Après Magdebourg : la force du réel
Après le terrible attentat en Allemagne du 20 décembre, on a assisté à l’obfuscation habituelle de la part des médias et et des politiques dont la majorité refuse de reconnaître que la plupart des actes terroristes ont quelque chose à voir avec l’islam. Il ne s’agit nullement de tenir tous les musulmans pour responsables de ces actes mais de prendre la mesure d’un facteur important dans la fracture identitaire que connaît notre société. Tribune de Charles Rojzman.
La polémique autour du terroriste de Magdebourg illustre une nouvelle fois les débats qui fracturent notre société et le décalage entre une majorité de la population européenne et des minorités politiques et médiatiques: était-il islamiste ? Islamophobe ? Musulman chiite pratiquant la dissimulation, cette désormais fameuse taqîya? Apostat de l’islam ? Ces discussions masquent une réalité pourtant évidente, mais que beaucoup refusent de regarder en face.
Qui, aujourd’hui, commet majoritairement les attentats terroristes en Europe ? Qui menace, agresse, blesse ou tue avec des armes blanches dans nos rues ? Qui constitue une part disproportionnée des populations carcérales ? Qui remplit les centres éducatifs renforcés ? Qui s’attaque régulièrement aux forces de l’ordre, aux pompiers, aux personnels soignants, aux enseignants et aux fonctionnaires municipaux ? Qui tire des mortiers d’artifice ou lance des cocktails Molotov sur des commissariats ? Qui force des élèves juifs à quitter les écoles publiques, obligeant des synagogues à se barricader pour éviter des agressions ?
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Qui menace des personnalités publiques au point de nécessiter une protection policière constante ? Qui vandalise ou incendie des églises, mais jamais des mosquées ? Qui envahit l’espace public pour prier dans la rue, qui défie ostensiblement les principes de laïcité ? Qui impose aux enseignants une autocensure par la peur, jusqu’à commettre des atrocités comme l’assassinat de Samuel Paty ? Qui alimente le trafic de drogue et domine les réseaux de dealers ? Quels religieux exercent une pression croissante sur les institutions publiques et revendiquent des atteintes flagrantes à la neutralité républicaine ? Pourquoi les traditions culturelles chrétiennes, autrefois omniprésentes dans nos mairies et espaces publics, sont-elles peu à peu abandonnées ? Qui fomente des rixes sanglantes, armés de barres de fer et de machettes ? Qui sont ces jeunes, de plus en plus nombreux, qui estiment que les lois religieuses priment sur celles de la République ? Enfin, qui porte aujourd’hui un antisémitisme virulent, souvent banalisé ?
Pourtant, ceux qui osent poser ces questions ou exprimer une inquiétude sont immédiatement étiquetés comme racistes, voire accusés de sympathies pour l’extrême droite. L’unique reproche adressé à cette dernière est d’ailleurs son hostilité envers une population majoritairement musulmane, perçue comme porteuse de ces maux. Cette situation est intenable : les citoyens inquiets pour la cohésion nationale sont réduits au silence ou marginalisés, alors que, dans le même temps, les faits qu’ils dénoncent continuent de se multiplier.
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Ce climat explique largement la montée en puissance du Rassemblement National et la fragmentation de la société française en blocs antagonistes qui ne dialoguent plus. Une fracture culturelle et identitaire s’installe durablement. Elle alimente des tensions où chacun se replie sur ses peurs et ses ressentiments. La République vacille sous le poids de ces divisions.
Il ne s’agit pas de désigner des boucs émissaires et de généraliser à toute une population les crimes d’une importante minorité , mais d’identifier clairement les causes de cette désagrégation et de les traiter à la racine.
Il est temps de cesser de détourner les yeux et de regarder cette réalité en face, avec lucidité mais aussi avec responsabilité. Il ne s’agit pas de désigner des boucs émissaires et de généraliser à toute une population les crimes d’une importante minorité , mais d’identifier clairement les causes de cette désagrégation et de les traiter à la racine. Des actions résolues ne peuvent être mises en place de façon durable que si le réel est reconnu. Cela exige aussi de reconnaître que nous avons affaire à des êtres humains, quel que soit leur bord politique, idéologique ou religieux. Mes amis musulmans savent de quoi je parle. La tâche est immense, mais c’est le seul chemin pour éviter que la société française ne sombre davantage dans le chaos et la guerre communautaire qui ne peuvent être désormais exclus.
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