaux et locaux (seulement 10 et 20 %)". Une preuve supplémentaire que la finalité du web est bien d'apporter des contre-pouvoirs à la société civile : d'une part pour contester les politiques en place, d'autre part, pour organiser des structures en bottom-up, plutôt qu'en top-down. En voici la preuve par douze.

1) Faire la révolution avec Twitter

C'est sans doute l'exemple le plus cité, au point d'en être devenu une sorte de tarte à la crème. L'histoire dit que les bloggers tunisiens, suivis par d'autres pays d'Afrique du Nord, ont réussi à faire tomber les régimes dictatoriaux, en partie grâce à Twitter. La seconde révolution Orange en Ukraine a donné l'occasion aux comptes Euromaidan de s'illustrer. Désormais, chaque gouvernement sait qu'il peut tomber sous "la guillotine des réseaux sociaux".

2) Dévoiler les secrets d'état avec une url

Julian Assange, puis Edward Snowden illustrent également des exemples très connus. Comment aujourd'hui un État peut-il encore conserver des archives secrètes ou espionner les citoyens ? La NSA en a eu pour son compte. Un seul homme peut changer à lui seule la configuration de la diplomatie internationale. Rappelons au passage que Snowden a avoué que son seul objectif était de "dire au public ce qui est fait en son nom et ce qui est fait contre lui".


3) Empêcher le vote d'une loi avec une page Facebook

En France, le cas est resté d'école. En 2013, alors que le gouvernement de François Hollande s'apprêtait à faire passer une loi afin d'aligner la taxation du capital sur celle du revenu, les entrepreneurs et les start-upers montent une page Facebook et revendiquent "nous ne sommes pas des pigeons". En quelques jours, cette page dépasse les 100.000 membres. Les initiateurs passent dans les médias, négocient (plutôt mal) avec les politiques, mais obtiennent un retrait provisoire de la loi. Des inconnus ont réussi à modifier un agenda gouvernemental.

4) Demander la démission d'un gouvernement avec une pétition

La mission que s'est fixé le site change.org est "empower people everywhere to create the change they want to see". Cet outil à créer des pétitions engrange les succès et permet à la société civile de faire entendre sa voix y compris pour dénoncer certains gouvernements. Ainsi en Février 2013, en Espagne un million d'internautes ont signé une pétition pour demander la démission du gouvernement espagnol. Cet appel était motivé par la connaissance d'une affaire de corruption dans laquelle se trouvait impliqué le premier Ministre Mariano Rajoy, en personne.

5) Obliger un premier Ministre à s'excuser à l'aide d'un hashtag

Le président François Mitterrand avait dit qu'un politique ne doit jamais s'excuser. Aurait-il pu tenir de tels propos à l'ère de Twitter ? Récemment le premier Ministre français Manuel Valls s'est retrouvé sous le feu des critiques des internautes pendant plusieurs jours avec le #berlingate, l'opinion étant choqués par le fait qu'il ait utilisé un avion officiel pour aller voir le match Barca-Juventus en compagnie de ses enfants. Après quatre jours de critiques soutenues relayées sur la toile, le premier ministre a fini par s'excuser... On a découvert seulement récemment que Mitterrand avait sa table réservée au Fouquet's, grâce aux réseaux sociaux. Il est mort sans s'excuser, alors que Sarkozy, lui, doit encore s'excuser d'avoir fêter son élection dans le même restaurant.

6) Ne jamais oublier un scandale avec un moteur de recherche

Avec l'instauration du droit à l'oubli, la communauté européenne s'est sans doute distinguée au niveau mondial. N'importe quel citoyen peut désormais soigner sa e-réputation en remplissant un formulaire pour effacer les liens gênants. Certains voient cela comme un progrès. Mais on peut se demander si cette loi n'est pas en fait un recul ? En effet, un moteur de recherche permet aux citoyens de se renseigner pour qui ils votent au moment des élections. Et comme Google n'oublie rien, il offre aux internautes une mémoire infaillible pour se rappeler quel homme politique s'est fait prendre dans quelle affaire.

Tous les exemples évoqués précédemment démontrent avec évidence le moyen de pression inédit dont dispose la société civile contre les politiques. Mais une transformation bien plus profonde est en marche : celle qui permet à la société civile de faire émerger des mouvements qui, à terme, devraient lui permettre de se passer de l'establishment politique. En voici quelques exemples.

