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Olivier Derivière mène la musique de jeu vidéo à la baguette

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Une partition d'un côté, une manette de l'autre, il peaufine devant son ordinateur dernier cri la bande musicale de "South of Midnight", prochain jeu d'aventure du studio canadien Compulsion Games prévu pour le 8 avril.

"C'est (m)a plus grosse production", raconte Olivier Derivière, 46 ans, en diffusant plusieurs chansons aux sonorités empruntées au "Deep South" américain, alors que plus d'une centaine de sessions d'enregistrement, partagées entre Nashville aux États-Unis, Abbey Road à Londres et son studio en banlieue parisienne, ont été nécessaires pour composer sept heures de musique.

Dès son enfance niçoise, ce fils d'un gérant de société et d'une cheffe de cœur a grandi "dans un monde musical". "À 5 ans, je découvrais U2 et les Pink Floyd grâce à mon père, quand mes copains écoutaient des chansons françaises", se souvient-il.

C'est aussi à cette époque qu'il se découvre une autre passion: les jeux vidéo.
"Modèle"
"Le jour où on m'a montré le Commodore 64 (une console sortie en 1982, NDLR) bouger un pixel, ça a été la révolution dans mon cerveau", confie le compositeur, qui apprend à programmer pour écrire de la musique avec la machine.

Bac scientifique en poche, Olivier Derivière enchaîne plusieurs cursus "chaotiques" dans l'informatique et la musique, avant de s'envoler pour Boston, à la faveur d'une bourse pour étudier au Berklee College of Music.

Il y fréquente l'Orchestre symphonique de Boston et se lie d'amitié avec John Williams, l'homme derrière les B.O. de nombreux films de Steven Spielberg ou de la saga Star Wars, qui devient rapidement son "modèle" et lui enseigne la patience.

De retour en France au début des années 2000, il se lance dans la musique de jeu avec "Obscure" (2004), développé par un petit studio du nord de la France.

Depuis, il a œuvré sur plus d'une vingtaine de titres, essentiellement pour des studios français comme Asobo ("A Plague Tale"), Don't Nod ("Remember Me") ou Ubisoft ("Assassin's Creed").

"J'ai commencé dans une toute petite pièce. Un ordinateur, deux enceintes et c'était tout", rembobine Olivier Derivière avec un sourire, désormais courtisé par des studios internationaux.

Dans son studio de 300 m2 qui emploie six personnes, cet amateur de batterie se faufile de cabines d'enregistrement en salles de montage pour suivre l'avancée de ses différents projets, dont certains encore gardés secrets, une paire de baguettes entre les doigts.

Il s'autorise tout de même quelques parties du jeu de tennis "Top Spin", dans une pièce qui regorge de consoles, récentes comme anciennes.
"Expérience unique"
"J'ai toujours joué, je n'ai jamais arrêté", rapporte le compositeur.

Pour lui, réaliser une musique se divise en 2 parties: créer une partition, puis l'intégrer au jeu en fonction des interactions du joueur.

Un travail d'adaptation normalement effectué par les concepteurs musicaux.

"Moi, je fais les deux", explique-t-il. "Comme je joue aux jeux vidéo, je comprends ce langage et c'est un atout".

Pour "South of Midnight", il a porté une attention particulière aux actions effectuées par l'héroïne Hazel, illustrées à l'oreille par un chœur de jeunes filles, ainsi qu'à l'évolution des chansons liées aux immenses créatures qui peuplent son univers.

"Si on compare au cinéma ou au théâtre, ce que propose le jeu vidéo en termes de proposition artistique, c'est gigantesque", s'enthousiasme-t-il.

Ce qui ne l'a pas empêché de faire un pas de côté en composant la musique du film "Gueules Noires" (2023) et celle d'un épisode de la série "Star Wars: Visions".

Mais pas de quoi le détourner longtemps de "l'expérience unique" qu'offre le jeu vidéo.

"Je pense qu'il faut s'émanciper de ces réflexes qu'on aurait de regarder le cinéma, le grand frère, en se disant: on va faire pareil", poursuit-il. "On doit apporter aux joueurs des expériences nouvelles."