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Vendée Globe. Un trio de tête dans le Pacifique

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Yoann Richomme a pris la tête de la course cette nuit, profitant de conditions météorologiques qui ont favorisé son retour aux avant-postes. Le Pacifique devrait se jouer à trois en tête, tandis que les poursuivants se regroupent, évoluant dans un autre système météo. La situation devrait rester stable jusqu’au passage du Cap Horn.

Ils ne sont désormais plus que 36 bateaux en course après les abandons de Pip Hare et Szabolcs Weöres hier. Le reste de la flotte en termine presque avec l’océan Indien, où une grande partie franchit aujourd’hui le cap Leeuwin, avec Jean Le Cam en tête de ce groupe.

Antoine Cornic (Human Immobilier, 33e) a craint de voir lui aussi son rêve s’arrêter un peu trop tôt, avec ses tourments de rail de grand-voile arraché, l’obligeant à une mission de réparation quasi impossible. Mais il l’a fait, traversant même l’Océan Indien du Sud vers le Nord pour rallier l’Île de Saint-Paul, à l’abri duquel il a rondement mené son incroyable chantier. A quelques centaines de mètres des falaises de basalte coiffées de lichen, il a mené son ascension au mât pour fixer un nouveau rail découpé et fixé avec les moyens du bord…

Reparti en course, il nous racontait dans la nuit, la voix marquée par son épreuve :  » C’était très chaud là-haut, j’ai le corps mâché, j’ai mal partout, mais voilà on est repartis. On a passé la nuit sous trois ris et J3, il y avait 40 nœuds donc bon, c’était pas très très grave… et là ce matin j’ai remis deux ris et J2. Il y a 33, 34 nœuds, et la réparation tient, donc c’est une très bonne nouvelle pour le moment, je suis plutôt heureux. Fatigué mais heureux, j’embrasse la mer pour vous ! »

« C’est que du bonheur d’être ici ! »
Qu’elles font du bien à recevoir ces petites victoires et ces grandes joies, qui sont tout aussi impressionnantes que les performances de la tête de flotte, parce qu’elles sont toutes le fait d’armes de quelqu’un ! Et c’est d’ailleurs la même joie qu’on ressent en voyant la jeune Violette Dorange (Devenir, 26e) qui, à 23 ans, poursuit d’un pas assuré sa folle aventure iodée. Pour la benjamine de la course, obligée de démonter durant sept heures sa colonne de winch pour trouver la source de ses problèmes, certains jours dans l’Océan Indien ont été plus durs que d’autres, mais elle garde son inaltérable joie d’être là où elle est :  » Physiquement, il y a des moments où j’ai mal aux bras de partout, je suis très courbaturée, mais c’est pas grave, tout va bien. Ce qui m’aide à ne rien lâcher, c’est de me dire que j’ai une chance incroyable d’être ici ! Il y a des petits moments difficiles, mais c’est rien comparé au fait que je me sens trop bien sur mon bateau. Je me sens libre, je me sens en accord avec mon bateau parce que je commence à l’appréhender de mieux en mieux, et c’est que du bonheur d’être ici ! »

Bien sûr qu’ils serrent les dents souvent, qu’ils nous envoient des selfies flous parfois, parce qu’eux-mêmes ne savent plus franchement y voir clair dans l’océan de leurs petites frustrations quotidiennes. Mais ils gardent l’énergie d’avancer, on ne sait trop comment. Et quand bientôt, mais pas trop tôt, ils seront de retour parmi nous pour nous raconter « en vrai » leurs aventure, on sait bien déjà qu’ils n’en garderont que le positif, et n’auront bientôt qu’une hâte : repartir au bout du monde, et surtout au bout d’eux-mêmes.