Le Nomes veut sortir les partis de leur torpeur face à l'UDC
L'Europe est quasiment absente du débat. Le mouvement pro-européen lance une tournée en Suisse.
Le constat est saisissant, le silence assourdissant. La question européenne ne prend quasiment aucune place dans la campagne pour les fédérales du 18 octobre. Les partis ne prennent pas position sur les suites de l'initiative anti-immigration du 9 février 2014. Hormis l'UDC, qui, forte de son succès devant le peuple, surfe évidemment sur le sujet, Dans ce contexte, le Nouveau mouvement européen suisse, le Nomes, appuie une proposition de sa section neuchâteloise.
Pourquoi les partis ne se mouillent-ils pas? Ont-il peur de se griller face à l'UDC, qui surfe sur la vague anti-européenne? "C'est exactement le sentiment du Nomes . Je pense que c'est dû au fait que les partis ne savent pas quelles réponses donner au sentiment d'insécurité actuel" , commente Caroline Iberg.
"Aucune solution miracle ne se dessine. Personne n'ose se prononcer sur Rasa" , poursuit la secrétaire générale adjointe du Nomes en évoquant l'initiative pour abolir le vote du 9 février. "Les partis ne savent pas comment se positionner alors que leurs candidats le souhaitent. Nous, nous voyons vraiment qu'il y a une volonté de s'exprimer."
"Tournée européenne"
Dans ce contexte, le Nomes a entamé mercredi soir dans le canton de Neuchâtel une tournée suisse pour évoquer cette question avec des candidats aux fédérales. Cette "tournée européenne" passera notamment par Fribourg, Lausanne, Genève et Berne. "Nous aimerions justement que nos membres et le public puissent enfin venir écouter les candidats s'exprimer sur ce sujet. Et découvrir quels sont les candidats qui s'expriment selon leurs idées concernant la question européenne" , relève Caroline Iberg.
Echéance cruciale
"Nous voulons aussi mettre les partis face à cette question importante, face à leurs responsabilités" , ajoute-t-elle. La question, à ses yeux, sera crucial lors de la prochaine législature. "D'une manière ou d'une autre, le peuple devra s'exprimer à nouveau. Il faut que les partis se prononcent." Force est de constater que sur la question européenne, le Nomes et l'UDC, à l'autre bout de l'échiquier, sont les seuls à n'avoir pas varié de ligne. Caroline Iberg qualifie cette situation de dangereuse.
Proposition neuchâteloise sur le vote du 9 février
Le Nomes ne baisse cependant pas les bras. Il appuie, dans le contexte actuel, la démarche de sa section neuchâteloise. "Les accords bilatéraux et un nouveau lien à l'Europe doivent être redéfinis par un vote populaire" , déclare celle-ci. Elle propose au Conseil fédéral d'amender l'article constitutionnel relatif à la mise en oeuvre de l'itinitiave contre l'immigration. "L'article 121b Cst de la Constitution excepte les Etats de l'Union européenne de l?article 121a."
L'objectif est multiple selon la section neuchâteloise du Nomes. "A l'abrogation pure et simple de l'article 121a, préconisée par l'initiative Rasa, est ainsi opposé un contre-projet proposant l'exception européenne. L'exception est régulièrement pratiquée par l'Union européenne" , précise-t-elle.
"Le 9 février 2014, le vote de nombreux citoyens suisses n'avait pas été dirigé contre la migration venue de l'UE. Cette exemption tendrait la main à la véritable intention de cette partie majoritaire du peuple suisse" , écrit-elle en conclusion. DANIEL DROZ
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