Rentrée scolaire : Parents, soyez bienveillants
Parfois, il arrive que l'idée d'être responsable de son enfant nous effraie tellement que nous préférons presque nous détacher, prendre nos distances, au lieu d'accueillir un amour sans limite. J'ai traversé cette peur et je la vois encore aujourd'hui chez beaucoup de parents qui m'entourent. C'est ainsi que, alors que nous aimons profondément nos enfants, nous saisissons toutes les occasions possibles de nous en éloigner: contraintes professionnelles, télévision, occupations personnelles, etc. Peu à peu, nous créons une distance qui rend de plus en plus difficile une véritable rencontre avec nos propres enfants. Il existe une pratique méditative, celle de la bienveillance, qui nous (ré)-apprend peu à peu à ne plus avoir peur de nos sentiments, de nos émotions et qui nous aide à retrouver un chemin naturel et détendu vers notre cœur.
La tendresse au quotidien
Être tendre avec ses enfants n'a rien à voir avec une attitude "gnangnan" ou laxiste. Il faut, au contraire, une bonne dose d'attention et de saine vigilance pour se montrer véritablement tendre. Nous pouvons commencer par perdre l'habitude de les bombarder de questions lorsqu'ils rentrent de l'école, du lycée ou de chez un ami, mais plutôt choisir d'observer comment ils sont: leur humeur, leur attitude corporelle, l'expression de leur visage, etc, nous renseigneront certainement mieux sur ce qu'ils vivent ou traversent.
Quand il rentre à la maison, la première chose que fait mon fils est de "filer" dans sa chambre, et ce depuis des années! Au début, cette manière de faire avait tendance à m'inquiéter: comment va-t-il ? A-t-il quelque chose à cacher? Est-il fâché?... Depuis, j'ai compris qu'il a juste besoin de cet espace pour se retrouver seul quelques instants, afin de faire la transition entre sa vie scolaire et le retour à la maison. Si je ne le vois pas réapparaître au bout d'une dizaine de minutes, je frappe à la porte de sa chambre pour prendre de ses nouvelles, doucement, sans intrusion. Mon fils a un très beau sourire qui me met directement en rapport à la tendresse qui nous lie. Il me dit toujours que "tout va bien". Mais parfois, en laissant au temps la possibilité de faire son œuvre quelques minutes, j'apprends qu'il est contrarié et mon écoute peut le mettre suffisamment en confiance pour m'en parler. Je ne parle pas d'une attitude psychologique où l'enjeu serait de comprendre tous les soucis de sa progéniture (et de tenter de les résoudre sur-le-champ!), mais plutôt d'une dimension d'accueil ouverte, où nous essayons de prendre le temps de nous rencontrer.
Les aider, sans pour autant "faire à leur place"
L'espace de rencontre, que nous apprenons à découvrir et à apprivoiser lors de la pratique de la méditation de la bienveillance, est celui qui permet à une véritable compréhension d'advenir. Pour aider ses enfants, il s'agit d'écouter son cœur; rien ne peut en effet les aider davantage que de sentir notre amour et la confiance que nous leur portons, même dans les moments aigus de doute. Nous pouvons traiter nos enfants comme des êtres humains responsables qui, même s'ils ont beaucoup à apprendre de nous, n'ont pas besoin que nous fassions à leur place, mais plutôt que nous les écoutions et les accompagnions.
Je me souviens d'un dîner avec une amie qui, comme cela nous est arrivé à tous, se faisait beaucoup de souci à propos de sa fille car, à l'âge de 2 ans, celle-ci ne mangeait pas grand-chose. Ce soir-là, j'avais préparé des nouilles chinoises et mon amie, son mari et sa fille étaient nos invités. Une fois de plus, l'inquiétude des parents quant à l'appétit de leur fille est arrivée comme sujet de conversation... Puis j'ai apporté à table le plat de nouilles sautées aux légumes... J'ai servi une petite assiette à leur fille, avec des baguettes en bois. L'enfant s'est saisi des baguettes pour essayer de manger comme nous. Comme c'était trop difficile, elle a lâché les baguettes et à commencer à se régaler en mangeant avec les doigts. Et là, immédiatement, panique des parents: "Oh là là tu vas en mettre partout! Attends je vais renouer ta serviette autour de ton cou! Fais attention une nouille est tombée sur la table! Mange proprement, je vais te montrer comment tu dois faire!" Etc., etc., etc. Au bout de quelques minutes de ce traitement, l'enfant n'avait absolument plus aucune envie de manger et n'a plus rien avalé, malgré les supplications de ses parents...
