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Acheter un bateau d’occasion de plus de 20 ans : une bonne affaire ?

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C’est peut-être dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, mais l’adage s’applique-t-il à la plaisance ? L’achat d’un bateau âgé est souvent synonyme d’une bonne aff aire fi nancière, mais les risques de voir les frais de remise en état augmenter sont importants. Alors faut-il craquer pour une vieille occasion ? Réponses… Photos de l'auteur

Sommaire :

Il ne faut pas se leurrer… Les bateaux à moins de 10 000 € sont rares et lorsqu’ils sont présents sur le marché de l’occasion, il s’agit souvent de modèles âgés. Il est toutefois difficile de faire des généralités, car une occasion peut avoir connu un ou plusieurs propriétaires, elle peut avoir été hivernée sous hangar ou au contraire au ponton, elle peut avoir subi des modifications importantes plus ou moins bien réalisées, etc. Bref, il existe presque autant de situations que de modèles sur le parc nautique français. Mais, contrairement aux automobiles où les occasions de plus de vingt ans se font rares, notamment en raison de leur incapacité à réussir l’examen du contrôle technique, les bateaux comptant autant de printemps sont assez communs. [caption id="attachment_192624" align="aligncenter" width="500"] "Tous les bateaux ont une valeur, même les plus âgés." comme le souligne Jean-Michel Viant © DR[/caption]

Un modèle très âgé en parfait état est illusoire

Une rapide balade sur les pontons le confirme… On y trouve sans difficulté des modèles qui permettent de remonter le temps, parfois nés avant sa propre naissance ! Entre les agressions naturelles propres au milieu marin (sel, UV, etc.) et les petits accrocs du temps (vieillissement du gel-coat, chocs, rayures, décoloration de la sellerie, etc.), il est normal qu’une occasion de cet âge n’ait pas l’air d’un jeune premier. Trouver un modèle en parfait état sur le plan esthétique revient à chercher la perle rare. Pour autant, une occasion âgée n’est pas forcément à fuir. Il faut juste s’entourer des bonnes personnes, à commencer par un expert maritime. Celui-ci pourra déceler d’éventuels problèmes invisibles pour l’acheteur et ensuite savoir si le prix de vente de l’occasion convoitée est juste ou pas. L’expert pourra également donner une estimation du montant des travaux à entreprendre. Car si l’achat d’une occasion âgée est souvent synonyme de bonne opération commerciale, il faut prendre en compte le coût des rénovations, d’autant que l’absence de pièces de rechange peut vite faire monter la facture. Dans ce cas, c’est un passage obligé par une fabrication à l’identique et donc sur mesure, avec le surcoût qui s’ensuit. D’où l’intérêt de demander un devis avant de finaliser la vente. Il faut enfin savoir que la plupart des assurances demandent un rapport d’expertise pour les unités de plus de dix ans. [caption id="attachment_192623" align="aligncenter" width="500"] Trois postes principaux sont à distinguer avant d'acheter : la carène, le moteur et les équipements © DR[/caption]

Il est difficile de connaître l’historique

Pour un bateau âgé, connaître l’historique tient de la gageure, car de nombreux propriétaires se sont succédé (sauf dans le cas rare d’une première main). L’avis d’un expert est d’autant plus important que les éléments à surveiller ne sont pas forcément identiques entre un bateau de 5 ans, de 10 ans ou de 15 ans. Par exemple, au bout de cinq ans, un modèle a dû corriger ses défauts de jeunesse, comme les premières traces de moisissures sur des coussins, des inox qui rouillent, etc. Ces cinq premières années sont souvent déterminantes pour l’avenir du bateau, car ce sont elles qui caractériseront son état pour celles à venir. À 10 ans, c’est le moment de procéder à un check-up complet des éléments sensibles comme les vannes ou les passe-coques. On parle ici d’opérations plus complètes (et plus complexes) que le simple entretien annuel (vidange, changement des filtres, nettoyage, etc.). Il convient de se concentrer également sur les fonds, les réservoirs… Enfin, pour les unités de 15 ans et plus, il est préférable de mettre de côté l’esthétique pour examiner l’essentiel. Par exemple, le jaunissement d’un gel-coat est sans retour – même avec des polishs exceptionnels ! Idem pour rayures rarement rattrapables. En revanche, il faut vérifier les points sensibles, durites, réservoirs, assemblage du pont et de la coque, structure du tableau arrière, etc. Du côté des prix, tout est possible, puisque les équipements et surtout le moteur peuvent changer la donne. « Un bateau d’occasion de plus de 20 ans peut se vendre cher si l’équipement est neuf, si la coque a été remotorisée, explique Jean-Michel Viant, expert maritime. Mais le point crucial reste le moteur, car une coque se répare facilement. Un moteur se change. Il faut également demander le carnet d’entretien ou, à défaut, les factures d’hivernage. » Pour conclure, acheter une occasion âgée n’est pas impossible, ni déconseillée, mais il convient de prendre encore plus de précautions que pour une occasion récente, surtout en raison des réparations qui peuvent survenir sur des organes importants, comme le moteur si ce dernier est toujours d’origine. Passer par un vendeur professionnel est aussi le gage d’avoir une occasion en bon état et garantie

OUVRIR L’OEIL ET LE BON :

  • Quels sont les éléments à vérifier ?

