L'ex-escroc à la taxe carbone Arnaud Mimran menacé d'un procès pour deux meurtres et une complicité d'assassinat
Le parquet de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris a requis vendredi son renvoi devant la cour d'assises pour quatre faits criminels, a-t-il indiqué à l'AFP.
Joint par l'AFP, l'avocat de M. Mimran n'était pas en mesure de réagir dans l'immédiat.
Arnaud Mimran, 53 ans, en détention provisoire, est soupçonné d'avoir commandité l'assassinat de son ancien beau-père, le milliardaire Claude Dray, et d'avoir fourni pour cela à "son ou ses exécutants des informations et des moyens indispensables" à sa réalisation.
Claudre Dray, une "personnalité de la communauté juive parisienne ayant fait fortune dans l'immobilier a été tuée par arme à feu dans sa chambre à coucher de l'hôtel particulier" où il habitait à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), dans la nuit du 24 au 25 octobre 2011, précise le parquet.
Arnaud Mimran est aussi soupçonné des meurtres en bande organisée de Samy Souied, autre figure de l'escroquerie à la taxe carbone, et d'Albert Taieb.
"Samy Souied, une des figures majeures de la célèbre escroquerie dite à la taxe carbone, a été assassiné de plusieurs balles, porte Maillot, à Paris, par deux individus montés sur un scooter", le 14 septembre 2010, rappelle le ministère public.
Albert Taieb, lui, "a été tué à coups de couteau par deux individus dans le 17e arrondissement de Paris alors qu'il raccompagnait à son domicile Cyril Mouly, dont il était en quelque sorte l'homme à tout faire", en 2014.
"Minutieusement préparés"
"Ces trois homicides, qui apparaissaient minutieusement préparés, ont fait l'objet d'enquêtes confiées à la Brigade criminelle de Paris d'abord à l'occasion de procédures distinctes", puis ont été regroupées, relate le parquet.
Les derniers faits reprochés portent sur la tentative de meurtre de Cyril Mouly, également en 2014, cousin de Marco Mouly, condamné dans l'affaire de la fraude à la taxe carbone.
Entre janvier et avril 2014, des hommes sont entrés "dans la cage d'escalier de l'immeuble de la victime pour l'y attendre et s'en prendre à elle avec un couteau", détaille le parquet.
La victime, Cyril Mouly, "était parvenue à prendre la fuite à la vue de ses agresseurs", ajoute-t-il.
Arnaud Mimran a été mis en examen pour ces faits à partir d'avril 2021.
Le parquet demande en revanche un non-lieu concernant deux hommes qui avaient été mis en examen pour le meurtre en bande organisée de Samy Souied. Un procès est requis néanmoins à l'encontre de l'un des deux pour acquisition et détention d'armes de catégorie B, à savoir un pistolet semi-automatique et son chargeur, un revolver et des munitions, a-t-il précisé.
Il revient désormais au juge d'instruction chargé de ce dossier d'ordonner ou non un procès aux assises.
Ancien "golden boy", Arnaud Mimran a accumulé les ennuis judiciaires depuis sa condamnation en 2016 dans l'affaire liée à "l'escroquerie du siècle" sur le marché des quotas d'émissions de CO2 en 2008-2009.
En décembre 2022, il a été condamné en appel à treize ans de réclusion criminelle pour la séquestration d'un financier suisse en vue de son extorsion.
Il a en revanche été relaxé en mai 2024 par la cour d'appel de Paris dans une affaire de corruption à la prison de Fresnes (Val-de-Marne).
Par ailleurs, Mediapart avait affirmé en septembre 2023 que son journaliste Fabrice Arfi, qui a enquêté sur le sujet, avait été visé par des menaces de mort proférées par M. Mimran depuis sa cellule.
Deux magistrats instructeurs auraient également été ciblés.
D'après le site d'investigation, M. Mimran aurait évoqué des "plaisanteries" ou une volonté de "faire rire" lorsqu'il a été interrogé sur ces menaces, interceptées par des écoutes de la Brigade criminelle.