Si nous regardons bien, combien de fois avons-nous eu cette attitude avec nos enfants, quel que soit leur âge?
Respecter ce qu'ils sont et ce qu'ils deviennent
Nous pourrions tout à fait considérer que nos enfants sont comme des invités que nous devons traiter avec le plus grand des égards. Quand nous recevons des invités, nous les regardons avec intérêt, nous sommes curieux de leur manière de s'habiller, de parler, de manger... Nous les écoutons attentivement, parce que nous ne les avons pas vus depuis un certain temps ou parce que nous les trouvons passionnants et différents de nous. Ils nous apportent une autre vision sur les choses, sur la vie, sur le monde... Et s'il en était de même avec nos enfants? Si nous étions prêts à raviver cette capacité à nous émerveiller devant ce qu'ils sont et devant ce qu'ils deviennent jour après jour?
La pratique de la bienveillance nous entraîne d'une part à retrouver ce lien d'amour que nous enfouissons si facilement et d'autre part cette capacité à apprécier les nôtres à travers les détails les plus courants.
Gentillesse et fraîcheur
Sans trop savoir pourquoi, nous vivons dans la croyance qu'il vaut mieux être sévère, voire impitoyable envers ses enfants si l'on veut bien les élever, en faire des femmes et des hommes aguerris. Je suis toujours peinée de voir des parents parler durement à leurs enfants à la sortie de l'école, après une longue journée de travail pour chacun, alors que pourtant ils les aiment et gagneraient tellement à le leur dire... Se montrer doux et gentil est un exemple magnifique que l'on aurait tous envie de suivre.
La pratique de la bienveillance nous entraîne à développer une solide confiance en la vie, en nous-même, en chaque situation. Il est ainsi possible, à partir de cette confiance, de développer de la douceur envers soi-même et envers les autres. Parce que, jour après jour, séance après séance, elle nous rapproche de notre cœur, cette pratique nous aide à nous relier plus vite à la joie que nous avons de retrouver nos enfants en fin de journée. Et à réaliser que l'urgence n'est peut-être pas d'immédiatement les obliger à faire leurs devoirs ou un compte-rendu détaillé des "plus et des moins" du jour, mais de partager un premier moment doux, de montrer notre capacité à développer de la gentillesse. Et c'est tellement plus agréable, tellement plus humain. Si nous ne savons pas être doux et gentils avec ceux qui comptent tant pour nous, auprès de qui le serons-nous authentiquement?
La tendresse au quotidien
Être tendre avec ses enfants n'a rien à voir avec une attitude "gnangnan" ou laxiste. Il faut, au contraire, une bonne dose d'attention et de saine vigilance pour se montrer véritablement tendre. Nous pouvons commencer par perdre l'habitude de les bombarder de questions lorsqu'ils rentrent de l'école, du lycée ou de chez un ami, mais plutôt choisir d'observer comment ils sont: leur humeur, leur attitude corporelle, l'expression de leur visage, etc, nous renseigneront certainement mieux sur ce qu'ils vivent ou traversent.
Quand il rentre à la maison, la première chose que fait mon fils est de "filer" dans sa chambre, et ce depuis des années! Au début, cette manière de faire avait tendance à m'inquiéter: comment va-t-il ? A-t-il quelque chose à cacher? Est-il fâché?... Depuis, j'ai compris qu'il a juste besoin de cet espace pour se retrouver seul quelques instants, afin de faire la transition entre sa vie scolaire et le retour à la maison. Si je ne le vois pas réapparaître au bout d'une dizaine de minutes, je frappe à la porte de sa chambre pour prendre de ses nouvelles, doucement, sans intrusion. Mon fils a un très beau sourire qui me met directement en rapport à la tendresse qui nous lie. Il me dit toujours que "tout va bien". Mais parfois, en laissant au temps la possibilité de faire son œuvre quelques minutes, j'apprends qu'il est contrarié et mon écoute peut le mettre suffisamment en confiance pour m'en parler. Je ne parle pas d'une attitude psychologique où l'enjeu serait de comprendre tous les soucis de sa progéniture (et de tenter de les résoudre sur-le-champ!), mais plutôt d'une dimension d'accueil ouverte, où nous essayons de prendre le temps de nous rencontrer.
