Il faudra bien détruire Daech
TERRORISME - L'apparition puis l'enracinement de l'État islamique, et dans une moindre mesure du Front al-Nosra, sur un vaste territoire à cheval entre l'Irak et la Syrie, a littéralement bouleversé l'ordre régional et mondial. Pour les populations locales, chaque jour apporte son lot d'atrocités, que nous observons de très loin, médusés par une propagande qui nous révulse et nous dépasse. Par milliers, des hommes, des femmes, des enfants prennent la route de l'exode, fuyant la guerre et les persécutions. En proie à de profondes tensions identitaires, les sociétés occidentales ne sont pas en reste. Elles sont devenues le bassin de recrutement de repris de justice en mal de reconversion, de paumés en mal de reconnaissance, qui pour beaucoup finissent fossoyeurs, tortionnaires ou assassins. Surtout, nos villes sont désormais un champ de bataille pour le moindre illuminé un tant soit peu aguerri.
Plus encore qu'Al-Qaïda en son temps, l'État islamique exerce sur les individus enclins à se rallier à son étendard une force d'attraction extraordinaire. Et à la différence des groupes qui l'ont précédé, il bénéficie des immenses ressources issues du pétrole. Il est la tête la plus grosse, la plus vorace, la plus dangereuse de l'hydre terroriste qui voudrait dévorer tout à la fois le Moyen-Orient, le Sahel, le Nigeria, le Maghreb, la Corne de l'Afrique, l'Afghanistan, et qui prétend placer le monde entier sous son joug. Elle est celle que nous devons abattre en priorité.
Il y a un an, la coalition commençait sa campagne de frappes aériennes. Depuis lors, des milliers d'objectifs ont été tués ou détruits: hommes, mais également infrastructures, transports et armements. Pour autant, l'État islamique n'a pas desserré son étreinte. Et ses troupes poursuivent même leur progression, certes à un rythme moindre, notamment dans la direction de Damas.
De fait, si les bombardements lui infligent des dommages non négligeables, et le contiennent à peu près, ils ne suffisent pas à l'anéantir. On évoque même le chiffre de dix années de guerre... pour un but qui reste encore à définir. Dans ce contexte stratégique où ni l'armée irakienne, ni les Kurdes, ni encore moins les forces gouvernementales ou les insurgés syriens, ne sont en mesure de reprendre pied sur les territoires perdus, il semble évident que seule une intervention au sol permettrait de vaincre Daech, ou en tout cas de l'affaiblir suffisamment.
La perspective de l'enlisement, la crainte de heurter les opinions publiques ont très tôt conduit les chefs des États engagés dans la coalition à écarter cette option qui apparaît de plus en plus inéluctable. Il ne s'agit pas de jouer les va-t-en-guerre. De dire, comme on l'entend de plus en plus, qu'il faut à tout prix et immédiatement aller en découdre. Sans préparation, c'est-à-dire sans un travail préalable incluant les Russes et les Iraniens, sans un mandat clair de l'ONU, sans une large coalition composée en majorité d'États de la région, sans un objectif militaire précis, articulé avec une solution internationale au moins temporaire, le remède pourrait s'avérer pire que le mal, et équivaudrait à un grand saut dans l'inconnu.
La base d'une telle action doit être à la fois rapidement concertée, et réfléchie dans une perspective de long terme. On ne nettoiera pas le terrain pour le rendre à des États au bord de l'implosion, dont les frontières, tracées arbitrairement après la chute de l'Empire ottoman, ne tiennent aucun compte de la grande complexité ethnique et religieuse de la région ; on ne débarrassera pas les populations locales de leurs bourreaux actuels, pour les livrer aussitôt à d'autres, aux prochains qui ne manqueront pas de surgir, profitant de l'anarchie ambiante.
La France a sans nul doute un rôle-clef à jouer dans cette partie dont dépendent la liberté et la sécurité de millions d'êtres humains.
Sur le plan militaire, elle tient son rang, à la limite de ses capacités. Notamment au Sahel, où elle est bien seule, aux côtés de ses alliés africains, pour contrer les groupes djihadistes Ansar Dine, Aqmi et Al-Mourabitoune. Mais dans l'hypothèse d'une opération terrestre contre Daech, il est difficilement crédible qu'elle s'exempte d'un effort supplémentaire. Notre doctrine d'emploi des forces, révisée à la hâte après les attentats de janvier, a conduit le chef de l'État à déployer 10.000 soldats sur le territoire national. Nous pourrons trouver des marges de manœuvre nécessaires à une nouvelle intervention si nous nous rendons à cette évidence que les gardes statiques ne sont pas l'alpha et l'oméga de la lutte contre le terrorisme.
Sur le plan diplomatique, elle peut faire beaucoup plus. Elle a une connaissance ancienne et intime de la région; elle a une voix écoutée, qui fut notamment celle du président Chirac lorsqu'il mit en garde les États-Unis qui s'apprêtaient à ouvrir la boîte de Pandore; elle a un message, de tolérance et de liberté, dont la résonnance est universelle. Et pourtant, elle n'a pas encore fixé son cap. D'abord à la remorque de ceux dont elle avait, en son temps, dénoncé la politique unilatérale, elle peine aujourd'hui à hiérarchiser ses priorités et ses ennemis.
