La Grèce, berceau de la civilisation occidentale, a besoin de dirigeants
INTERNATIONAL - L'invitation venait de la part de la directrice du Musée National d'Art Moderne à Athènes, Madame Katerina Koskina et de Monsieur Nikos Xydakis, ministre de la Culture du gouvernement SYRIZA. L'ordre du jour: la présentation aux journalistes du nouveau musée d'Art Modern d'Athènes. L'intérêt au point de vue journalistique énorme; la construction, la finalisation et la présentation du projet est devenu depuis bien longtemps un vrai enjeu politique.
Nous accompagnions notre Ministre dans des salles du nouveau Musée, d'une beauté extraordinaire mais hélas vides de collections! Etonnant, pour un Musée mais c'est la réalité. Le nouveau Musée National d'Art Moderne ne dispose pas le budget nécessaire ni pour les études muséographiques et muséologiques, ni pour le personnel, la sécurité, et la maintenance du bâtiment nous explique la Directrice Katerina Koskina.
Selon la nouvelle Directrice, pour une étude muséologique sont nécessaires au moins 12 mois de travail. Cette manque des fonds et cette bureaucratie "chronique" grecque nous fait croire toujours selon la Directrice que le musée ne pourrait être inauguré qu'à 2018. Par contre le ministre Nikos Xydakis se présente plus optimiste, en nous assurant que le musée sera ouvert dans les 6 mois qui suivent.
Nous étions le 16 mai 2015. En septembre 2015, quatre mois après cette visite "extraordinaire" et restant sans nouvelles de dates d'ouverture du Musée, la Grèce se prépare à nouveau à des élections parlementaires anticipées. Entretemps le contrôle des capitaux, le référendum, un nouveau mémorandum, la démission du gouvernement et les élections qui vont suivre vont remettre cette fameuse ouverture du nouveau musée, aux calendes grecques.
Ce projet risque de rester éternellement inachevé et devenir l'exemple de la mentalité des dirigeants du pays qui a conduit la Grèce dans une impasse et une crise économique profonde et sans fin. Le Musée National d'Art Moderne d'Athènes est probablement le dernier projet de la Grèce parmi les autres grands projets désignés pour les jeux olympiques d'Athènes en 2004.
Des projets pharaoniques inachevés
Athènes est peut-être la seule capitale européenne qui ne dispose pas d'un musée d'art moderne. Thessalonique, deuxième ville au nord du pays, dispose déjà deux musées avec des riches collections.
L'année 1997 fut la date de la présentation écrite du projet. Les œuvres et les collections restaient temporairement, aux sous-sols du Conservatoire d'Athènes, jamais exposées au grand public en attendant un nouveau bâtiment, une nouvelle maison. Finalement, les gouvernements successifs et les divers ministres de la Culture décident d'installer le nouveau musée tout près de l'Acropole, dans la veille brasserie Fix sur l'avenue Syngrou l'axe qui relie le centre d'Athènes à la mer.
Selon le projet initial l'Avenue Syngrou, serait l'axe culturel de la capitale grecque avec le musée de l'Acropole, la Fondation Culturelle Onassis, la nouvelle Opéra d'Athènes, la nouvelle Bibliothèque Nationale et le grand parc de la Fondation Niarchos au bord de la mer. Les musées de l'Acropole et de l'Art Moderne sont financés par l'Etat grec et les deux autres projets par les fondations privées d'Onassis et de Niarchos. C'est fut l'époque où le gouvernement socialiste de Kostas Simitis croyaient fort à l'idée que la capitale grecque pourrait devenir un grand Centre Sportif et Culturel International suite à l'organisation des jeux olympiques et des travaux gigantesques ont été entrepris par les gouvernements successifs.
Des beaux rêves et des grandes paroles jamais réalisées. Le gouvernement de Kostas Karamanlis qui succède au pouvoir en 2004 échoue à privatiser les installations olympiques, les stades et les bâtiments tombent en ruines. Le musée de l'Acropole ouvre finalement en 2008, quatre ans après la clôture des jeux olympiques et le musée de l'Art Moderne reste toujours un projet qui attend son tour. Par contre, l'édifice de la Fondation Culturelle Onassis a été inauguré en 2010 selon son plan initiative et l'Opéra et la Bibliothèque seront ouverts en 2016 dans les délais prévus.
