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Сентябрь
2015

L'aide suisse sur la route des Balkans

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De retour de la frontière serbo-hongroise, Manolo Caviezel, chargé de projets à la Chaîne du bonheur, livre son témoignage. La situation pourrait s'aggraver avec l'hiver.

Sara Sahli

Bloqués en Serbie devant la frontière hongroise, des milliers de réfugiés se retrouvent dans une extrême précarité.

Sur la route des Balkans jusqu'à hier pour suivre des projets d'aide d'ONG suisses, Manolo Caviezel (photo SSA), chargé de projet à la Chaîne du bonheur, témoigne de la situation et décrit les défis de l'aide humanitaire.

Quelle est la réalité des réfugiés à la frontière serbo-hongroise?

Le flux de réfugiés est impressionnant. Je suis parti de Belgrade vers le nord du pays. Tous les 200 m, on croise des groupes de personnes qui marchent pour rejoindre la frontière hongroise, le long des voies de chemin de fer et des autoroutes. Beaucoup de jeunes hommes, mais aussi des familles avec des enfants qui marchent pendant des heures sous la chaleur. Il faisait 32 degrés mardi en Serbie.

J'ai rencontré des réfugiés qui sont partis de la Syrie, beaucoup d'autres sont restés en Turquie quelques années avant de se résoudre à fuir à cause des tensions. Ils ne s'y sentent plus en sécurité.

Il y a tout un mélange de situations différentes. La majorité sont Syriens, ou disent l'être pour faciliter leur admission, mais beaucoup fuient d'autres pays, comme l'Irak, l'Afghanistan et le Pakistan.

Toutes ces personnes arrivent devant la frontière épuisées de leur périple.

Une frontière devenue aujourd'hui infranchissable...

Les réfugiés s'amassent devant, sans trop savoir ce qu'ils vont faire. Ils campent dans des tentes en face des forces de sécurités hongroises qui les surveillent de l'autre côté. Beaucoup dorment à la belle étoile.

Ces personnes sont désespérées, mais restent calmes. La situation ne semble pas aussi tendue que ce qu'on a pu lire ou entendre. Des réfugiés crient des slogans pour demander d'ouvrir la frontière ou pour dire merci à la Serbie.

Il y a une certaine solidarité, de la part du gouvernement serbe comme de beaucoup de citoyens, malgré la pauvreté. J'ai vu des vieilles dames apporter des vêtements et de la nourriture pour essayer d'aider.

Quels sont les défis de l'aide humanitaire sur la route de l'Europe?

Cette situation est assez particulière. Les lieux sont souvent difficiles d'accès. Les routes changent sans cesse, on ne sait pas toujours laquelle les migrants vont choisir et il faut s'adapter. De nombreux réfugiés prendraient aujourd'hui la direction de la Croatie (lire encadré).

L'autre défi est l'approche de l'hiver, les températures vont chuter rapidement, ces réfugiés devront aussi affronter le froid.

Comment se mobilisent les ONG suisses soutenues par la Chaîne du bonheur?

Des équipes mobiles d'aide à l'enfance et d'aide d'urgence se déploient de la Grèce à la Serbie.

Les réfugiés souffrent souvent d'épuisement, de déshydratation, et de blessures aux pieds. Les projets incluent des soins médicaux, de la distribution de nourriture, de vêtements, de produits d'hygiène. Les denrées sont généralement achetées sur place. La plupart des ONG s'appuient sur des organisations locales. La Serbie a été victime d'importantes inondations l'année passée et la Chaîne de Bonheur y avait financé des projets. Les réseaux ont pu être réactivés pour cette crise.

Vous vous rendez régulièrement dans les pays limitrophes de la Syrie. Quelle est l'urgence de la situation?

La Chaîne du bonheur va poursuivre son financement aux projets dans ces pays-là. Les besoins sont toujours immenses. Les personnes plus vulnérables, handicapées ou trop âgées ne peuvent pas entreprendre un tel périple. L'Europe prend conscience de la détresse des réfugiés, mais n'oublions pas la détresse de tous les déplacés internes.