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Сентябрь
2015

"Réfugiés de guerre" : Sarkozy clôt la foire aux propositions de la droite sur les migrants

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MIGRANTS - Mieux vaut tard que jamais. Dans un entretien publié ce jeudi 10 septembre dans Le Figaro, le président du parti "Les Républicains" (LR), Nicolas Sarkozy, détaille pour la première fois ses solutions pour remédier à la crise des migrants. S'il avait déjà évoqué certaines de ces pistes (centres de rétention aux portes des foyers de départ, refus des quotas, Schengen II) lors de l'université d'été du parti ce week-end à La Baule, l'ancien chef de l'Etat a décidé d'innover en préconisant la création d'un statut de "réfugié de guerre" censé offrir un asile temporaire aux migrants fuyant la Syrie, l'Afghanistan ou l'Irak.

Alors que la France a commencé à accueillir 24.000 réfugiés sur son territoire, Nicolas Sarkozy estime qu'il y a "trois flux migratoires de nature différente qui appellent des réponses différenciées". Il y a d'une part "les migrants économiques que la France n’a plus les moyens d’accueillir que de façon extrêmement limitée", d'autre part "les réfugiés politiques que nous avons toujours accueillis au nom de notre tradition humaniste qu’il serait inacceptable de modifier". Le troisième flux sont "les réfugiés de guerre, obligés de fuir provisoirement leurs pays en voie de désintégration -c’est le cas de l’Irak ou la Syrie- que nous devons accueillir pour la seule période des conflits et qui ont donc vocation à rentrer chez eux une fois la paix rétablie. Ces derniers doivent être distingués des réfugiés" politiques, explique-t-il encore.

Une voie médiane entre FN et PS

Plutôt discret pendant l'été, Nicolas Sarkozy semble désormais résolu à passer à l'offensive en proposant une voie médiane entre celle proposée par le Front national (qui refuse catégoriquement tout accueil) et celle du Parti socialiste (rallié à l'accueil des réfugiés). Reste que ce délicat exercice de synthèse intervient bien tard alors que la plupart des ténors de l'opposition ont déjà livré (dans le désordre) leurs propres propositions pour tenter de répondre à la crise humanitaire qui sévit aux portes de l'Europe.

C'est d'ailleurs là le principal défi du président de "Les Républicains": alors que le parti conservateur organise un séminaire sur l'immigration le 16 septembre, les partisans d'une politique généreuse et fidèle à la tradition humaniste de la France s'opposent frontalement aux apôtres de la fermeté à l'égard de ceux qu'ils qualifient d'immigrés clandestins. De Jean-Pierre Raffarin à Xavier Bertrand, de François Fillon à Eric Ciotti, la droite française a décidément du mal à parler d'une seule et même voix sur un sujet qui divise profondément son électorat.

Retour sur ces (nombreuses) lignes de fracture.

QUOTAS, POUR OU CONTRE?


Nicolas Sarkozy l'affirme et le réaffirme: "Les quotas dès maintenant comme seule réponse constitueront un engrenage sans fin". C'est la théorie de "l'appel d'air", très populaire à droite et à l'extrême droite, selon laquelle une répartition indifférenciée des réfugiés se présentant aux portes de l'Europe inciteraient d'autres populations à l'exil économique. Ce refus des quotas, partagé un temps par François Hollande qui s'y est finalement rallié, est partagé par de nombreux ténors de l'ex-UMP, à commencer par Xavier Bertrand et Christian Estrosi. A l'inverse, l'ancien centriste Jean-Pierre Raffarin, plaide pour une "politique organisée" entre les pays de l'Union européenne au moyen de quotas qui auront l'avantage d'alléger la charge de l'accueil des réfugiés. "Cela permettra de dire aux gens: il y a des limites, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, donc on plafonne", estime l'ancien premier ministre. Son lointain successeur à Matignon, François Fillon, estime qu'il s'agit d'une "pure question technique".

ATTAQUER (OU PAS) DAESH SUR LE SOL SYRIEN


Si chacun à droite s'accorde sur la nécessité d'éradiquer la menace posée par Daesh en Syrie et en Irak, les moyens d'y parvenir sont loin de faire l'unanimité. Le député Bruno Le Maire a mis les pieds dans le plat en préconisant d'envoyer "un nombre limité de troupes françaises" combattre l'Etat islamique sur le sol syrien. Un scénario rejeté en bloc par François Fillon. "Il faut être raisonnable et sérieux : on ne va pas envoyer des soldats français tout seuls régler la question en Syrie. Pour faire quoi? Pour s’allier avec M. Bachar al-Assad ou pour s’allier avec les gens de l’état islamique? Ceux qui proposent ça n’ont pas réfléchi", tranche le premier ministre.

Le secrétaire général des Républicains Laurent Wauquiez prône quant à lui une solution intermédiaire avec l'envoi sur zone de "troupes au sol, mais organisées par des forces venant du monde arabe". Preuve de l'embarras que suscite la crainte de l'embourbement, Nicolas Sarkozy oscille sur la même ligne. Pas d'infanterie française au sol mais des "experts" censés guider les bombardements alliés et épauler une armée arabe.

DES RÉFUGIÉS DANS DES VILLES DE DROITE?


Là encore, la question divise les maires Républicains. Alors que l'Etat a fait appel aux villes volontaires pour accueillir des réfugiés syriens, plusieurs édiles ont opposé un refus ferme. "La ville de Saint-Quentin n'accueillera pas de nouveaux réfugiés. Je ne sais pas les accueillir, je ne sais pas les former, je ne sais pas les intégrer, je ne sais pas leur donner un emploi", tranche le député-maire Xavier Bertrand. Favorable au principe du volontariat, l'ancien ministre François Baroin, président de l'Association des maires de France, a toutefois annoncé qu'il n'accueillerait pas de réfugiés dans sa ville de Troyes.

Tout le contraire d'Alain Juppé qui a indiqué que Bordeaux Métropole et les communes qui la composent seront "disponibles et mobilisées" pour accueillir les demandeurs d'asile. "Chacun doit faire selon ses capacités", résume Nicolas Sarkozy.

ACCUEILLIR MAIS SEULEMENT DES CHRÉTIENS?


S'il dénonce "l'inhumanité" du FN vis à vis des demandeurs d'asile, Nicolas Sarkozy n'a pas livré son opinion sur les maires de son propre parti qui conditionnent l'accueil de réfugiés à leur confession religieuse. En région Rhône-Alpes, le député-maire LR de Roanne a annoncé qu'il était d'accord pour accueillir des réfugiés à la condition qu'ils soient chrétiens. "Ce que je souhaite, c'est qu'on puisse avoir l'absolue certitude que ce ne sont pas des terroristes déguisés. C'est la raison pour laquelle demander à ce que ce soit des chrétiens peut représenter une garantie suffisante", avait déclaré Yves Nicolin. "Je ne fais pas de tri, je choisis d'accueillir ceux qui sont le plus persécutés : quand on est chrétien en Syrie ou en Irak, on risque la mort et je pense que nous pouvons faire un geste pour ces communautés", a justifié de son côté le maire de Belfort Damien Meslot.

"Le droit d'asile est conféré par le préambule de la Constitution, c’est l'honneur de notre pays qui est le pays de la déclaration des Droits de l'Homme ( ) . Il n'est pas divisible", a opposé François Baroin.

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