Le musée de l'Art Moderne n'est pas le seul projet culturel inachevé de la capitale grecque. Le grand projet d'extension du musée National Archéologique est annulé. La construction du musée d'art folklorique est arrêtée plusieurs fois. Le nouveau musée de Maria Callas et la transformation de sa maison en musée restent toujours que des projets sur papiers. L'extension de la Pinacothèque Nationale n'a commencé que l'année dernière après un retard considérable.
Dans un pays comme la Grèce traversant une crise sans précédant son économie est basée sur l'étroite rapport de sa culture et de son tourisme. La construction des musées reste infinie, les collections sont toujours dans les dépôts et l'état perd de l'argent, incapable en avoir de valeur ajouté de son patrimoine culturel.
Pas de réforme administrative mais des nouveaux fonctionnaires en plus
Selon Katerina Koskina le nouveau musée de l'Art Moderne a besoin au moins de 70 personnes pour pouvoir fonctionner correctement. La réponse du ministre de la culture est un recrutement immédiat des nouveaux fonctionnaires. Chose impossible selon les clauses du dernier mémorandum signé avec les créanciers qui réclame la diminution des fonctionnaires. Quoi plus simple que de transférer des employés d'autres services publiques surpeuplées au nouveau musée? Mais aucun gouvernement n'y pense. Absurde et Kafkaïen à la fois.
Les promesses des nouvelles places de travail dans le secteur public restent toujours la solution facile pour tous les partis politiques grecs et surtout pour SYRIZA, un parti qu'y oppose à toute privatisation et toute diminution de l'administration publique.
Par contre, la raison principale de la crise économique grecque était l'endettement du secteur public. Mais la Grèce n'a jamais reformé le secteur public. Parce que chaque parti fidèle au système de clientélisme augmente les postes et les places dans l'administration publique pour "placer" des sympathisants et des militants de son camp.
Les ministres grecs gagnent en appréciation quand ils arrivent à "placer" ses électeurs de leurs circonscriptions dans l'administration. Au moment de l'ouverture du musée de l'Acropole Antonis Samaras (premier ministre de juin 2012 - à janvier 2015, parti de la Nouvelle Démocratie) était le ministre de la culture. La plus grande partie des fonctionnaires ayant été embauché au musée venaient de la conscription du Ministre de la Culture, la Messinia, au sud de Péloponnèse. Autrement dit, même pour les ministres de la culture l'ouverture des musées et leur fonctionnement n'est pas dans la perspective de l'application d'une politique culturelle, mais dans la perspective d'un renvoie d'ascenseur à ses électeurs.
Au moment de la signature du premier mémorandum par le premier ministre Georges Papandreou (octobre 2009 - novembre 2011, PASOK) en 2010 personne n'était capable de donner le nombre exacte de fonctionnaires du secteur publique. Il aurait fallu organiser une inscription électronique pour donner des chiffres précis et initier la première réforme sérieuse de l'administration publique grecque. Evidement cette réforme a été vite oubliée, restant lettre morte. Aucun mémorandum n'a pu empêché les gouvernements grecs de continuer le recrutement des nouveaux fonctionnaires. Le 20 août 2015, un jour avant la démission de son gouvernement, Alexis Tsipras a signé le recrutement des nouveaux fonctionnaires, des militants bien évidement de son parti SYRIZA.
Management des musées ? Question inconnue en Grèce
Pour le fonctionnement du musée de l'Art Moderne est nécessaire un organigramme. Malheureusement aucun musée public en Grèce ne dispose pas d'organigramme. La seule exception le musée de l'Acropole. Il fonctionne avec un organigramme, mais il s'agit de celui de sa construction ! Les musées fonctionnent sous le contrôle strict du ministère de la Culture. Aucune décision n'est jamais prise sans l'autorisation des bureaucrates du ministre. Même pour les horaires de l'ouverture des musées il faut la signature du ministre. Au mois de septembre les musées publics ne savent pas leurs horaires de la saison d'hiver qui commence le 1er novembre 2015. La décision signée par le ministre arrivera la dernière semaine d'octobre.
