De Nyon à l'Asie, parcours d'un écrivain engagé
Le Nyonnais Robert Zimmerman publie un premier roman. Rencontre avec un écrivain qui ne cède pas à la facilité.
marie-christine fert
m-c.fert@lacote.ch
Robert Zimmerman n'échappe pas à la règle commune aux grands voyageurs . Il est ici, à Nyon, en train de parler de son premier roman "Le scribe de Hérat" publié aux éditions du Tricorne, et en même temps se reflètent dans ses yeux des images d'un ailleurs. En l'occurrence de cette Asie centrale qu'il a appris à connaître. Lui qui porte le même patronyme que Bob Dylan, et dont le père est comme le chanteur originaire du Minnesota, a pris un jour la route, une route sinueuse, voire dangereuse, mais ô combien riche en rencontres.
Avant de quitter Nyon, ville qui l'a vu grandir, le comédien qu'il fut a été un citoyen engagé. Il y a vingt ans, il a été de ceux qui se sont mobilisés contre les autorités de l'époque pour que l'Usine à gaz devienne un lieu ouvert à la culture. Un engagement qu'il poursuivra au sein du Conseil communal de Nyon dans les rangs de feu le groupe Alternative socialiste verte...
Des missions pour le CICR
Et puis, à l'âge de 28 ans, Robert Zimmerman a décidé de tourner une page. D'ouvrir un nouveau chapitre, loin de la Suisse. Il posera d'abord son sac à Ramallah, en Palestine, avec un but bien précis: apprendre l'arabe. Un apprentissage qui a débouché sur une embauche au Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Sa première affectation le conduira en Afghanistan à l'époque des Talibans. Là, il rend visite à des prisonniers. En sillonnant ce pays en guerre, il découvre la ville d'Hérat, son atmosphère, se passionne pour son histoire, collecte de la documentation qui lui servira pour préciser le cadre de ce fameux premier roman. Les engagements pour le CICR se suivront et l'entraîneront dans le golf arabo-persique, en Irak, en Syrie, au Yémen...
A un moment donné, Robert Zimmerman a dit stop. "Au fil des missions, on perd en capacité d'absorption et on renonce à des choses sur le plan personnel", explique-t-il. Besoin d'un nouvel horizon: il y a un an, il choisit de s'installer à Paris, dans le quartier de Barbès. En France, il envisage de réorienter sa vie professionnelle dans l'aide aux handicapés mentaux.
L'écriture donc. Dans ce premier roman, "Le scribe d'Hérat", la calligraphie est au centre de son histoire. Lors d'un séjour au Maroc, il a visité une exposition et à découvert que cet art pouvait être très contemporain. Une passion est née. Il fallait un lieu, la ville d'Hérat, une époque, le XV e siècle. C'était alors la capitale de l'empire perse timouride. Le héros, un garçon à tout faire, devient le protégé de l'empereur. "Il m'a fallu un an et demi d'écriture. J'ai fait beaucoup de recherches historiques. J'avais aussi 30 pages de notes sur la calligraphie que j'avais envie de faire partager" , détaille l'auteur.
Depuis, un deuxième roman a vu le jour. Robert Zimmerman ne cède toujours pas à la facilité puisque pour cette nouvelle histoire, il entraîne ses lecteurs dans le Bagdad du XIII e siècle. Et un troisième est en cours de préparation. Il se déroule au VII e siècle entre la Palestine et l'Afrique du Nord. "Sans doute l'ouvrage le plus contemporain des trois" , observe-t-il en faisant référence à l'actualité. Pour la première fois de l'histoire, juifs et arabes se sont trouvés nez à nez en Palestine.
Temps d'adaptation
Citoyen du monde, Robert Zimmerman fait des allers- retours entre Paris et Nyon où il a toujours de la famille. "Je m'y sens encore chez moi! ", dit-il, même s'il ne cache pas qu'après des années passées à l'étranger, il lui faut toujours un temps d'adaptation pour retrouver ses marques. Assurément, elles reviendront vite lors du premier café culturel de l'Usine à gaz, le 23 septembre prochain dont il est l'invité. Un lieu symbolique de ses combats passés, une sorte de retour aux sources...