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Ouverture du procès de l'auteur de l'attentat de la basilique de Nice

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L'audience doit débuter à 10H00 devant la cour composée uniquement de magistrats professionnels.

Le jeune Tunisien comparaît pour assassinats et tentatives d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste. Il encourt une peine de réclusion criminelle à perpétuité.

Le matin du 29 octobre, armé d'un couteau de cuisine, il avait quasiment décapité Nadine Vincent, une fidèle de 60 ans, blessé de 24 coups de couteau une mère de famille franco-brésilienne, Simone Barreto Silva, 44 ans, qui avait réussi à s'enfuir avant de succomber et égorgé le sacristain Vincent Loquès, 55 ans, père de deux filles.

Contrairement aux autres grands procès liés à des affaires de terrorisme, l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice notamment, le procès de Brahim Aouissaoui ne se tiendra pas dans la salle des "grands procès" du palais de justice, qui doit être démontée début mars, mais dans une autre salle de cour d'assises.

Grièvement blessé par des policiers après son attentat, Brahim Aouissaoui soutient qu'il ne se souvient de rien.

Son examen médical n'a cependant révélé aucune lésion cérébrale et l'expertise psychiatrique a conclu à l'absence d'altération ou d'abolition de son discernement au moment des faits.

Surtout, les écoutes de ses conversations téléphoniques en prison ont démontré, selon l'accusation, "que sa prétendue amnésie était pour le moins très exagérée".

Des avocats de parties civiles, une trentaine enregistrés à l'ouverture de l'audience, ont dénoncé une "amnésie fictive", voire "une supercherie" de l'accusé dont, selon Me Philippe Soussi, avocat notamment du mari d'une victime et de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT), "la radicalisation est ancienne et profonde".

"Après plus de quatre ans de détention à l'isolement total, la question qui va se poser à l'ouverture de l'audience sera celle de son état de santé mentale actuel, de sa capacité à comprendre les charges qui pèsent contre lui, et donc de sa capacité à pouvoir se défendre comme tout accusé a le droit de le faire", a fait valoir son avocat Martin Méchin.

Pour le parquet antiterroriste, "de nombreux éléments laissent penser qu'au moment de quitter la Tunisie (...), il avait déjà l'intention de commettre un attentat en France", comme "sa radicalisation avérée et sa fréquentation d'individus impliqués dans des dossiers terroristes" en Tunisie.
"Haine" contre la France
Par ailleurs, "l'exploitation de son téléphone et de son compte Facebook établissent qu'il continuait à consulter des sites islamistes" ; qu'il s'était intéressé à la décapitation du professeur Samuel Paty le 16 octobre 2020 ; "qu'il avait connaissance des menaces proférées contre la France par des médias proches d'Al-Qaïda et qu'il éprouvait manifestement une haine" contre la France, qualifié de "pays des mécréants et des chiens", a développé le magistrat instructeur.

Sans expliciter "dans ses messages ses intentions exactes, il laissait entendre qu'il avait un projet et conseillait à certains de ses contacts d'effacer leurs discussions", a noté le magistrat, soulignant "sa volonté déterminée de se rendre en France".

La veille au soir de l'attentat, dans un message audio, Brahim Aouissaoui avait expliqué à un compatriote résidant en région parisienne qu'il ne pouvait pas se rendre à Paris, faute d'argent, mais disait-il : "J'ai un autre programme dans ma tête. Que Dieu le facilite".

L'interrogatoire de Brahim Aouissaoui sur les faits aura lieu le 24 février.

L'attentat de la basilique de Nice a été le troisième acte d'un automne particulièrement sanglant après la republication par Charlie Hebdo de caricatures du prophète Mahomet, le 2 septembre 2020, jour de l'ouverture du procès des attentats du 7 janvier 2015.

Avant l'attentat commis par Brahim Aouissaoui, le 25 septembre, un Pakistanais - condamné récemment à 30 ans de réclusion - avait blessé au hachoir deux personnes devant les anciens locaux de Charlie Hebdo à Paris. Le 16 octobre, un jeune Tchétchène avait décapité le professeur Samuel Paty dans les Yvelines.

Quatre jours avant que le jeune Tunisien passe à l'action, un média proche d'Al-Qaïda appelait les musulmans à "égorger" des Français, notamment dans "leurs églises".

Le procès est prévu jusqu'au 26 février.