Le résultat négatif de cette bureaucratie ne se reflète pas seulement sur la programmation des expositions mais aussi sur les revenus des musées. Pas de promotions spécifiques, pas d'éditions particulaires, pas des boutiques de ventes des objets, pas d'événements privés. L'état grec refuse d'introduire des méthodes modernes de management des musées et du patrimoine archéologique et culturel se privant ainsi d'importantes ressources financières.
Des élections vides de contenu comme le musée vide
Notre promenade dans le musée vide est terminée. Nikos Xydakis le ministre de la culture du SYRIZA, bien content avec ses promesses, sort un cigare de sa poche et il prend son briquet. Katerina Koskina, la directrice du musée, l'informe que le détecteur de fumée se mettra en route. Tant pis. Le ministre allume le cigare et l'alarme se déclenche ! La situation réelle de la Grèce aujourd'hui. Un pays qui marche au vacuum sans respect à aucune règle, sans orientation, naufragé dans sa crise, qui depuis les jeux olympiques de 2004 détruit ses potentielles comme par exemple le patrimoine culturel. Le bâtiment vide du Musée Nationale de l'Art Moderne est la réflexion de cette situation absurde : un pays avec les caisses vides, les projets inachevés, l'administration publique sans management, le secteur privé sans opportunités à se développer.
Cherchons dans les programmes des partis politiques. Aucune référence pour le musée d'art moderne, pas des propositions pour l'avenir des installations olympiques, la liaison du patrimoine culturel avec le développement économique dans un pays qui vit par l'industrie du tourisme. Parce que les partis politiques ne proposent jamais des programmes détaillés. Parce que les électeurs ne cherchent que des promesses qui caressent leurs oreilles.
Depuis que la crise a commencé en 2008 les grecs sont allés aux urnes quatre fois avec des promesses des hommes politiques, promesses qui aimeraient attendre. Aucun parti n'a pas tenu ses promesses une fois au pouvoir. Par contre ils ont tous appliqué à la lettre des programmes d'austérité vue la grave réalité économique du pays. Le résultat est que les électeurs grecs arrivent toujours aux urnes avec une idée de vengeance dans la tète. Une envie de punir le parti au pouvoir pour les engagements non tenu et non respectés. Il s'agit d'un cycle vicieux sans fin, entre les parties politiques et leurs électorats. Ce sont ces électeurs qui n'ouvriront jamais un véritable et utile dialogue sur les vrais et réels problèmes de la Grèce.
La situation est devenue encore plus grave. Les partis politiques se disputent la victoire aux élections du dimanche 20 septembre n'ayant pas à défendre un projet de sortie de cette crise qui frappe le pays mais en mettant en premier ligne la personnalité et le charisme de leurs chefs. De l'autre côté le choix des électeurs devant les urnes est chaque fois gérée par la vengeance. Aux élections du janvier 2015 se sont vengés contre Antonis Samaras qui a joué la carte anti-mémorandum aux élections du juin 2012 et par la suite se transforme à un farouche défendeur. Aux élections du 20 septembre 2015 les électeurs grecs vont punir Alexis Tsipras pour la même raison.
Donc, le musée Nationale de l'Art Moderne restera vide pour longtemps, la bureaucratie sera toujours vivante et la corruption présente. Les partis politiques continueront à placer « les siens » dans l'administration publique et les électeurs voteront toujours selon leurs propres intérêts, très loin de l'intérêt public. Dans cette perspective la Grèce, pays de naissance de la civilisation européenne, risque à jamais de sortir de la crise et les mémorandums même votés et tant qu'ils seront ne réussissent jamais. Certains parlent déjà des élections anticipées en 2016.
