ru24.pro
World News in French
Октябрь
2025
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
31

A Gaza, la défaite incontestable et définitive du Hamas, par Frédéric Encel

0

Le stratège prussien Carl von Clausewitz, affirmant que la "guerre n’est que la continuation de la politique par d’autres moyens", disait en miroir que c’est bien sur le plan politique que s’établit la victoire ou la défaite. Pour l’exprimer autrement, vaincre militairement sur le champ de bataille est nécessaire mais pas suffisant pour remporter à coup sûr la victoire finale en atteignant ses objectifs, critère tout à fait fondamental. A cette aune, certains ont hâtivement considéré des mois durant après le 7-Octobre que si Israël ne pouvait perdre militairement, il perdrait en revanche politiquement.

Ce schéma eut été assez conforme à la majorité des confrontations Etats/Infra-Etats depuis plus d’un demi-siècle ; le "fort" finit par échouer face au "faible", soit du fait de la lassitude de son opinion publique devant ses propres pertes, soit à cause du défi moral consistant dans les coups terribles portés aux civils, soit encore sous la pression de pays tiers, y compris alliés. En général, c’est l’ensemble qui prévaut. Or le conflit qui vient de s’achever (dans sa phase active du moins) dément cette réalité ; quoi qu’il arrive dorénavant, le Hamas a perdu la guerre, comme le traduisent les réalités suivantes.

Maintien des traités de paix

L’objectif affiché du chef fanatique et apocalyptique Sinwar, organisateur du grand pogrom du 7-Octobre, était l’effondrement de la société israélienne et l’effacement de l’Etat juif sous la domination d’un Hamas soutenu dans son invasion par ses alliés du Hezbollah, de la Syrie d’Assad, d’autres forces arabes et iraniennes. Non seulement la société, l’Etat et l’armée ont tenu bon, mais le Hamas ne domine rien d’autre que des ruines sur 40 % du territoire de Gaza, sans plus de chef réel, de missiles, d’armes lourdes ni d’accès aux tunnels sous la frontière égyptienne ; le Hezbollah a été écrasé dans un Liban qui s’en libère et dont le président propose de négocier avec Israël ; le régime d’Assad a disparu corps et biens ; et l’espace aérien iranien est ouvert aux F-35 israéliens.

Autre "exploit" du Hamas : pour la première fois, la grande majorité des 22 membres de la Ligue arabe a demandé son désarmement, tout comme la Turquie de Recep Erdogan ! Logique à Washington, Paris ou Londres, cette exigence traduit un revers désastreux pour le groupe islamiste radical qui se prétend le fer de lance de la "nation musulmane", d’autant que l’Arabie saoudite en fait carrément une condition de la reconstruction de Gaza… Très concrètement, cela signifie que le monde demande à un seul des deux belligérants de désarmer voire de se "démanteler" (Emmanuel Macron à l'ONU). Pis, six des Etats de la Ligue ainsi que tous les Etats musulmans en paix avec Israël – en dépit de la longueur et de la grande destructivité de la guerre pour la population civile de Gaza – ont maintenu leurs traités de paix respectifs avec l’Etat hébreu ; il ne s’agit pas là d’un signal faible, mais de sa principale victoire politique, surtout considérant qu’au moins deux de ces Etats ont… renforcé leur coopération militaire avec celui-ci en plein conflit.

Incandescence

Le Hamas peut certes se targuer d’avoir mobilisé contre Israël des millions de manifestants dans le monde, mais c’est le gouvernement ultranationaliste hébreu (incluant au moins deux ministres complètement fanatiques) qui fait l’unanimité de ses homologues occidentaux contre lui et non l’Etat en soi, ni même le maintien de son exceptionnel rapport de force militaire.

Depuis le cessez-le-feu d’octobre, déjà l’Allemagne acquiert pour 2 milliards de matériels militaires, déjà la géante et musulmane Indonésie approche la reconnaissance d’Israël, déjà la Syrie souhaite signer la paix, déjà les assassinats de civils palestiniens rappellent à l’opinion la vraie nature du Hamas… Enfin, ni l’inscription dans le plan Trump de la nécessaire perspective des deux Etats, ni la reconnaissance de l’Etat palestinien par Paris et Londres ne peuvent être mis au crédit d’un Hamas qui en a toujours rejeté la perspective dans son incandescence antisioniste et antisémite. Une défaite réelle et bienvenue donc, mais qu’il convient à présent de transformer en processus de paix entre Israël et une autorité palestinienne légitime.