Ce que l'on sait des frappes américaines sur des sites du programme nucléaire en Iran
Donald Trump a franchi le pas. Samedi 21 juin, le président américain est apparu devant un pupitre à la Maison-Blanche, à Washington, pour informer sa population d'une information cruciale : les Etats-Unis ont bombardé l'Iran. "Les installations essentielles d'enrichissement nucléaire de l'Iran ont été intégralement et totalement détruites", a assuré Donald Trump, entouré du vice-président J.D. Vance, du secrétaire d'Etat Marco Rubio et du secrétaire à la défense Pete Hegseth. "L'Iran, le caïd du Moyen-Orient, doit maintenant faire la paix."
Qu'ont frappé les Etats-Unis ?
L'armée américaine a ciblé trois sites liés au programme nucléaire iranien, déjà visé par des frappes israéliennes depuis le 13 juin dernier. Les complexes de Fordo, Natanz et Ispahan ont été touchés, affirme Washington. Les deux premiers constituent les deux principaux sites d'enrichissement d'uranium de la République islamique. Téhéran y était soupçonné d'y mener des opérations de ce type, dans l'optique d'acquérir une bombe atomique – ce que le pouvoir en place nie.
Dans le détail, le site de Fordo est le lieu le plus emblématique frappé par les Etats-Unis. Cette usine d'enrichissement est, selon les Occidentaux, en bonne partie cachée dans la roche de la montagne. Dégrader les capacités de site avec des missiles classiques s'avérait donc très difficile. C'est pourquoi, selon le New York Times, Washington a utilisé lors de son attaque des bombes anti-bunker GBU-57, capables de faire des dégâts sur ce genre d'installation. Un équipement dont les Etats-Unis sont les seuls à disposer.
Toujours d'après le journal new-yorkais, qui cite des sources au sein de l'administration américaine, le site d'enrichissement de Natanz et le centre de technologie nucléaire d'Ispahan ont eux principalement été touchés par des missiles de croisière tirés depuis des sous-marins de la marine américaine. Deux bombes anti-bunker auraient toutefois aussi été larguées sur l'usine de Natanz. D'autres sites sensibles, comme le réacteur à eau lourde d'Arak ou le centre de recherches nucléaires de Téhéran, n'ont en revanche pas été visés.
Comment les Etats-Unis ont-ils justifié leur attaque ?
Depuis le début de l'opération israélienne en Iran, Donald Trump soufflait le chaud et le froid sur une possible intervention des Etats-Unis. Mercredi 19 juin, le dirigeant avait indiqué laisser "deux semaines" à l'Iran avant de décider d'une éventuelle mesure militaire. Le délai aura finalement été drastiquement raccourci. "Je peux annoncer au monde que ces frappes ont été un succès militaire spectaculaire", s'est félicité Donald Trump lors de son allocution. Le républicain a répété que sa décision avait permis de mettre hors d'état les installations iraniennes.
"Notre objectif était de détruire la capacité d’enrichissement nucléaire de l’Iran et de mettre fin à la menace nucléaire que représente le premier Etat au monde qui soutient le terrorisme", a développé le président américain. Donald Trump a salué l'action du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. "Nous avons travaillé en équipe, comme aucune équipe n’avait peut-être jamais travaillé auparavant et nous avons fait un long chemin pour éliminer cette horrible menace qui pesait sur Israël", a-t-il souligné.
Quelle est la réaction de l'Iran ?
Après les attaques américaines sur plusieurs de ses sites liés au programme nucléaire du pays, l'Iran a menacé les Etats-Unis de représailles. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a évoqué des "événements scandaleux [qui] auront des conséquences éternelles" et un "comportement extrêmement dangereux, anarchique et criminel" de la part des Etats-Unis. "L'Iran se réserve toutes les options pour défendre sa souveraineté, ses intérêts et son peuple", a-t-il poursuivi.
Un des risques qui courent pour l'armée américaine est le ciblage par Téhéran de ses troupes en poste au Moyen-Orient, par exemple dans des bases aux Émirats arabes unis, au Qatar ou à Bahreïn. Des menaces dans ce sens avaient été proférées par l'Iran et ces alliés ces derniers jours en cas d'intervention de Washington dans le conflit qui l'oppose à Israël. L'armée américaine a déjà repositionné plusieurs de ses avions au Moyen-Orient pour prévenir toute riposte iranienne. La présence dans la région de deux porte-avions américains, l'un actuellement sur place, l'autre en route, seront également des avantages stratégiques importants.
Quelles sont les conséquences sur l'ensemble de la région ?
De nombreux pays du Proche ou du Moyen-Orient ont fait part de leurs inquiétudes après les frappes américaines. L'Arabie saoudite "suit avec une grande préoccupation les développements en République islamique d'Iran, avec le ciblage des installations nucléaires iraniennes par les Etats-Unis", a ainsi précisé la diplomatie du pays. Il y a encore un mois, Donald Trump parachevait une tournée au Moyen-Orient, conclue par l'obtention de contrats XXL avec plusieurs pétromonarchies, dont l'Arabie saoudite.
Oman, qui avait tenté une médiation entre Washington et Téhéran lors des dernières négociations sur le nucléaire iranien, a de son côté appelé à une "désescalade immédiate" face à "cette agression illégale". Même appel de la part de l'Irak, pays frontalier de l'Iran encore marqué par plusieurs guerres sanglantes. "Les solutions militaires ne peuvent se substituer au dialogue et à la diplomatie", a pointé le porte-parole du gouvernement irakien, Bassem Alawadi. Alliés des gardiens de la Révolution, les rebelles Houthis du Yémen ont eux affirmé que l'opération américaine en Iran constituait "une déclaration de guerre" contre son peuple.
Sur le plan économique, l'incertitude règne. Pour le moment, malgré une hausse des prix d'environ 10 %, les exportations de pétrole n'ont été que peu affectées par le conflit entre Israël et l'Iran. Mais après l'intervention américaine, la perspective d'un hypothétique embrasement régional pourrait faire encore plus bondir le cours de l'or noir, en particulier venu de la République islamique. Comme relevé par le New York Times, la Chine pourrait être la grande perdante d'un tel cas de figure. Pékin achète en effet un tiers de l'ensemble du pétrole provenant du golfe Persique.