    [caption id="attachment_192621" align="aligncenter" width="500"] 20 ans : Quels sont les éléments à vérifier © DR[/caption]
Trois postes principaux sont à distinguer : la carène, le moteur et les équipements. Pour la coque, à l’extérieur, il s’agit principalement de vérifi er l’état du gel-coat sur les oeuvres mortes, qui peut être faïencé, terni, rayé… Ce type de défaut est normal au regard de l’âge et pas rédhibitoire. À l’intérieur, l’examen doit être plus poussé, car il ne s’agit plus d’esthétique, mais bien de la structure même du bateau. Il est donc nécessaire de rechercher des fissures au niveau du varangage et du tableau arrière. Si ce type de problème apparaît, il est recommandé de renoncer à l’achat. [caption id="attachment_192620" align="aligncenter" width="500"] Sur un bateau de plus de 20 ans, le moteur, s’il est d’origine, sera à changer dans la plupart des cas, surtout s’il s’agit d’un deux temps. © DR[/caption] Les anciennes carènes des années 1980 ou 1990, voire 2000, peuvent présenter des bulles d’osmose, mais il ne faut pas forcément fuir une occasion si c’est le cas. Il est possible de faire l’impasse sur un traitement, si l’étendue de l’osmose n’est pas trop importante. Depuis, les résines ont évolué et, avec elles, les risques d’osmose ont diminué. Sur le moteur, il est conseillé d’être vigilant si ce dernier est d’origine. Sur des modèles de ces âges, la remotorisation doit être envisagée dans presque tous les cas, car un moteur neuf ne coûtera pas forcément plus cher qu’une grosse remise en état. En plus du moteur, il n’est pas recommandé de faire l’impasse sur les périphériques (échangeurs, collecteurs, pompes, inverseurs, coudes, etc.), souvent plus sollicités que le moteur lui même. Quant à l’équipement, il concerne la sécurité, le confort (sellerie, vaigrages, etc.), l’électronique, l’accastillage. La corrosion peut être présente, mais elle n’est pas problématique tant qu’elle ne touche pas des éléments assurant la sécurité du bord, à l’exemple des taquets, qui, en cas de rupture, peuvent conduire à la perte du bateau. [caption id="attachment_192619" align="aligncenter" width="500"] L’état de l’équipement peut donner une idée de la façon dont le bateau a été entretenu. © DR[/caption] En matière d’équipements, il convient de lister les postes dans l’ordre d’importance, comme un guindeau qui sera coûteux à changer. L’électronique est rapidement obsolète et rares sont les modèles à être réparables en cas de panne. Leur valeur est donc nulle au bout de cinq ans. Enfin, il ne faut pas oublier les réservoirs à carburant et à eau, mais aussi leurs périphériques d’alimentation (durites, raccords, colliers, etc.).

DU CÔTÉ DE LA COTE :

  • Comment estimer une occasion âgée ?

[caption id="attachment_192617" align="aligncenter" width="500"] Certains bateaux ne peuvent être estimés à l’aide de la cote, comme les modèles de collection. © DR[/caption] Connaître la valeur d’un bateau avant l’achat est intéressant pour se faire une idée du prix de vente, mais aussi pour la communiquer à son assurance une fois l’achat réalisé. Cette estimation sert également à répondre à de nombreuses questions. La valeur affichée est-elle raisonnable ? Un prix trop bas est-il suspect ? L’Argus du Bateau.fr pourra établir une valeur. Il faut cependant garder à l’esprit que les données communiquées par ce site ne tiennent pas compte de l’équipement, de l’état général, du moteur s’il est d’origine, etc. Cette valeur devra donc être affinée avec un expert maritime. C’est d’ailleurs la solution la plus sûre et la plus précise pour estimer un bateau. Les petites annonces de modèles similaires peuvent également donner une idée de la valeur, mais elles ne correspondent pas à des prix de vente. Il est donc nécessaire de minorer – parfois de beaucoup quand il s’agit d’un particulier – pour tomber juste au niveau de l’estimation. [caption id="attachment_192616" align="aligncenter" width="500"] Comparer les prix des petites annonces des bateaux de grande série permet d’avoir une première idée du prix de vente. © DR[/caption] Les annonces des professionnels sont plus réalistes, car ils possèdent une vision globale du marché de l’occasion. D’ailleurs, ces derniers sont à même d’estimer un bateau, surtout au regard de l’état du secteur qu’ils connaissent bien. Et si ce professionnel est un représentant de la marque du bateau à vendre, il pourra encore mieux affiner le prix au regard de son historique, du volume des ventes, etc. Comme le rappelle Jean-Michel Viant, expert maritime : « Tous les bateaux ont une valeur, même les plus âgés. Elle est parfois symbolique et n’a rien à voir avec celles relevées dans L’Argus du Bateau.fr. Mais il faut savoir que, après dix ans, un bateau n’est plus coté officiellement, sa valeur tient essentiellement compte de son entretien et du renouvellement de son matériel. Quoi qu’il en soit, un bateau trop cher ne se vendra pas. Autant être au bon prix dès le départ ! »

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