Nous accompagnions notre Ministre dans des salles du nouveau Musée, d'une beauté extraordinaire mais hélas vides de collections! Etonnant, pour un Musée mais c'est la réalité. Le nouveau Musée National d'Art Moderne ne dispose pas le budget nécessaire ni pour les études muséographiques et muséologiques, ni pour le personnel, la sécurité, et la maintenance du bâtiment nous explique la Directrice Katerina Koskina.
Selon la nouvelle Directrice, pour une étude muséologique sont nécessaires au moins 12 mois de travail. Cette manque des fonds et cette bureaucratie "chronique" grecque nous fait croire toujours selon la Directrice que le musée ne pourrait être inauguré qu'à 2018. Par contre le ministre Nikos Xydakis se présente plus optimiste, en nous assurant que le musée sera ouvert dans les 6 mois qui suivent.
La vieille brasserie FIX aux années 1950 © Musée Nationale d'Art Moderne
Nous étions le 16 mai 2015. En septembre 2015, quatre mois après cette visite "extraordinaire" et restant sans nouvelles de dates d'ouverture du Musée, la Grèce se prépare à nouveau à des élections parlementaires anticipées. Entretemps le contrôle des capitaux, le référendum, un nouveau mémorandum, la démission du gouvernement et les élections qui vont suivre vont remettre cette fameuse ouverture du nouveau musée, aux calendes grecques.
Ce projet risque de rester éternellement inachevé et devenir l'exemple de la mentalité des dirigeants du pays qui a conduit la Grèce dans une impasse et une crise économique profonde et sans fin. Le Musée National d'Art Moderne d'Athènes est probablement le dernier projet de la Grèce parmi les autres grands projets désignés pour les jeux olympiques d'Athènes en 2004.
Une conférence de presse dans un musée vide © Dimitrios Machairidis
Des projets pharaoniques inachevés
Athènes est peut-être la seule capitale européenne qui ne dispose pas d'un musée d'art moderne. Thessalonique, deuxième ville au nord du pays, dispose déjà deux musées avec des riches collections.
L'année 1997 fut la date de la présentation écrite du projet. Les œuvres et les collections restaient temporairement, aux sous-sols du Conservatoire d'Athènes, jamais exposées au grand public en attendant un nouveau bâtiment, une nouvelle maison. Finalement, les gouvernements successifs et les divers ministres de la Culture décident d'installer le nouveau musée tout près de l'Acropole, dans la veille brasserie Fix sur l'avenue Syngrou l'axe qui relie le centre d'Athènes à la mer.
Un musée avec son intérieur vide © Katerina Koskina
Selon le projet initial l'Avenue Syngrou, serait l'axe culturel de la capitale grecque avec le musée de l'Acropole, la Fondation Culturelle Onassis, la nouvelle Opéra d'Athènes, la nouvelle Bibliothèque Nationale et le grand parc de la Fondation Niarchos au bord de la mer. Les musées de l'Acropole et de l'Art Moderne sont financés par l'Etat grec et les deux autres projets par les fondations privées d'Onassis et de Niarchos. C'est fut l'époque où le gouvernement socialiste de Kostas Simitis croyaient fort à l'idée que la capitale grecque pourrait devenir un grand Centre Sportif et Culturel International suite à l'organisation des jeux olympiques et des travaux gigantesques ont été entrepris par les gouvernements successifs.
Des beaux rêves et des grandes paroles jamais réalisées. Le gouvernement de Kostas Karamanlis qui succède au pouvoir en 2004 échoue à privatiser les installations olympiques, les stades et les bâtiments tombent en ruines. Le musée de l'Acropole ouvre finalement en 2008, quatre ans après la clôture des jeux olympiques et le musée de l'Art Moderne reste toujours un projet qui attend son tour. Par contre, l'édifice de la Fondation Culturelle Onassis a été inauguré en 2010 selon son plan initiative et l'Opéra et la Bibliothèque seront ouverts en 2016 dans les délais prévus.
