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Сентябрь
2015

Une vie au milieu du Bois de Chênes

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Florian et Martine Guex Meier vont devoir quitter, l'âme en peine, la ferme qu'ils habitent depuis trente-sept ans.

suter@lacote.ch

La ferme du Bois de Chênes, magnifique bâtisse du XVII e siècle, va subir une rénovation douce (La Côte du 7 août). Il n'en demeure pas moins que jusqu'à ce jour, hormis la quiétude et la beauté des lieux, il fallait avoir un sacré tempérament, doublé d'une certaine dose d'abnégation, pour y vivre. C'est donc avec un pincement au coeur, mais aussi avec un certain soulagement que Martine Guex Meier et Florian Meier, tous deux biologistes, cherchent une solution de logement à moyen terme.

" Nous sommes arrivés ici en 1978, alors que nous étions de retour du Zaïre, évoque Florian Meier. Nous connaissions très bien la famille Bardet qui y a habité de 1966 à 1978, puisque Luc Bardet était mon assistant en botanique lorsque j'étais encore étudiant. Cette famille avait entendu parler de la possible création dans la ferme d'un centre de conférence pour l'Etat de Vaud. Ils ont eu peur de devoir quitter les lieux en trois mois avec leurs cinq enfants. Ils ont donc cherché un logement et sont partis. Ils étaient au bénéfice d'un "gentleman agreement" avec l'Etat. Ils ne payaient pas de loyer, mais en contrepartie, ils devaient surveiller et entretenir les lieux. Car la maison, abandonnée entre 1961 et 1966, avait subi quelques actes de vandalisme. Nous avons cherché un remplaçant, mais comme personne ne s'est annoncé, alors mon épouse et moi sommes venus habiter ici en 1978. Notre fils y est né ".

 

Un confort rudimentaire

 

Le lieu, bucolique à souhait, convient parfaitement à la famille Meier. Mais la vie y est rude. Un potager à bois à la cuisine tente de chauffer la pièce. Le couloir d'entrée est particulièrement frais. Si c'est agréable en pleine période de canicule, ça doit l'être nettement moins en hiver. Les murs témoignent de l'humidité constante qui règne en ces lieux. " Nous faisons tout notre bois nous-même, soit 25 stères par saison. Mais si on doit travailler à l'étage, on a très vite froid. Pulls en laine, bonnets et jaquettes sont de rigueur ", témoignent-ils. L'antique téléphone mural, dans le corridor, ne permet pas de sélectionner des touches pour choisir dans les menus de l'administration. C'est encore en tournant le cadran avec l'index que l'on compose le numéro! Par souci d'écologie, le couple a opté pour des toilettes sèches; ce que le jardin potager en permaculture apprécie grandement. Les légumes, choyés par Martine, permettent à la famille de profiter au maximum des ressources naturelles que leur offre le lieu.

Le Bois de Chênes, ce sont 15 km de sentiers à entretenir et 17 km de lisières, tous sur territoire de Genolier. Classé depuis 1966, il affiche une surface de 140 hectares, propriété à 80% de Genolier, 15% de Coinsins et 5% de Vich. " Au début, je devais faire le gendarme, car des personnes venaient faire du cross en moto. D'autres cherchaient par tous les moyens à venir en voiture. Aujourd'hui, le Bois de Chênes est beaucoup plus fréquenté, la population a augmenté, mais les gens connaissent et respectent davantage le site" , reconnaît Florian Meier. Des jeunes, sermonnés parce qu'ils ne respectaient pas les lieux, avaient dû travailler bénévolement un samedi dans la réserve. Leurs parents, enchantés de voir leur progéniture occupée aussi intelligemment, avaient demandé à Florian Meier s'il ne voulait pas renouveler la punition plusieurs samedis de suite!

 

Hommage de ses pairs

 

En attendant de trouver un nouveau lieu de vie en accord avec sa sensibilité, Florian Meier continuera jusqu'à la fin à entretenir les chemins, nettoyer les creux de feu, organiser des visites-découvertes pour les curieux et pour les écoliers, et ce jusqu'au passage de témoin à des plus jeunes. Mais ce travail ne sera plus entièrement assuré de façon bénévole.

Jacqueline Fossati, biologiste à Begnins et vice-présidente du Cercle des sciences naturelles Nyon-La Côte, - association que préside Florian Meier - lui rend hommage: " En se basant essentiellement sur le bénévolat et pendant trente-sept années, Florian Meier a travaillé d'arrache-pied à la gestion de cette zone protégée, classée depuis d'intérêt national. Il a su motiver de nombreuses personnes pour entretenir des haies et lisières, installer des barrières, ac compagner des projets de recherche, etc... Avec Roger Corbaz, agronome bien connu pour sa conservation des variétés d'arbres fruitiers, et de bonnes équipes de bénévoles, il a planté quelque 60 arbres fruitiers, devançant d'une génération le projet actuel. Il fut activement secondé par sa femme Martine. Idéaliste et sans aucune ambition de carrière personnelle, Florian a su faire aimer et connaître le Bois de Chênes à nombre de jeunes et naturalistes de la région. Si les instances cantonales et communales qui se lancent dans de nouveaux projets pour le Bois de Chênes disposent d'un patrimoine écologique de valeur, à la richesse soigneusement entretenue, elles le doivent à Florian Meier. Il serait temps de lui témoigner la reconnaissance qu'i l mérite! " conclut-elle.