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Musique et parentalité: source d'inspiration ou de discrimination ?

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"T'es mon Amérique, t'es mon cinéma (...) Avant toi, je n'existais presque pas", chante Clara Luciani dans "Tout pour moi", morceau phare de son nouvel opus "Mon sang", qui a pour fil rouge la naissance de son premier enfant.

Chez les nouveaux pères aussi, l'arrivée d'un bambin transpire dans leurs projets récents: Julien Doré se marre avec sa reprise de la comptine "Ah les crocodiles", Hatik s'affiche en pleine sieste avec son nourrisson sur la pochette de son album, "+1".

Plus exposée à l'ère des réseaux sociaux, parfois outil de communication - telle Rihanna arborant son +baby bump+ - la parentalité est depuis longtemps source d'inspiration. Elle a donné des ballades culte telles que "Morgane de toi" de Renaud (1983).

Plus récemment, Vianney ("Beau-papa, 2020) ou Louane ("Secret", 2022) ont mis leurs émotions parentales en musique.

"On en parle comme on chroniquerait autre chose de notre vie", estimait Clara Luciani lors d'une interview à l'AFP en novembre, rappelant avoir dédié des morceaux à plusieurs de ses proches.

Fonder une famille, "c'est un thème important et ça fait souvent des belles chansons", confie de son côté Hatik, dont la femme, Leila AD, est elle-même chanteuse. Le rappeur, qui a évolué vers la chanson pop, reconnaît d'ailleurs sans détour que "+1" ne parle "que de ça".
"Blacklistée"
Au-delà des textes, concilier vie de parents et carrière d'artistes au rythme trépidant vire souvent au casse-tête. Et ce sont là encore les femmes qui achoppent davantage sur la problématique, de la grossesse à la maternité.

"Ce qui est dur dans ce métier, c'est le rythme de la promo (...) sauf que j'ai trois enfants, deux belles-filles: c'est une organisation. Pour une femme c'est encore plus dur de faire ce métier", estimait la chanteuse Vitaa fin novembre sur Franceinfo.

"Quand on a plus de moyens, on peut faire en sorte que toute la tournée soit organisée, qu'il y ait le budget, que le tour bus soit adapté. Mais pour les musiciennes indépendantes, ce n'est pas du tout le cas", relève Domitie de Lamberterie, artiste (Mythie) qui explore avec son podcast "Sisters of sound" la place des femmes dans l'industrie musicale.

Pour son dernier épisode, "Musicienne ou maman ?", elle a interrogé une vingtaine de musiciennes et chanteuses, dont les témoignages reflètent "les freins" voire "les discriminations" frappant les artistes à la notoriété relative.

Pour celles qui souhaitent avoir un enfant, le projet paraît "incompatible" en particulier si elles sont membres d'un groupe, et non leader, explique-t-elle.

"C'est mal vu. Parfois, c'est pris comme une trahison: on n'est pas assez professionnelle. Tu as fait le choix d'avoir des enfants, du coup tu vas être +blacklistée+. Tu vas sortir du milieu", déplore Mythie. "Le tabou, c'est faire passer la vie perso avant la vie pro: en musique, ça ne se fait pas !"

Certains groupes se montrent toutefois plus compréhensifs, tout comme des pères peuvent être des alliés. Mais le plus souvent, "on prend le risque de perdre son intermittence parce qu'on va perdre des contrats qu'on ne récupérera jamais", insiste-t-elle.

Par ce podcast ou des ateliers - comme celui animé récemment par l'association Les Femmes s'en mêlent - la parole se libère. D'autres initiatives sont à creuser pour faire bouger les lignes, selon Mythie, comme proposer des modes de garde pendant une résidence ou développer les aides à la garde d'enfants.

Pour sa part, à 41 ans et après de nombreux succès, Vitaa a indiqué sur Franceinfo qu'elle envisageait de changer de rythme et se mettre "en recul" prochainement, privilégiant l'écriture pour d'autres.