Universités: bas les voiles!
Bruno Retailleau aimerait enfin interdire le voile à l’université et lors des sorties scolaires. Sa proposition mérite d’être discutée, même si elle n’a politiquement aucune chance d’aboutir dans l’immédiat.
Le Ministre de l’Intérieur voudrait que le Parlement interdise le voile à l’université et lors des sorties scolaires, ce qui n’est pas franchement d’actualité. Le gouvernement n’a pas non plus l’intention de se saisir de cette patate brûlante. Les présidents d’universités sont contre. Et la gauche médiatico-insoumise crie à l’islamophobie, accusation dont elle devrait avoir la pudeur de s’abstenir quand on sait qu’elle peut tuer. Cette interdiction n’arrivera donc évidemment pas. Mais l’idée de M. Retailleau concerne un débat essentiel auquel on essaie tout le temps d’échapper.
Dans un monde paisible ou normal, où les mœurs françaises règneraient, où l’islam, comme toutes les cultures minoritaires, accepterait de s’adapter à la culture majoritaire, et de se cantonner à la sphère religieuse, je m’opposerais aux propositions de Bruno Retailleau.
L’argument invoqué pour interdire le voile à l’école – laisser les jeunes consciences faire l’apprentissage de la liberté – est en effet réversible pour les étudiants adultes à l’université.
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Concernant les mères voilées, qui veulent participer à la vie de l’école, il est toujours préférable de ne pas blesser les individus (on peut très bien dénoncer l’immigration sans rejeter les immigrés). Et même s’agissant du voile islamique pour lequel j’ai assez peu de sympathie, mon premier réflexe serait de n’interdire qu’avec la main qui tremble.
Pourquoi faudrait-il faire une exception ? Emmanuel Macron dirait que « nous sommes en guerre »… Disons que nous sommes confrontés à l’expansion d’un islam identitaire, politique et radical qui entend contrôler la société musulmane mais aussi changer la France. Selon Bruno Retailleau, interrogé dans Le Parisien, les Frères musulmans ont une stratégie de conquête lente, visant à s’infiltrer dans tous les secteurs: cultuels, culturels, sportifs, sociaux et municipaux. Or, le voile, donc les jeunes filles, est une arme privilégiée de cette conquête. Un moyen de nous tester.
Et il faut toujours rappeler que le voile reste un signe de la soumission de la femme, de l’assujettissement des Iraniennes et l’uniforme de nos ennemis – ces djihadistes qui nous attaquent et qui ont par exemple tué l’équipe de Charlie Hebdo. Le voile peut aussi être une façon d’afficher son rejet des « kouffars ».
Certes, pour beaucoup de musulmans, c’est simplement une affaire religieuse. Sans doute, mais comment distinguer le voile religieux du voile politique, le voile français du voile djihadiste?
La France a collectivement le droit de fixer des limites, de décider quelles sont les différences acceptables et celles qui ne le sont pas. La burqa a bien été interdite, par exemple. Pendant que nous ergotons, tortillons et droit-de-l’hommisons, les Frères musulmans savent retourner notre tolérance contre nous et progressent. J’ai envie de dire à mes compatriotes musulmanes qui aiment leur pays que Paris vaut bien un foulard.
Mais, puisqu’il n’y a pas de majorité (ni dans le pays, ni à l’Assemblée nationale) pour étendre l’interdiction, je m’incline. Mais je revendique le droit de proclamer que je n’aime pas le hijab sans être traitée de raciste.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin
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