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Comment l’armée de Napoléon a connu sa fin : une expertise ADN révèle des maladies surprenantes

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Une étude scientifique qui vient éclairer une période tragique de l’Histoire française. En 1812, l’armée de Napoléon est défaite en Russie lors de la bataille de la Bérézina. Les troupes, minées par le froid et la faim, subissent de larges pertes (passant de 600 000 en juin à seulement 100 000 en état de combattre en octobre) et sont contraintes de se retirer. Une large partie d’entre elles souffre des symptômes du typhus - diarrhées, vomissements, fièvre, fatigue intense, maux de tête, perte d’appétit -, transmis notamment par les poux, rapportent à l’époque les médecins militaires.

Le typhus, mais pas que…

Mais une récente étude menée par des chercheurs de l’Institut Pasteur vient rebattre les cartes sur cet épisode historique dont on croyait tout connaître. A en croire les derniers tests ADN menés sur les dents de treize soldats morts à cette période et retrouvés avec 3 000 autres lors de fouilles archéologiques en 2001 en Lituanie, deux autres bactéries pathogènes, jusqu’alors insoupçonnées, auraient largement circulé dans ses rangs de l’armée napoléonienne.

Selon l’article publié vendredi dans la revue Current Biology, les scientifiques ont trouvé incrustés dans les dents de quatre soldats des fragments d’ADN microbien de salmonella enterica, une bactérie responsable de la fièvre paratyphoïde, qui se transmet par les aliments et l’eau contaminés, et qui provoque une forte fièvre, des éruptions cutanées, et plusieurs symptômes gastro-intestinaux. Dans les dents de deux soldats, les chercheurs ont également trouvé des fragments de Borrelia recurrentis, responsable d’une fièvre récurrente transmise par les poux. Des maladies qui peuvent devenir mortelles sur des agents aussi affaiblis que l'étaient les soldats napoléoniens.

Fièvre paratyphoïde et fièvre récurrente

Les premières analyses de ces dépouilles remontent au début des années 2000. Les chercheurs avaient alors employé des techniques moins sophistiquées, notamment le PCR (la réaction en chaîne par polymérase, identique à celle utilisée pour les tests covid), pour vérifier la présence du typhus dans l'armée napoléonienne, déjà largement suspectée par les historiens. Ils avaient alors pu confirmer l'hypothèse en trouvant des traces de Rickettsia prowazekii, la bactérie à l’origine du typhus. Mais la recherche s'était arrêtée là.

Vingt ans plus tard, grâce à de nouvelles techniques permettant de dépister tout agent pathogène connu dans l’ADN ancien, les chercheurs ont pu séquencer des fragments de tout l’ADN des dents et les comparer à une base de données de tous les microbes connus, afin de ne laisser de côté aucune piste. Bien que l’échantillon étudié reste restreint, les chercheurs ont pu constater que les pertes dans l’armée napoléonienne n’avaient pas été causées par une, mais plusieurs épidémies, dont probablement la fièvre paratyphoïde et la fièvre récurrente.

"Cette nouvelle étude renforce l’impossibilité de toute l’entreprise ; à une époque où il n’y avait pas de chemin de fer ni d’antibiotiques, l’invasion était vouée à l’échec avant même d’avoir commencé", confie au Washington Post Stephan Talty, journaliste américain et auteur d'un ouvrage sur le sujet.