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Сентябрь
2015

"Le jeune public ne pardonne pas"

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Dirigée par Catherine Breu Fracheboud, La Bavette fête son quart de siècle et lance sa saison 2015-2016.

Au P'tit Théâtre de la Vièze à Monthey, la Bavette met à l'affiche des spectacles destinés au jeune public depuis vingt-cinq ans désormais. "Nous nous sommes installés dans les anciens abattoirs, d'où notre nom" , se remémore Catherine Breu Fracheboud.

Si elle ne dirige la structure que depuis 2001, la directrice a cependant l'histoire des débuts bien en tête. "Il y a vingt-six ans, les Tréteaux du Bourg avaient rénové le lieu et une équipe s'était dit qu'il fallait le faire vivre. Le terme Bavette est un clin d'oeil aux vaches et au fait de partager un moment à discuter. Il n'y a pas vraiment de rapport avec la petite lingette qu'on met autour du cou des bambins. Même si c'est à eux que nous nous adressons en premier."

En 2015, dans un monde dominé par les réseaux sociaux, les enfants s'intéressent-ils encore au théâtre?

Bien sûr. Pourquoi pas? A nous de les y amener. Pour y parvenir, j'ai envie de dire que notre programmation s'adresse à toute la famille, avec plusieurs niveaux de lecture. D'ailleurs, après les représentations, les gens viennent nous dire leur plaisir.

Le domaine lié au jeune public est vivant et inventif. Toujours plus de compagnies s'y activent, alors qu'à la base, c'était facilement considéré comme du sous-théâtre. Aujourd'hui, même les plus généralistes s'y mettent. Typiquement, les Petits chanteurs à la gueule de bois sont intégrés à notre calendrier dans un créneau inhabituel pour eux; jusqu'ici ils s'adressaient uniquement aux adultes. Il y a un joli champ à explorer pour les artistes, d'autant qu'il faut toucher juste. Le public enfantin ne pardonne pas!

Vous proposez aussi des ateliers. En vingt ans, êtes-vous parvenus à susciter des vocations?

Emilie, qui présentera la première création de la saison avec la compagnie des Rotules effrénées (voir encadré), m'a dit qu'elle adorait venir à la Bavette quand elle était petite!

Quant à nos ateliers, ils n'ont commencé qu'en 2004. Une dizaine d'années, c'est un petit peu tôt pour tirer un bilan. Le but reste d'initier les enfants au théâtre, pour qu'ils puissent être acteurs, pas spectateurs, et grimper sur la scène.

Chaque année, les thèmes sont différents, en lien avec la saison en cours. Ils sont des façons d'aborder la scène. Pour les artistes, cette démarche est aussi intéressante car ils arrivent mieux à appréhender à qui ils parlent.

Quels sont vos critères de sélection?

Nous avons toujours eu la volonté d'avoir des saisons éclectiques, intégrant du théâtre, de la danse, des marionnettes, de la musique. Les exigences artistiques et les coups de coeur s'y ajoutent. A travers des formes originales, nous essayons de toucher plusieurs générations. D'où un caractère toujours plus sélectif.

Nous allons voir beaucoup de spectacles mais tenons à faire la part belle aux créations. Dans ce contexte, il y a les compagnies que l'on connaît et celles qui ont de nouveaux projets. On mélange un peu tout ça.

Cette année nous avons décidé de faire confiance à Tiempos (marionnettes), Sugungga (danse et musique). Deux spectacles de compagnies dont nous avons déjà accueilli des créations.

Quels sont vos partenariats dans la ville de culture que se veut Monthey?

Des collaborations sont tissées avec les écoles et le Crochetan, qui fait notamment le lien avec les plus grands. Tout est pensé en prenant soin de se concerter sur les dates pour éviter les couacs de calendrier.

Nous participons aussi au Hik et nunk festival. En outre, certaines représentations se déroulent à la salle de la gare, pour profiter de sa configuration particulière, et à la Maison du monde.

Votre budget est de 220 000 francs annuels. Comment le réunissez-vous?

En tant qu'association à but non lucratif, le challenge est difficile à relever. Nous nous en sortons, en particulier grâce à une reconnaissance du canton et de la Ville.

Notre but est de continuer à proposer des nouveautés. Obtenir les subventions est un travail quotidien. La Ville nous a octroyé 10 000 francs supplémentaires cette année.

En parallèle, le nombre de nos représentations augmente. Sans oublier le Théâtre à la crèche destiné aux garderies, qu'on construit depuis deux à trois ans.

Votre taux de remplissage se monte à plus de 85%...

Parfois même à plus de 90%. Davantage de subventions nous permettrait d'accentuer notre offre. Mais le jeune public génère peu de recettes. Même si les tarifs des réalisations sont les mêmes, on ne peut pas faire les prix habituels.

La Bavette reste un lieu unique en Valais. Le seul théâtre labellisé pour faire de la création jeune public. Il y en a peu en Suisse romande.

Nous devenons un vrai pôle et c'est ce que nous voulons continuer à développer. C'est motivant.