7) Couler un monopole d'état avec une application mobile

Qui aurait imaginé il y a quelques années qu'une multinationale du transport pouvait voir le jour grâce à une simple application mobile ? C'est pourtant l'exploit réalisé par la société Uber. Or, derrière le succès de ce modèle de l'économie on demand, ce que l'on voit moins, c'est la capacité à réorganiser le marché en cassant les monopoles des professions réglementées, constituées par l'état. Ainsi en France, c'est l'état qui a instauré le numérus clausus des taxis en vendant très cher des licences et en donnant ainsi le monopole à une profession. De nombreux politiques ont tenté de briser ce monopole, mais sans succès. Seule la concurrence d'Uber a permis un début de désenclavement. A suivre...

8) Faire maigrir l'état avec la e-administation

L'état est une structure qui a toujours tendu vers une excroissance du nombre des fonctions et des employés qui vont avec, le nombre de fonctionnaires tendant irréversiblement à augmenter. Grâce aux outils internet désormais disponibles, on commence à percevoir au sein même des états l'aspect redondant de certains postes et certains politiques lucides (parfois surtout par un manque de moyens) développent des projets de e-administration. On va enfin pouvoir simplifier la vie des citoyens. L'Estonie, par exemple, s'est affirmée comme un exemple à suivre en matière de e-administration.

9) Battre monnaie avec un disque dur

Depuis l'origine de l'humanité, battre monnaie est resté un privilège d'état. L'arrivée du Bitcoin est sans doute une première dans l'histoire de l'humanité. Il a suffi d'un disque dur, d'un code et d'un réseau d'experts, pour mettre en place une véritable monnaie qui permette des échanges mondiaux sans qu'un seul état ou une banque mondiale n'ait eu à intervenir.

10) Enseigner sans limites avec un Mooc

Plus besoin d'obtenir une carte verte pour aller étudier à Princeton. Il suffit de télécharger un podcast ou de s'inscrire à un Mooc. Où est le temps où les états détenaient le monopole de l'enseignement ? Autre conséquence : chaque individu peut désormais monter son école et en faire profiter à l'humanité toute entière.

11) Ré-écrire l'histoire avec un Wiki

L'écriture de l'histoire a toujours été l'un des privilèges que s'arrogent les establishments. Le pouvoir confère en effet aux politiques une mainmise, non seulement sur l'enseignement, mais également sur la capacité de diffusion des savoirs. Wikipédia a définitivement mis fin à ce monopole.

12) Traiter l'actualité internationale sur une plateforme de blog

Jadis seuls quelques privilégiés pouvaient se permettre une revue de presse internationale et savoir ce qui se disait de l'autre côté des frontières, voire y publier. On a vu les plateformes de blogs se développer et surtout les pure-players de dimension internationale. Politico, le célèbre outlet US qui vient d'ouvrir son bureau de Bruxelles est un bon exemple. Les éditorialistes de tous pays peuvent y partager leurs opinions.

Tous ces exemples montrent à quel point l'establishment politique a perdu pied et comment la société civile peut enfin exercer le contre-pouvoir qui est le sien. Il est évident qu'on ne fera plus jamais de la politique comme avant Internet. Bien sûr nous n'avons traité ici que le point de vue optimiste et cette transformation. Avant d'accorder un crédit naïf à cette nouvelle utopie, il convient cependant de se poser quelques questions : d'un côté, certains mouvements initiés grâce à Internet sont inquiétants. Ainsi, un groupe de terroristes peut maintenant instaurer une terreur globale grâce à une vidéo YouTube et déstabiliser la communauté internationale. D'un autre côté, certains états vont tout faire pour reprendre le pouvoir, à commencer par utiliser l'internet à l'encontre des citoyens et surveiller ces derniers, voire, les censurer.

On a donc à faire à un gigantesque work in progress dont il est difficile d'anticiper l'issue. Ce qui est certain, c'est que l'on assiste à une grande redistribution des pouvoirs. Nous ne ferons plus de la politique comme avant c'est certain, la question qui reste cependant ouverte est : fera-t-on mieux qu'avant ?

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