États-Unis : Trump relance la guerre commerciale sur l’acier
C’est la matérialisation d’un risque politique annoncé. Le président Trump a signé le 10 février, un décret instaurant des droits de douane de 25 % sur toutes les importations d’acier et d’aluminium quelle que soit leur provenance. Touchés, les Européens promettent des mesures de représailles. La guerre commerciale sur l’acier est relancée. Revue de détail dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
Le président américain Donald Trump a signé, lundi 10 février, un décret instaurant des droits de douane de 25 % sur toutes les importations d’acier et d’aluminium.
Pour l’administration américaine, cette mesure vise à relancer la production nationale et à protéger l’emploi aux États-Unis. « Nous avons été matraqués à la fois par nos amis et nos ennemis. Il est temps que nos grandes industries reviennent en Amérique », a justifié le président. Ces nouveaux tarifs douaniers doivent entrer en vigueur le 12 mars.
Dès le lendemain, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dénoncé une décision « injustifiée » et promis une riposte. « Ces droits de douane ne resteront pas sans réponse. L’UE prendra des contre-mesures fermes et proportionnées », a-t-elle déclaré, affirmant la volonté de Bruxelles de défendre ses travailleurs, ses entreprises et ses consommateurs. Elle est toutefois restée vague sur la nature et le calendrier des mesures de rétorsion.
Des incertitudes persistent
L’incertitude demeure également sur l’application exacte des taxes américaines. « Le gouvernement américain n’a pas encore précisé les modalités de ces droits de douane, ce qui entretient une incertitude sur leur portée », a indiqué mardi 11 février un porte-parole de la Commission européenne. Le commissaire au Commerce, Maros Sefcovic, prévoit de s’entretenir avec le représentant au Commerce américain une fois les détails pleinement confirmés.
De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a assuré que l’UE « répliquerait comme lors du premier mandat de Donald Trump », en référence aux taxes à l’importation imposées en 2018 par le milliardaire sur l’acier (25 %) et l’aluminium (10 %). À l’époque, les Européens avaient répondu avec des surtaxes sur des produits américains comme les Harley-Davidson, le jus d’orange ou encore le bourbon.
Après l’élection de Joe Biden, une trêve avait été conclue entre Washington et Bruxelles, puis reconduite à plusieurs reprises, sans que soit trouvée une solution durable. Le dernier accord avait permis de suspendre les droits de douane européens jusqu’au 31 mars 2025 et les quotas américains jusqu’au 31 décembre de la même année. Sans nouvel arrangement, les surtaxes européennes reprendront automatiquement le 1er avril 2025 et les sanctions américaines le 1er janvier 2026.
Impact économique pour l’Europe
Les conséquences de cette nouvelle escalade commerciale pourraient être considérables pour l’économie européenne.
« L’UE pourrait perdre jusqu’à 3,7 millions de tonnes d’exportations d’acier vers les États-Unis. Ce marché représente 16 % des exportations totales d’acier de l’UE en 2024, et cette perte ne pourra être compensée par d’autres débouchés », alerte Eurofer, l’association européenne de l’industrie sidérurgique, dans un communiqué.
Au-delà des pertes directes, les professionnels du secteur redoutent un afflux massif d’acier sur le marché européen, conséquence du redéploiement des exportations étrangères.
« Aujourd’hui déjà, les surcapacités mondiales pèsent lourdement sur un marché européen vulnérable, avec des importations à bas prix venues d’Asie, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Rien qu’en 2024, l’UE a dû fermer 9 millions de tonnes de capacités de production, entraînant plus de 18 000 suppressions d’emplois. Le décret du président Trump ne fera qu’exacerber cette crise », prévient Eurofer.
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