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Mort de journalistes à Homs: l'enquête étendue aux crimes contre l'humanité

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Le 17 décembre, le Pnat a décidé d'élargir l'information judiciaire contre X en cours, a appris mardi l'AFP de source proche du dossier.

Le Pnat a confirmé à l'AFP avoir saisi la juge d'instruction pour qu'elle enquête sur "de nouveaux faits qualifiés de crimes contre l'humanité" et en particulier sur l'"exécution d'un plan concerté, à l'encontre d'un groupe de population civile parmi lesquels les journalistes, activistes et défenseurs des droits de l'Homme, dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique".

Sont visés "l'atteinte volontaire à la vie" avec les décès de Rémi Ochlik et Marie Colvin, "la persécution" d'un groupe de population - en l'espèce Rémi Ochlik, Marie Colvin, le photographe britannique Paul Conroy, la reporter française Edith Bouvier et le traducteur syrien Wael Omar - et "les autres actes inhumains" perpétrés sur Edith Bouvier.

"Ces récents développements sont extrêmement novateurs et ouvrent la voie à la caractérisation de crimes contre l'humanité dans un certain nombre de procédures concernant des journalistes opérant en zone de conflits armés", a estimé Matthieu Bagard, l'un des conseils d'Edith Bouvier.

L'avocat a, avec sa consoeur Marie Dosé, fait des observations à la juge d'instruction, expliquant pourquoi, à leurs yeux, un réquisitoire supplétif devait être pris par le Pnat. La juge a transmis au Pnat, qui a suivi.

"Il faut saluer la position du Pnat. A notre connaissance, on n'a pas de précédent en France. C'est une grande avancée pour les reporters de guerre", a souligné Marie Dosé.
"Volonté de nous cibler"
Retour sur les événements en Syrie: le 21 février 2012, des journalistes occidentaux, qui viennent d'entrer dans Homs assiégée par les troupes de Bachar al-Assad, se retrouvent dans une maison transformée en centre de presse du quartier de Bab Amr, un bastion de la rébellion de l'Armée syrienne libre (ASL).

Au petit matin, ils sont réveillés par des détonations et comprennent que le quartier est visé par les troupes du régime.

Lorsque leur bâtiment essuie les premiers tirs, ils se décident à en sortir. Les deux premiers à franchir la porte, Marie Colvin et Rémi Ochlik, sont tués par un obus de mortier. A l'intérieur, les autres sont projetés par le souffle de l'explosion.

Edith Bouvier, 31 ans, est grièvement blessée à la jambe. Elle sera exfiltrée vers le Liban puis rapatriée en France.

A Paris, le parquet ouvre une enquête pour les victimes françaises dès mars 2012. Des investigations pour meurtre sur Rémi Ochlik sont lancées, et pour tentative de meurtre sur Edith Bouvier.

En octobre 2014, l'enquête est élargie à des faits de crimes de guerre (atteintes à la vie et à l'intégrité physique, attaque délibérée contre la population civile qui ne prend pas part directement aux hostilités, participation à une entente en vue de commettre ces crimes). En 2016, les victimes étrangères ou leurs proches se constituent parties civiles.

"Nous n'étions pas au mauvais endroit au mauvais moment, il y avait une volonté de nous cibler" en tant que "témoins des violences militaires du régime" et dissuader d'autres journalistes de venir, a fait valoir Edith Bouvier en janvier 2013, selon son audition citée dans les observations de ses avocats dont l'AFP a eu connaissance.

D'après ces mêmes observations, en mars 2016, un ancien officier des forces gouvernementales syriennes déclarait aussi, sous couvert d'anonymat: "Il faut savoir que l'objectif principal du régime était de frapper les journalistes car c'était eux qui témoignaient de la réalité de la situation".

Même constat pour les enquêteurs de l'Office central pour la répression des violences aux personnes. Dans un rapport de juin 2019 dont l'AFP a eu connaissance, ils écrivent que le bâtiment où se trouvaient les journalistes était "la cible du régime de Bachar al-Assad".