Promouvoir pour défendre
Les premiers états généraux du patrimoine se sont tenus hier à Sierre.
La forte urbanisation survenue ces 50 dernières années en Valais met en péril le patrimoine historique bâti et enfoui. Et cet héritage est sous-utilisé sur les plans scientifique, culturel et touristique. Ce sont les constats qui ont présidé à la tenue, hier à Sierre, des premiers états généraux du patrimoine, projet baptisé "Mémoire 21". La journée était organisée par l'Association valaisanne d'archéologie (AVA), l'Association valaisanne des professionnels des sciences humaines (AVPSH) et la Fondation pour le développement durable des régions de montagne (FDDM).
Quelque 130 professionnels de l'histoire, de l'archéologie et de la culture, mais également de l'aménagement du territoire, de la formation, de la construction et d u tourisme étaient réunis à la HEVs pour dresser un état des lieux de la situation. Il en ressort la nécessité d'une véritable politique de promotion de ce patrimoine souvent méconnu et l'importance d'une meilleure mise en réseau des acteurs concernés. L'objectif est clair: diminuer les destructions de cette "source irremplaçable de notre histoire" , dixit Claire Epiney-Nicoud présidente de l'AVA, et valoriser les sites historiques.
Un inventaire... à faire
Première constatation: si les données scientifiques de base existent bien, il n'y a pas, aujourd'hui, d'inventaire global du patrimoine bâti et enfoui en Valais. "Les inventaires ne sont que partiels; il nous faut savoir ce qu'on a dans le portefeuille si on veut pouvoir y rendre sensibles les gens" , note Jean-Pierre Pralong, directeur adjoint de la FDDM. Deuxième constat: les propriétaires privés sont souvent peu conscients que les biens qu'ils possèdent - maisons, terrains, mobiliers, tableaux, etc. - sont ou recèlent de véritables joyaux. Là aussi, la nécessité d'un travail de sensibilisation a été relevée par les professionnels présents hier à Sierre.
Coordonner et sensibiliser
Même méconnaissance, selon les experts, du côté des petites et moyennes communes du canton qui, résume Jean-Pierre Pralong, "n'ont souvent pas les spécialistes nécessaires" pour éviter des destructions patrimoniales lors, par exemple, de l'émission des permis de construire. "L'idée est de rapprocher ces communes de l'Etat, qui a, lui, les ressources nécessaires" , explique le directeur adjoint de la FDDM. La question des moyens financiers engagés par l'Etat était également à l'ordre du jour. Mais au-delà, c'est l'impératif d'une meilleure coordination entre les différents acteurs - communes, canton, associations de défense du patrimoine, notamment - qui est clairement apparu.
Un aspect sous-tend tous ces objets de réflexion: la transmission. "Le patrimoine historique est capital: connaître son passé, c'est envisager l'avenir" , souligne Claire Epiney-Nicoud. "Comment le rendre accessible et intéressant via la médiation?"
Réponse? "On a des pistes , se réjouit Jean-Pierre Pralong. Livres, réalité augmentée, entre autres. Les nouvelles technologies peuvent être au service de cette sauvegarde."
Faire entrer le patrimoine valaisan dans le XXIe siècle... et dans le quotidien des gens: l'idée n'a pas manqué de séduire Jacques Cordonier, chef du Service cantonal de la culture. "L'indicateur de succès, c'est le jour où les Valaisans seront fiers de leur patrimoine historique. Pour cela, il faut que cet héritage vive, soit comme quelque chose qui est dans le salon des gens, et non enfermé dans un congélateur."
Les résultats des ateliers organisés hier feront l'objet d'un rapport final du projet qui sera présenté en avril 2016 aux autorités cantonales et à la population. PGE