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Сентябрь
2015

Mettre en valeur les belles formes

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A la remise en état et aux petits soins des belles courbes, le carrossier Jean-François Binggeli évoque l'évolution de son métier.

BERTRAND FAVRE

info@lacote.ch

Ils ont un penchant pour celles qui sont bien carrossées, mais peu importe qu'elles soient allemandes, italiennes, anglaises ou françaises: ils les aiment, les soignent, les opèrent. Ils déshabillent et rhabillent celles qui le méritent, refont une beauté à celles que le temps a usé, reconstituent celles qu'un coup du sort a détruit... Comme les grands couturiers ou des chirurgiens esthétiques, les carrossiers exercent une profession pleine de diversité.

En mutation permanente

Peintres, tôliers, serruriers, les métiers de la carrosserie deviennent de plus en plus pointus et les techniques progressent sans cesse. Changement de matériaux et évolution des outils, les carrossiers ne cessent d'adapter leurs connaissances. La formation est continue, car les constructeurs automobiles font évoluer matériaux et techniques de montage.

Jean-François Binggeli est actif dans la branche depuis plus de quarante ans. Il est tombé dans le chaudron alors qu'il était tout petit: "Mon père était carrossier, j'ai suivi son exemple. Il faut être passionné par les automobiles pour exercer ce métier. A 15 ans, je reconnaissais les carrosseries, les calandres et les logos de toutes les marques; aujourd'hui, c'est plus difficile. Bien des choses ont changé depuis mon apprentissage, les automobiles ne sont plus construites de la même façon et notre mode de vie s'est modifié. A mes débuts, une voiture à réparer se gardait le temps qu'il fallait, cela pouvait aller de quinze jours à trois semaines! Désormais, le client la veut presque le lendemain" , explique-t-il.

La voiture s'est métamorphosée au niveau de sa confection. Au début de l'ère de l'automobile les constructeurs accordaient une priorité certaine à l'esthétisme. Aujourd'hui, ils privilégient le confort et la sécurité. L'apport de nouvelles technologies et de matériaux innovants au niveau des composants électroniques a profondément modifié les règles. Les peintures, qui autrefois étaient toxiques, sont devenues inoffensives et beaucoup plus efficaces. L'eau a remplacé les solvants, le produit final sèche plus vite et la qualité est bien meilleure.

Pour limiter la consommation et permettre l'installation de systèmes de sécurité passive, les fabricants ont fait appel à des matériaux plus légers: pare-chocs, ailes et phares en plastique, capots en aluminium. Ces matériaux entraînent de nouvelles techniques à maîtriser. Les véhicules sont plus légers et la plupart des pièces ne se réparent plus, elles se remplacent.

"Ce n'est plus du tout le même métier , constate Jean-François Binggeli qui se souvient toujours de la première voiture qu'il avait dû remettre en état C'était une Alfa Roméo 1750. J'avais une certaine appréhension avant de commencer, je n'étais pas sûr d'y arriver. Il était important de bien réfléchir sur l'ordre dans lequel on allait entreprendre le travail qui demandait beaucoup de qualités manuelles: il fallait savoir taper la tôle qui réagissait selon la technique que l'on employait; on soudait, étamait et ajustait. Un réel rapport affectif se nouait avec la matière que l'on travaillait. La voiture que l'on avait entre les mains avait presque une âme, on la bichonnait. Aujourd'hui, le métier est plus large puisqu'il demande des connaissances techniques assez poussées, notamment en électronique, mais il a perdu une partie de son côté artisanal et émotionnel"

Prix à la hausse mais accidents graves en baisse

Selon le chef d'entreprise, les accidents ont diminué grâce à tous les dispositifs de sécurité équipant les voitures. Par contre, il est évident que les innovations comme la carrosserie déformable, les airbags et tous les avertisseurs électroniques protégeant les passagers en cas de choc, augmentent nettement les coûts de remise en état d'un véhicule accidenté.

Autrefois, les prix des réparations pouvaient différer d'un endroit à l'autre. Aujourd'hui, il devient inutile de négocier à gauche et à droite: les pièces se remplacent, les devis se calculent via informatique selon un formel bien établi, les prix deviennent donc quasi uniformes partout: "Il y a quelques années, les devis étaient un peu évalués à la louche; mais une fois le prix fixé, on s'y tenait. C'était une autre façon de travailler, on prenait le temps de discuter et de faire les choses les unes après les autres. C'était plus relax" , confie le carrossier, un rien nostalgique.