Notre pays n'a en tout état de cause pas vocation à rester le spectateur inerte du drame humanitaire qui se joue à ses portes, ni à se contenter d'une gestion, d'ailleurs particulièrement impulsive et hasardeuse, des conséquences de la crise. Il peut et doit mieux faire, en contribuant à susciter la solution géopolitique qui, combinée à une action militaire renforcée, pourra refermer le gouffre du chaos, et créer les conditions d'une stabilité durable.
Plus encore qu'Al-Qaïda en son temps, l'État islamique exerce sur les individus enclins à se rallier à son étendard une force d'attraction extraordinaire. Et à la différence des groupes qui l'ont précédé, il bénéficie des immenses ressources issues du pétrole. Il est la tête la plus grosse, la plus vorace, la plus dangereuse de l'hydre terroriste qui voudrait dévorer tout à la fois le Moyen-Orient, le Sahel, le Nigeria, le Maghreb, la Corne de l'Afrique, l'Afghanistan, et qui prétend placer le monde entier sous son joug. Elle est celle que nous devons abattre en priorité.
Il y a un an, la coalition commençait sa campagne de frappes aériennes. Depuis lors, des milliers d'objectifs ont été tués ou détruits: hommes, mais également infrastructures, transports et armements. Pour autant, l'État islamique n'a pas desserré son étreinte. Et ses troupes poursuivent même leur progression, certes à un rythme moindre, notamment dans la direction de Damas.
De fait, si les bombardements lui infligent des dommages non négligeables, et le contiennent à peu près, ils ne suffisent pas à l'anéantir. On évoque même le chiffre de dix années de guerre... pour un but qui reste encore à définir. Dans ce contexte stratégique où ni l'armée irakienne, ni les Kurdes, ni encore moins les forces gouvernementales ou les insurgés syriens, ne sont en mesure de reprendre pied sur les territoires perdus, il semble évident que seule une intervention au sol permettrait de vaincre Daech, ou en tout cas de l'affaiblir suffisamment.
La perspective de l'enlisement, la crainte de heurter les opinions publiques ont très tôt conduit les chefs des États engagés dans la coalition à écarter cette option qui apparaît de plus en plus inéluctable. Il ne s'agit pas de jouer les va-t-en-guerre. De dire, comme on l'entend de plus en plus, qu'il faut à tout prix et immédiatement aller en découdre. Sans préparation, c'est-à-dire sans un travail préalable incluant les Russes et les Iraniens, sans un mandat clair de l'ONU, sans une large coalition composée en majorité d'États de la région, sans un objectif militaire précis, articulé avec une solution internationale au moins temporaire, le remède pourrait s'avérer pire que le mal, et équivaudrait à un grand saut dans l'inconnu.
La base d'une telle action doit être à la fois rapidement concertée, et réfléchie dans une perspective de long terme. On ne nettoiera pas le terrain pour le rendre à des États au bord de l'implosion, dont les frontières, tracées arbitrairement après la chute de l'Empire ottoman, ne tiennent aucun compte de la grande complexité ethnique et religieuse de la région ; on ne débarrassera pas les populations locales de leurs bourreaux actuels, pour les livrer aussitôt à d'autres, aux prochains qui ne manqueront pas de surgir, profitant de l'anarchie ambiante.
La France a sans nul doute un rôle-clef à jouer dans cette partie dont dépendent la liberté et la sécurité de millions d'êtres humains.
Sur le plan militaire, elle tient son rang, à la limite de ses capacités. Notamment au Sahel, où elle est bien seule, aux côtés de ses alliés africains, pour contrer les groupes djihadistes Ansar Dine, Aqmi et Al-Mourabitoune. Mais dans l'hypothèse d'une opération terrestre contre Daech, il est difficilement crédible qu'elle s'exempte d'un effort supplémentaire. Notre doctrine d'emploi des forces, révisée à la hâte après les attentats de janvier, a conduit le chef de l'État à déployer 10.000 soldats sur le territoire national. Nous pourrons trouver des marges de manœuvre nécessaires à une nouvelle intervention si nous nous rendons à cette évidence que les gardes statiques ne sont pas l'alpha et l'oméga de la lutte contre le terrorisme.
Sur le plan diplomatique, elle peut faire beaucoup plus. Elle a une connaissance ancienne et intime de la région; elle a une voix écoutée, qui fut notamment celle du président Chirac lorsqu'il mit en garde les États-Unis qui s'apprêtaient à ouvrir la boîte de Pandore; elle a un message, de tolérance et de liberté, dont la résonnance est universelle. Et pourtant, elle n'a pas encore fixé son cap. D'abord à la remorque de ceux dont elle avait, en son temps, dénoncé la politique unilatérale, elle peine aujourd'hui à hiérarchiser ses priorités et ses ennemis.
Notre pays n'a en tout état de cause pas vocation à rester le spectateur inerte du drame humanitaire qui se joue à ses portes, ni à se contenter d'une gestion, d'ailleurs particulièrement impulsive et hasardeuse, des conséquences de la crise. Il peut et doit mieux faire, en contribuant à susciter la solution géopolitique qui, combinée à une action militaire renforcée, pourra refermer le gouffre du chaos, et créer les conditions d'une stabilité durable.
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