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Mozambique: veille de Noël sous tension à Maputo

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Après une nuit de violences et plus de deux mois de manifestations depuis le scrutin présidentiel du 9 octobre, Maputo reste figée dans un climat d'insécurité en cette veille de Noël.

Les principales routes menant à Maputo et à la grande ville voisine de Matola restent bloquées par des barricades et des pneus qui brûlent, dégageant d'âcres panaches noirs, et celle menant à l'aéroport de Maputo restait largement impraticable, a constaté l'AFP.

Quelques dizaines de manifestants se sont groupés vers l'entrée principale de l'aéroport international, et ont mis le feu à des containers à proximité, refoulant les journalistes qui tentaient de s'approcher.

La police, en véhicules blindés, patrouille le centre-ville, où des centaines de manifestants, répartis en petits groupes épars, sont revenus dans l'après-midi, provoquant les forces de l'ordre avec des jets d'objets ou en initiant des incendies.

Des barrages sur les grands axes, composés de rondins et de blocs de pierre, brûlent, recouvrant la capitale d'épaisses fumées.

De nombreuses boutiques, banques, supermarchés, stations-essence et bâtiments publics ont été mis à sac la veille, leurs vitrines brisées et leurs contenus pillés, ou incendiés, présentant de sinistres décombres au petit matin.

"L'hôpital central de Maputo fonctionne dans des conditions critiques, plus de 200 salariés n'ont pas pu se rendre sur le site", a affirmé à l'AFP Mouzinho Saide, son directeur, précisant avoir reçu près de 90 blessés, "dont 40 par armes à feu et quatre à l'arme blanche".

La plupart des riverains restent chez eux, les rares à s'aventurer dehors contemplent les dégâts ou tentent de faire des emplettes urgentes.

Impossible d'acheter à manger, même les petites épiceries de quartier ont fermé alors que d'ordinaire, les derniers préparatifs joyeux de Noël animent le centre.

Les transports publics sont paralysés. Seuls les véhicules funéraires et les ambulances circulent.

Après l'"inquiétude" manifestée par Washington concernant le manque de transparence autour des résultats de la présidentielle, c'est au tour de l'Union européenne mardi de faire part de son "extrême inquiétude face aux violences post-électorales".

Elle a appelé "toutes les parties à la retenue et à s'abstenir de toute action pouvant exacerber davantage les tensions", par la voix d'un porte-parole de la diplomatie européenne pour le Mozambique, Anouar El Anouni, cité dans un communiqué.
"Humiliation du peuple"
Des véhicules, des commissariats ou postes de péage sur les routes, ont aussi été vandalisés dans la partie septentrionale du pays, selon les médias locaux, où l'opposition est forte.

La contestation post-électorale sans précédent a déjà fait plus d'une centaine de morts et le principal opposant Venancio Mondlane, 50 ans, qui revendique la victoire, a appelé à durcir le mouvement.

Les Mozambicains réclament "la vérité électorale", a-t-il répété. "Nous devons continuer le combat, rester unis et forts".

Malgré les irrégularités soulevées par nombre d'observateurs lors du scrutin présidentiel, le Conseil constitutionnel a confirmé lundi l'élection de Daniel Chapo, candidat du Frelimo, à la présidence avec 65,17% des voix.

Moins que les 71% des suffrages annoncés par la commission électorale en octobre. A l'Assemblée nationale, le parti conserve néanmoins une large majorité de 171 sièges sur 250.

"Venancio", comme l'appelle la rue, ne désarme pas, accusant mardi, dans un nouveau message sur les réseaux sociaux, le Conseil constitutionnel de "légaliser la fraude" et "l'humiliation du peuple".

"Nous voulons créer une Cour constitutionnelle populaire, qui consacrera Venancio Mondlane comme président, je serai assermenté et investi" par celle-ci, a-t-il ajouté.

Albino Forquilha, président du parti parti d'opposition Podemos qui soutient "Venancio", a dénoncé devant la presse "le manque de transparence, d'intégrité et de professionalisme" de la plus haute cour du pays, inféodée selon lui au pouvoir.

Daniel Chapo, ancien gouverneur provincial qui doit prendre ses fonctions à la tête de l'Etat mi-janvier, a promis lundi de "continuer à parler à tout le monde", y compris avec le premier opposant.