Après le Covid-19, le niveau des élèves continue de baisser aux Etats-Unis
Mais "le résultat le plus inquiétant", c'est le creusement des inégalités scolaires, a estimé Peggy Carr, la patronne de l'agence statistique du ministère fédéral de l'Education qui publie ces chiffres, le NCES.
"Le fossé entre les élèves les mieux et les moins performants s'accentue" et, en maths au collège, "ce fossé est le plus important" depuis que ces tests ont commencé à être menés, en 1992.
A l'école primaire, si on observe un léger rebond en 2024 après un point bas en 2022, les niveaux de mathématiques ne remontent pas à ceux de 2019, à part pour les meilleurs 10% des élèves. Les moins bons 10% des élèves poursuivent, eux, une chute importante.
La baisse est encore plus forte pour les collégiens, qui ont subi le "chaos total" des fermetures de classes liées au Covid-19, a ajouté Peggy Carr lors d'une conférence de presse.
En 2020, la pandémie a renvoyé la majorité des élèves américains chez eux pour de longs mois, une mesure devenue un champ de bataille politique qui a eu un effet dévastateur sur l'acquisition des connaissances.
Cette baisse de niveau des élèves a été constatée à travers le monde à la suite des confinements sanitaires.
Problème d'écrans ?
Aux Etats-Unis, la lecture a souffert davantage que les maths. La part de collégiens qui ne réussissent pas un test de référence en lecture n'a jamais été aussi importante depuis le début de ces tests.
Là encore, la chute est particulièrement marquée pour les moins bons élèves, relèvent ces chiffres du programme d'Evaluation nationale des progrès éducatifs (NAEP).
Un seul Etat sur 50, la Louisiane, affiche de meilleures performances en lecture pour les élèves du primaire qu'avant la pandémie.
Cette baisse de niveau continue en lecture "suggère que nous faisons face à des défis qui ne peuvent pas être entièrement expliqués par l'impact du Covid-19", écrit dans un communiqué Daniel McGrath, responsable au NCES.
Si ce programme n'a pas pour but d'établir les causes des changements observés, "il est évident que nous devons étudier ce que les réseaux sociaux et une enfance passée de plus en plus devant les écrans font aux habitudes et aux compétences de lecture", a souligné Martin West, membre du NAEP et professeur d'éducation à Harvard.
Il a ajouté, lors de la conférence de presse, que les écrans pourraient être "quelque chose qui provoque à la fois une baisse pour le bas (des élèves) et, en même temps, favoriser les élèves du haut du spectre, car les écrans peuvent être très enrichissants si vous savez bien les utiliser".
Ces tests conduits tous les deux ans ont été menés, au début 2024, sur quelque 235.000 élèves de primaire (en 4e année d'école aux Etats-Unis, autour de 9 ans) et 230.000 collégiens (8e année d'école, vers 13 ans) dans l'ensemble du pays.
La fermeture des écoles durant la pandémie avait donné lieu à des débats politiques acrimonieux aux Etats-Unis, entre démocrates plutôt partisans de l'enseignement à distance et républicains bataillant contre nombre de ces mesures sanitaires.
"On peut établir un lien entre ces mauvais chiffres et le fait que l'administration Biden-Harris s'est entendue avec les syndicats de professeurs pour maintenir les écoles fermées, bien après que les responsables de santé publique ont déclaré que les écoles pouvaient rouvrir", a dénoncé dans un communiqué le sénateur républicain Bill Cassidy, président de la commission chargée notamment de l'éducation.