Les aider, sans pour autant "faire à leur place"
L'espace de rencontre, que nous apprenons à découvrir et à apprivoiser lors de la pratique de la méditation de la bienveillance, est celui qui permet à une véritable compréhension d'advenir. Pour aider ses enfants, il s'agit d'écouter son cœur; rien ne peut en effet les aider davantage que de sentir notre amour et la confiance que nous leur portons, même dans les moments aigus de doute. Nous pouvons traiter nos enfants comme des êtres humains responsables qui, même s'ils ont beaucoup à apprendre de nous, n'ont pas besoin que nous fassions à leur place, mais plutôt que nous les écoutions et les accompagnions.
Je me souviens d'un dîner avec une amie qui, comme cela nous est arrivé à tous, se faisait beaucoup de souci à propos de sa fille car, à l'âge de 2 ans, celle-ci ne mangeait pas grand-chose. Ce soir-là, j'avais préparé des nouilles chinoises et mon amie, son mari et sa fille étaient nos invités. Une fois de plus, l'inquiétude des parents quant à l'appétit de leur fille est arrivée comme sujet de conversation... Puis j'ai apporté à table le plat de nouilles sautées aux légumes... J'ai servi une petite assiette à leur fille, avec des baguettes en bois. L'enfant s'est saisi des baguettes pour essayer de manger comme nous. Comme c'était trop difficile, elle a lâché les baguettes et à commencer à se régaler en mangeant avec les doigts. Et là, immédiatement, panique des parents: "Oh là là tu vas en mettre partout! Attends je vais renouer ta serviette autour de ton cou! Fais attention une nouille est tombée sur la table! Mange proprement, je vais te montrer comment tu dois faire!" Etc., etc., etc. Au bout de quelques minutes de ce traitement, l'enfant n'avait absolument plus aucune envie de manger et n'a plus rien avalé, malgré les supplications de ses parents...
Si nous regardons bien, combien de fois avons-nous eu cette attitude avec nos enfants, quel que soit leur âge?
Respecter ce qu'ils sont et ce qu'ils deviennent
Nous pourrions tout à fait considérer que nos enfants sont comme des invités que nous devons traiter avec le plus grand des égards. Quand nous recevons des invités, nous les regardons avec intérêt, nous sommes curieux de leur manière de s'habiller, de parler, de manger... Nous les écoutons attentivement, parce que nous ne les avons pas vus depuis un certain temps ou parce que nous les trouvons passionnants et différents de nous. Ils nous apportent une autre vision sur les choses, sur la vie, sur le monde... Et s'il en était de même avec nos enfants? Si nous étions prêts à raviver cette capacité à nous émerveiller devant ce qu'ils sont et devant ce qu'ils deviennent jour après jour?
La pratique de la bienveillance nous entraîne d'une part à retrouver ce lien d'amour que nous enfouissons si facilement et d'autre part cette capacité à apprécier les nôtres à travers les détails les plus courants.
Gentillesse et fraîcheur
Sans trop savoir pourquoi, nous vivons dans la croyance qu'il vaut mieux être sévère, voire impitoyable envers ses enfants si l'on veut bien les élever, en faire des femmes et des hommes aguerris. Je suis toujours peinée de voir des parents parler durement à leurs enfants à la sortie de l'école, après une longue journée de travail pour chacun, alors que pourtant ils les aiment et gagneraient tellement à le leur dire... Se montrer doux et gentil est un exemple magnifique que l'on aurait tous envie de suivre.
La pratique de la bienveillance nous entraîne à développer une solide confiance en la vie, en nous-même, en chaque situation. Il est ainsi possible, à partir de cette confiance, de développer de la douceur envers soi-même et envers les autres. Parce que, jour après jour, séance après séance, elle nous rapproche de notre cœur, cette pratique nous aide à nous relier plus vite à la joie que nous avons de retrouver nos enfants en fin de journée. Et à réaliser que l'urgence n'est peut-être pas d'immédiatement les obliger à faire leurs devoirs ou un compte-rendu détaillé des "plus et des moins" du jour, mais de partager un premier moment doux, de montrer notre capacité à développer de la gentillesse. Et c'est tellement plus agréable, tellement plus humain. Si nous ne savons pas être doux et gentils avec ceux qui comptent tant pour nous, auprès de qui le serons-nous authentiquement?
"La Méditation de la Bienveillance", de Marie-Laurence Cattoire (parution 11 septembre 2015 aux éditions Leduc)
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