Un chantier éternelle au centre d'Athènes ©Tita Bonatsou
Le musée de l'Art Moderne n'est pas le seul projet culturel inachevé de la capitale grecque. Le grand projet d'extension du musée National Archéologique est annulé. La construction du musée d'art folklorique est arrêtée plusieurs fois. Le nouveau musée de Maria Callas et la transformation de sa maison en musée restent toujours que des projets sur papiers. L'extension de la Pinacothèque Nationale n'a commencé que l'année dernière après un retard considérable.
Dans un pays comme la Grèce traversant une crise sans précédant son économie est basée sur l'étroite rapport de sa culture et de son tourisme. La construction des musées reste infinie, les collections sont toujours dans les dépôts et l'état perd de l'argent, incapable en avoir de valeur ajouté de son patrimoine culturel.
Vue nocturne de la façade de l'entrée du musée ©Tita Bonatsou
Pas de réforme administrative mais des nouveaux fonctionnaires en plus
Selon Katerina Koskina le nouveau musée de l'Art Moderne a besoin au moins de 70 personnes pour pouvoir fonctionner correctement. La réponse du ministre de la culture est un recrutement immédiat des nouveaux fonctionnaires. Chose impossible selon les clauses du dernier mémorandum signé avec les créanciers qui réclame la diminution des fonctionnaires. Quoi plus simple que de transférer des employés d'autres services publiques surpeuplées au nouveau musée? Mais aucun gouvernement n'y pense. Absurde et Kafkaïen à la fois.
Les promesses des nouvelles places de travail dans le secteur public restent toujours la solution facile pour tous les partis politiques grecs et surtout pour SYRIZA, un parti qu'y oppose à toute privatisation et toute diminution de l'administration publique.
Par contre, la raison principale de la crise économique grecque était l'endettement du secteur public. Mais la Grèce n'a jamais reformé le secteur public. Parce que chaque parti fidèle au système de clientélisme augmente les postes et les places dans l'administration publique pour "placer" des sympathisants et des militants de son camp.
Les ministres grecs gagnent en appréciation quand ils arrivent à "placer" ses électeurs de leurs circonscriptions dans l'administration. Au moment de l'ouverture du musée de l'Acropole Antonis Samaras (premier ministre de juin 2012 - à janvier 2015, parti de la Nouvelle Démocratie) était le ministre de la culture. La plus grande partie des fonctionnaires ayant été embauché au musée venaient de la conscription du Ministre de la Culture, la Messinia, au sud de Péloponnèse. Autrement dit, même pour les ministres de la culture l'ouverture des musées et leur fonctionnement n'est pas dans la perspective de l'application d'une politique culturelle, mais dans la perspective d'un renvoie d'ascenseur à ses électeurs.
Au moment de la signature du premier mémorandum par le premier ministre Georges Papandreou (octobre 2009 - novembre 2011, PASOK) en 2010 personne n'était capable de donner le nombre exacte de fonctionnaires du secteur publique. Il aurait fallu organiser une inscription électronique pour donner des chiffres précis et initier la première réforme sérieuse de l'administration publique grecque. Evidement cette réforme a été vite oubliée, restant lettre morte. Aucun mémorandum n'a pu empêché les gouvernements grecs de continuer le recrutement des nouveaux fonctionnaires. Le 20 août 2015, un jour avant la démission de son gouvernement, Alexis Tsipras a signé le recrutement des nouveaux fonctionnaires, des militants bien évidement de son parti SYRIZA.
La directrice du musée Katerina Koskina © Menelaos Myrillas
Management des musées ? Question inconnue en Grèce
Pour le fonctionnement du musée de l'Art Moderne est nécessaire un organigramme. Malheureusement aucun musée public en Grèce ne dispose pas d'organigramme. La seule exception le musée de l'Acropole. Il fonctionne avec un organigramme, mais il s'agit de celui de sa construction ! Les musées fonctionnent sous le contrôle strict du ministère de la Culture. Aucune décision n'est jamais prise sans l'autorisation des bureaucrates du ministre. Même pour les horaires de l'ouverture des musées il faut la signature du ministre. Au mois de septembre les musées publics ne savent pas leurs horaires de la saison d'hiver qui commence le 1er novembre 2015. La décision signée par le ministre arrivera la dernière semaine d'octobre.
