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Trafic d'influence au profit de LVMH: l'heure du jugement pour l'ex-patron du renseignement Bernard Squarcini

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La décision doit être annoncée à partir de 10H00.

L'ancien chef de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, devenue depuis DGSI) a comparu en novembre aux côtés de neuf autres personnes, parmi lesquelles figuraient le préfet Pierre Lieutaud, l'ancien magistrat de la cour d'appel de Paris Laurent Marcadier ou encore des policiers et consultants en intelligence économique.

Celui qui est surnommé "le Squale", aujourd'hui âgé de 69 ans, était lui-même jugé pour onze infractions, allant du trafic d'influence passif au détournement de fonds publics, en passant par la compromission du secret de la défense nationale, le faux en écriture publique ou encore la complicité de violation du secret professionnel.

Il est soupçonné d'avoir usé de ses connexions dans les mondes de la police et du renseignement, le tout au profit d'intérêts privés et en particulier pour le milliardaire Bernard Arnault.

Ce dernier a d'ailleurs témoigné à la barre, contraint de venir au tribunal après avoir été cité à comparaître par les avocats de l'ancien journaliste et désormais député François Ruffin (ex-LFI, qui siège désormais dans le groupe écologiste), partie civile dans ce dossier à tiroirs.

Lors du procès, le représentant du ministère public a requis quatre ans d'emprisonnement avec sursis et 300.000 euros d'amende à l'égard de M. Squarcini, un "haut fonctionnaire émérite" coupable selon lui de "faits extrêmement graves".

Il a aussi demandé à son encontre cinq ans d'interdiction professionnelle avec exécution provisoire, c'est à dire s'appliquant immédiatement même en cas d'appel, et cinq ans d'interdiction de toute fonction publique.
Surveillance de Ruffin
Contre les neuf autres prévenus, le procureur a réclamé des peines allant de quatre mois à deux ans de prison avec sursis, assorties selon les cas d'amendes allant jusqu'à 100.000 euros.

Selon l'accusation, M. Squarcini a indûment missionné des agents de la DCRI en 2008 afin de débusquer un homme qui voulait faire chanter Bernard Arnault, mais aussi obtenu des informations couvertes par le secret auprès de policiers, notamment sur l'affaire Cahuzac, sur une plainte d'Hermès contre Vuitton et sur l'assassinat de l'avocat corse Antoine Sollacaro. Ou encore fait appel à ses connaissances pour faciliter des procédures de passeports et visas.

Il est aussi soupçonné d'avoir réalisé, avec quatre de ses coprévenus, une rocambolesque opération de surveillance de François Ruffin et du journal Fakir, entre 2013 et 2016, pour le compte de LVMH. M. Squarcini venait de se reconvertir dans le privé.

A l'époque, celui qui était journaliste tournait le film "Merci patron !" et prévoyait d'interpeller Bernard Arnault lors des assemblées générales du groupe de luxe.

Devant le tribunal, le milliardaire a assuré n'avoir été "absolument pas au courant" et a accusé M. Ruffin "d'instrumentaliser" le procès, celui-ci n'ayant eu de cesse de déplorer que le groupe de luxe ait pu conclure, en 2021, une convention judiciaire d'intérêt public de 10 millions d'euros pour éviter les poursuites.

Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe.

Me Marie-Alix Canu-Bernard, conseil de M. Squarcini avec Me Patrick Maisonneuve, a dénoncé une "absence singulière d'impartialité" dans la conduite des investigations par les juges d'instruction, ainsi qu'une "absence de contradictoire" et de "loyauté". Son confrère a lui estimé qu'il n'avait "pas démérité tout au long de sa vie" au service de la France.

Les avocats de plusieurs autres prévenus ont aussi fait valoir les carrières "irréprochables" de leurs clients.