Le Parlement arabe condamne les ingérences européennes dans les affaires algériennes
Issu de la Ligue arabe, le Parlement arabe a vivement condamné le 25 janvier «une ingérence flagrante et inacceptable» du Parlement européen dans les affaires internes de l’Algérie, exprimant sa «pleine solidarité» avec les autorités algériennes, après la publication d’une résolution européenne demandant la libération de l'écrivain franco-algérien, Boualem Sansal, détenu depuis la mi-novembre à Alger.
Dans un communiqué de presse, le Parlement arabe a appelé son homologue européen à «respecter les décisions de la justice algérienne» et à «cesser immédiatement de tels agissements qui constituent une violation flagrante de tous les instruments internationaux», insistant sur la nécessité du «respect de la souveraineté des États et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures».
L’Algérie «est un pays régi par des lois et des institutions constitutionnelles jouissant d'une indépendance de décision», souligne le communiqué, mettant l’accent sur la capacité des autorités judiciaires algériennes «à fournir toutes les garanties nécessaires pour protéger les libertés, les droits de l'Homme et la liberté d'expression de chaque citoyen algérien».
«Les députés du Parlement européen sont restés inactifs et les yeux fermés alors que les droits de l'Homme étaient violés en Palestine et que le peuple palestinien subissait un génocide aux yeux du monde entier», fustige le Parlement arabe, estimant que l’institution européenne était mal placée pour «donner des leçons» en matière d'application de la loi et de protection des libertés.
Le 23 janvier, les élus européens ont voté une résolution qui «condamne l'arrestation et la détention de Boualem Sansal et réclame sa libération immédiate et inconditionnelle». L’arrestation de l’écrivain algérien, naturalisé français en 2024, a envenimé les relations déjà houleuses entre Alger et Paris dans un énième épisode de tensions dans la crise diplomatique entre les deux pays.
Crise diplomatique entre Alger et Paris
À l’origine de cette crise : la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental le 30 juillet dernier, suivie par la décision de l’Algérie de retirer «avec effet immédiat» son ambassadeur en France. À l'automne, le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune, réélu en septembre, a catégoriquement rejeté l’idée d’une visite en France, plusieurs fois reportée auparavant.
Les dirigeants des deux pays multiplient depuis les joutes verbales et les accusations réciproques dans un contexte de plus en plus tendu, marqué récemment par l’affaire Boualem Sansal mais aussi par l’expulsion ratée d’un influenceur algérien par la France et la remise en cause par Paris d’un accord sur l’immigration algérienne datant de 1968.
La crise a touché également le domaine sécuritaire, Alger accusant en décembre les renseignements français de «tentatives de déstabilisation», et semble s’étendre par ailleurs vers le commerce bilatéral, la France déplorant dernièrement un marché algérien «quasi, voire complètement fermé» au blé français.
Avec la récente résolution du Parlement européen suivie par le rappel à l’ordre du Parlement arabe, la crise diplomatique entre l’Algérie et la France semble franchir un nouveau pallier qui dépasse désormais les tensions strictement bilatérales entre les deux pays en impliquant leurs environnements régionaux respectifs.