Le résultat négatif de cette bureaucratie ne se reflète pas seulement sur la programmation des expositions mais aussi sur les revenus des musées. Pas de promotions spécifiques, pas d'éditions particulaires, pas des boutiques de ventes des objets, pas d'événements privés. L'état grec refuse d'introduire des méthodes modernes de management des musées et du patrimoine archéologique et culturel se privant ainsi d'importantes ressources financières.
La terrasse va dévenir le restaurant du musée © Dimitrios Machairidis
Des élections vides de contenu comme le musée vide
Notre promenade dans le musée vide est terminée. Nikos Xydakis le ministre de la culture du SYRIZA, bien content avec ses promesses, sort un cigare de sa poche et il prend son briquet. Katerina Koskina, la directrice du musée, l'informe que le détecteur de fumée se mettra en route. Tant pis. Le ministre allume le cigare et l'alarme se déclenche ! La situation réelle de la Grèce aujourd'hui. Un pays qui marche au vacuum sans respect à aucune règle, sans orientation, naufragé dans sa crise, qui depuis les jeux olympiques de 2004 détruit ses potentielles comme par exemple le patrimoine culturel. Le bâtiment vide du Musée Nationale de l'Art Moderne est la réflexion de cette situation absurde : un pays avec les caisses vides, les projets inachevés, l'administration publique sans management, le secteur privé sans opportunités à se développer.
Cherchons dans les programmes des partis politiques. Aucune référence pour le musée d'art moderne, pas des propositions pour l'avenir des installations olympiques, la liaison du patrimoine culturel avec le développement économique dans un pays qui vit par l'industrie du tourisme. Parce que les partis politiques ne proposent jamais des programmes détaillés. Parce que les électeurs ne cherchent que des promesses qui caressent leurs oreilles.
Depuis que la crise a commencé en 2008 les grecs sont allés aux urnes quatre fois avec des promesses des hommes politiques, promesses qui aimeraient attendre. Aucun parti n'a pas tenu ses promesses une fois au pouvoir. Par contre ils ont tous appliqué à la lettre des programmes d'austérité vue la grave réalité économique du pays. Le résultat est que les électeurs grecs arrivent toujours aux urnes avec une idée de vengeance dans la tète. Une envie de punir le parti au pouvoir pour les engagements non tenu et non respectés. Il s'agit d'un cycle vicieux sans fin, entre les parties politiques et leurs électorats. Ce sont ces électeurs qui n'ouvriront jamais un véritable et utile dialogue sur les vrais et réels problèmes de la Grèce.
La situation est devenue encore plus grave. Les partis politiques se disputent la victoire aux élections du dimanche 20 septembre n'ayant pas à défendre un projet de sortie de cette crise qui frappe le pays mais en mettant en premier ligne la personnalité et le charisme de leurs chefs. De l'autre côté le choix des électeurs devant les urnes est chaque fois gérée par la vengeance. Aux élections du janvier 2015 se sont vengés contre Antonis Samaras qui a joué la carte anti-mémorandum aux élections du juin 2012 et par la suite se transforme à un farouche défendeur. Aux élections du 20 septembre 2015 les électeurs grecs vont punir Alexis Tsipras pour la même raison.
Le musée restera vide pour longtemps © Katerina Koskina
Donc, le musée Nationale de l'Art Moderne restera vide pour longtemps, la bureaucratie sera toujours vivante et la corruption présente. Les partis politiques continueront à placer « les siens » dans l'administration publique et les électeurs voteront toujours selon leurs propres intérêts, très loin de l'intérêt public. Dans cette perspective la Grèce, pays de naissance de la civilisation européenne, risque à jamais de sortir de la crise et les mémorandums même votés et tant qu'ils seront ne réussissent jamais. Certains parlent déjà des élections anticipées en 2016.
Le passage sur la terrasse d'un musée inachevé © Dimitrios Machairidis
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