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Fukushima: Tepco relève le défi du retrait des réservoirs d'eau traitée pour stocker les débris radioactifs

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"Aujourd'hui, il n'y a plus de terrain (libre) à Fukushima Daiichi", a affirmé jeudi à l'AFP Naoki Maeshiro, chef de projet pour l'opérateur Tokyo Electric Power Company (Tepco), en charge de l'exploitation de réservoirs d'eau.

Tepco doit trouver un endroit pour stocker environ 880 tonnes de débris radioactifs qui sont encore à l'intérieur des réacteurs accidentés de la centrale de Fukushima Daiichi (nord-est).

Trois des six réacteurs de l'installation fonctionnaient lorsque le raz-de-marée a frappé la centrale le 11 mars 2011, faisant fondre les systèmes de refroidissement.

Depuis lors, Tepco conserve quelque 1,3 million de tonnes d'eau - de pluie, souterraine et de mer - sur le site, ainsi que de l'eau nécessaire au refroidissement des réacteurs.

Cette eau traitée à l'aide du système ALPS ("Système avancé de traitement des liquides") pour la débarrasser de ses substances radioactives, reste entreposée dans plus d'un millier de réservoirs qui occupent l'essentiel du site.

Dans la zone "J9", les imposants monstres d'acier se dressent derrière les employés en plein travail, obstruant la vue sur le reste de la centrale.

"Pour procéder aux étapes suivantes, comme la récupération des débris de combustible, nous avons besoin d'espace", ajoute M. Maeshiro.

Le démantèlement des réservoirs est devenu possible avec le début du rejet de l'eau dans l'océan Pacifique en août 2023. Le Japon et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) assurent que cette eau ne nuit pas à l'environnement.
Libérer la zone pour les débris radioactifs
L'entreprise a abattu d'autres contenants d'eau par le passé, mais se débarrasser de ceux-ci en particulier - des réservoirs soudés - est considéré comme une étape essentielle à l'avancée du projet général de démantèlement.

Une fois cet espace libéré, en mars 2026 selon les estimations de Tepco, l'opérateur prévoit de construire des lieux de stockage pour les déchets radioactifs - particulièrement dangereux - qui doivent être extraits des réacteurs.

"Tant que les débris de combustible restent dans leur état actuel, les risques demeurent très élevés", explique à l'AFP Nobuhide Sato, spécialiste des risques chez Tepco.

Pour se faire, l'opérateur a mis en place un appareil télescopique capable de collecter les débris à distance, afin de garantir la sécurité des opérations et empêcher toute fuite de matière radioactive.

Tepco a reproduit le dispositif utilisé dans les réacteurs accidentés à l'intérieur du réacteur n°5, à l'arrêt au moment de la catastrophe, auquel l'AFP a eu accès.

Avant d'entrer dans cette zone sous haute surveillance, les employés de la centrale enfilent un masque, un casque de protection, une combinaison intégrale blanche et trois paires de gants et de chaussettes, radiations obligent.

Muni d'une lampe de poche, M. Sato s'arrête au niveau d'un orifice d'environ 60 cm de diamètre foré dans la structure protégeant le cœur du réacteur.

C'est à l'intérieur de ce trou que l'appareil télescopique développé par Tepco va s'étendre sur plusieurs mètres, jusqu'à atteindre les débris radioactifs gisant dans le réacteur.

Le mécanisme de l'appareil ressemble à celui d'une machine à pinces des salles d'arcades japonaises: à l'aide d'une griffe attachée à son extrémité, le "bras saisit les débris, les soulève et les récupère", explique M. Sato.
"Rassurer les résidents"
Début novembre, l'opérateur avait annoncé l'extraction réussie d'un échantillon de débris pesant 0,7 gramme, envoyé dans un laboratoire proche de Tokyo.

Selon Tepco, l'analyse doit permettre de déterminer les niveaux de radioactivité et la structure chimique des débris de combustible, un élément-clé pour la préparation du long et colossal processus de démantèlement global de la centrale.

"En fonction des données recueillies, nous verrons s'il est préférable d'utiliser de l'eau pour collecter (les débris de combustible) dans le réacteur ou de le faire dans un état sec", explique M. Sato.

L'employé de Tepco s'engouffre alors dans le socle du réacteur, là où les travailleurs de la centrale passent au maximum deux heures par jour en raison des niveaux de radiation.

"Si nous pouvons récupérer correctement les débris de combustible et les stocker de manière sécurisée, cela contribuera grandement à rassurer les résidents environnants", ajoute Nobuhide Sato.

Un deuxième prélèvement d'échantillons nucléaires est prévu entre "mars et avril" selon Tepco, qui permettra d'obtenir assez d'informations sur leur composition pour passer à l'étape suivante: une extraction à plus grande échelle des débris radioactifs à l'horizon 2030.

Le projet global de démantèlement doit durer entre trente et quarante ans, selon l'opérateur.